’est la douche froide pour les caves coopératives qui doivent renouveler leur contrat de fourniture d’électricité. Chez Castelbarry à Montpeyroux, dans l'Hérault, Bernard Pallisé, le directeur général, est effaré. Son contrat arrive à échéance le 1er novembre. « EDF Entreprises nous annonce des hausses de 200 à 500 % du prix du mégawattheure suivant la durée du contrat. Pis, ces tarifs ne sont valables que pour une courte durée. Avec la guerre en Ukraine, on s’attendait à des augmentations. Mais nous n’avions rien imaginé de tel. »
Bernard Pallisé s’est livré à un rapide calcul. Résultat, la facture d’électricité de sa cave passerait de 30 à 90 000 € environ. « C’est impensable, enchaîne-t-il. Nous ne pourrons pas répercuter cette hausse sur nos prix de vente. » D’autant qu’elle vient s’ajouter à la flambée des prix des matières sèches que la coop subit depuis le début de l’année. « Tous ces surcoûts nous mettent en péril », s’inquiète-t-il.
Le directeur envisage bien quelques économies en décalant les mises en bouteilles aux heures creuses par exemple. Mais elles n’auront qu’un impact très limité. Car durant les vendanges, impossible d’en faire. « C’est la période où nous consommons le plus d’énergie, indique Bernard Pallisé. Nous avons besoin de froid pour maintenir les cuves à température, à plus forte raison les années chaudes comme cette année. »
Même coup de tonnerre chez Marrenon, l’union de caves coopératives située à La Tour d’Aigues, dans le Vaucluse, qui produit 15 millions de cols par an et dont le contrat arrive à terme le 31 décembre prochain. « EDF nous a remis plusieurs propositions dont certaines avec une multiplication par 4 du coût du mégawattheure, s’indigne Philippe Tolleret, le directeur général. Pour cette entreprise qui paie aujourd’hui 100 000 € d’électricité par an, cette hausse n’est pas supportable. « Nous naviguons à vue, commente Philippe Tolleret. Nous attendons que le gouvernement prenne la mesure du problème et édicte des règles. »
À Vacqueyras, toujours dans le Vaucluse, le groupe coopératif Rhonéa n’a pas encore le couteau sous la gorge, mais se prépare au pire. « Nous faisons l’état des lieux de nos contrats, indique Pascal Duconget, directeur général. Nous dépensons beaucoup d’énergie pour produire nos muscats et nos rosés. Si les prix continuent de grimper, nous serons contraints d’arrêter des sites de production. »
Face à ces difficultés, la fédération des caves coopératives d’Occitanie tente de venir en aide à ses membres. « De nombreux contrats doivent être reconduits cette année, indique Jean-Marc Hamon, conseiller environnement et énergie. Nous mettons en place une offre d’achat groupé en passant par un courtier en énergie. Nous procéderons de même l’an prochain. En tout, une trentaine de caves sont engagées. »
Castelbarry est dans la démarche. « Nous espérons bénéficier de tarifs plus avantageux », commente Bernard Pallisé. Quoi qu’il en soit, le temps presse. Il doit renégocier son contrat avant le 31 octobre. EDF l’a prévenu : après cette date, sa coopérative ne pourra plus bénéficier du dispositif ARENH qui donne accès à des prix régulés sur une partie de la facture.
En juillet l’an dernier, 31 caves coopératives sur les 39 que compte le Var ont signé un contrat de groupe de fourniture d’électricité avec EDF pour trois ans. « Nous avions été alertés du risque de hausse des prix. Nous avons pris les devants », indique Marjorie Piquet, chargée de mission au sein de la fédération des caves coopératives. Ce contrat garantit à chaque coopérative un prix fixe sur un volume convenu à l’avance. Au-delà de ce seuil, le prix est variable. Un moindre mal par les temps qui courent.