ien qu’attendus, ces chiffres sont un petit événement. Pour la première fois depuis plusieurs années, les vins de Bourgogne sont en retrait sur certains marchés. En grande distribution, « les ventes ont chuté de 25,2 % en volume et 16,7 % en chiffre d’affaires sur les huit premiers mois 2021/2022 », indique Laurent Delaunay, vice-président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) en conférence de presse ce 22 septembre. Un phénomène très remarqué dans un vignoble qui, jusqu’ici « faisait figure d’exception dans une tendance de déconsommation nationale. Nous étions à la fois la région qui vendait le plus, et le plus cher ». La tendance est similaire à l’export, avec un ralentissement « de 10,6 % en volume, mais une augmentation de 12,6 % en valeur », après « trois années absolument records ». Exception notable : la restauration, « qui se porte extrêmement bien pour nos vins ». Les chiffres du négoce annoncent «+53 % en volume sur les 8 premiers mois de 2022 » par rapport à moyenne des années précédentes.
Ce retournement de situation paraît logique pour plusieurs raisons. La plus importante : les volumes disponibles. « Les stocks à la propriété sont au plus bas, à environ 14 mois de vente », s’inquiète le propriétaire de la maison Édouard Delaunay. Le petit millésime 2021 y est pour beaucoup, avec une production désormais estimée à 997 000 hectolitres, de 30 % inférieure à la moyenne des 5 dernières campagnes. Dans le même temps, la demande a explosé, et « les opérateurs ont déstocké au maximum de millésimes antérieurs à 2021 pour décevoir le moins possible les clients ». Concrètement, « les sorties bouteilles de 2021-2022 ont augmenté de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale ».


Le phénomène s’accompagne d’une « augmentation mécanique des prix », dans un contexte de crise économique. « Malgré les efforts des États pour soutenir le pouvoir d’achat, les consommateurs ont fait des choix. Cela se traduit dans leur comportement d’achat, notamment pour nos vins. »
Laurent Delaunay estime « qu’il nous faudra au moins deux années pour retrouver un équilibre et repartir en conquête des marchés. » À ce titre, « le millésime 2022, qui s’annonce plus généreux, arrive à point nommé pour redonner du souffle à la Bourgogne ».