bondante, mais pas pléthorique. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la vendange 2022 en Bourgogne. « J’ai dépassé le rendement dans certaines appellations, par contre je n’ai jamais dépassé le rendement butoir», rapporte Frédéric Gueguen, vigneron sur 36 hectares à Chablis (89), au lendemain de ses vendanges. « Je pense faire un peu de VCI sur certaines appellations, plutôt des chablis village. Ce sont en général des vignes d’une trentaine d’années, ni trop vieilles, ni trop jeunes. À l’inverse, j’ai des vignes en AOC Bourgogne, âgées de 5-6 ans, qui ont plus souffert du sec. Ça s’est répercuté sur les volumes. »
200 km plus au sud, dans le vignoble du Mâconnais, la situation est similaire. « Dans l’été, il y a deux mois, on était dans l’hypothèse de récolter des volumes exceptionnels», se souvient Michel Barraud, président des Vignerons des Terres Secrètes, à Prissé (71). « Mais dans la pratique, la sécheresse nous a pénalisée sur les volumes. La récolte est bonne, on s’approche des rendements autorisés, mais peu d’exploitations ont réalisé des rendements très importants. On fait un peu de VCI [Volume complémentaire individuel], mais pas autant que ce qu’on le souhaitait. » Dans cette coopérative, essentiellement productrice de chardonnays d’appellation, rares sont les parcelles qui ont dépassé le plafond du rendement butoir, comme l’autorisait cette année l’administration pour les AOP blanches de Bourgogne.
Ici aussi, l’hétérogénéité saute au yeux. « Tous les secteurs en coteaux ont souffert, ainsi que les jeunes vignes », tandis que « des vignes bien alimentées, en mâcon village ou bourgogne blanc, ont atteint des rendements de 75, voire 80 hl/ha », avec « un potentiel qualité parfois largement supérieur à des vignes qui ont souffert de la sécheresse, grâce notamment à des équilibres sucre/acidité parfaits. » Et Michel Barraud de conclure que « la mesure de déplafonnement était bonne, car dans ces cas il aurait été dommage de distiller ».
Lors de sa conférence de presse de rentrée, mercredi 22 septembre, le BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) a annoncé des « volumes inespérés » et « des vignerons qui manifestent largement leur plaisir », dans l’attente de chiffres officiels. Son président, Laurent Delaunay, a également souligné « l’extrême hétérogénéité des rendements d’un village à l’autre », plaidant au passage pour que «les mécanismes de réserve au cas par cas se développent dans les années à venir. On ne peut plus avoir une gestion du potentiel de production uniforme dans toute la région. »