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Les vins du Médoc veulent goûter à quatre nouveaux cépages
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Venus du Sud et du passé
Les vins du Médoc veulent goûter à quatre nouveaux cépages

Le syndicat viticole médocain demande l’inscription de quatre variétés dans son cahier des charges pour étudier de potentielles adaptations au changement climatique. Un projet collectif qui résonne avec les essais menés depuis 2014 au sein du château La Tour Carnet.
Par Alexandre Abellan Le 04 février 2021
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ace au changement climatique et à la demande de vins moins alcoolisés, est-ce que l’arinarnoa, le castet, le marselan et le touriga nacional deviendront les nouveaux cabernet sauvignon et merlot du vignoble médocain ? « On voit que le climat évolue. Est-ce que les cépages doivent évoluer ? On ne peut pas dire de quoi sera fait l’avenir » esquisse prudemment le viticulteur Sébastien Couthures, qui préside la commission technique du syndicat viticole des AOC Médoc, Haut-Médoc et Listrac-Médoc. Organisant 10 sessions de dégustation de nouveaux cépages auprès de 108 vignerons ce début février, l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) ne donne pas de réponses à ses adhérents, mais leur ouvre la boîte à outil des adaptations viticoles au changement climatique.

En décembre 2020, le conseil d’administration de l’ODG a validé la demande d’inscription à son cahier de charges de quatre Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA). Déjà autorisés à titre expérimental dans l’AOC Bordeaux, ces cépages demandés sont l’arinarnoa (croisement de tannat et de cabernet sauvignon), le marselan (croisement de grenache et de cabernet sauvignon), le castet (cépage oublié de Bordeaux) et le touriga nacional (variété portugaise). Cette proposition doit être étudiée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), avec une validation d’ici 12 à 18 mois espère Hélène Larrieu, la directrice de l’ODG.

Susciter les expérimentations

Présentant à la maison des vins de Pauillac de premiers échantillons de ces vins de nouveaux cépages, le syndicat viticole espère démontrer leurs potentiels et susciter des vocations d’expérimentateurs parmi ses adhérents. D’autant que les essais de VIFA en AOC imposent un cadre spécifique : une durée de 10 années renouvelable, une limitation à 5 % des surfaces viticoles, un suivi technique poussé, des vinifications/élevages séparés et une proportion de vin dans l’assemblage AOC limité à 10 %.

Si ces contraintes administratives peuvent limiter les candidatures, ce recrutement peut s’appuyer sur les premières cuvées réalisées avec ces nouveaux cépages sur le terroir médocain. Ayant plusieurs coups d’avance, le château La Tour Carnet (190 hectares de grand cru classé en 1855, groupe Bernard Magrez) a commencé à planter des cépages exotiques pour le Médoc dès 2014. Avec une collection de 77 cépages (gamay, nero d’avola, pinot noir, syrah, tempranillo…), « je dois être le seul directeur de château du Médoc à ne pas savoir les cépages qu’il a planté » plaisante Alix Combes, qui gère le plus vaste cru classé de la rive gauche.

Nous ne sommes pas un vignoble expérimental

Grâce à cette antériorité, le château La Tour Carnet a fourni des cuvées d’arinornoa, de marselan et de touriga nacional aux dégustations de l’ODG. Aucune bouteille de castets n’a pu être présentée, les 190 pieds plantés étant trop peu productifs sur les deux derniers millésimes (une question de taille trop courte pourrait être en cause, avance Hélène Larrieu). Rapportant que l’arinornoa est très tannique et que le marselan est particulièrement aisé à conduire, Alix Combes souligne que le touriga nacional présente l’avantage d’un faible degré alcoolique. Un manque de maturité pouvant signifier un intéressant potentiel d’adaptation.

Présentant ces premiers résultats, « nous ne sommes pas un vignoble expérimental » précise Alix Combes, qui souligne les moyens et objectifs de production du château La Tour Carnet. De quoi donner des éléments d’adaptation concrète aux vignerons intéressés par ces nouveaux cépages. « Cette expérimentations n’est pas que pour nous. Le château La Tour Carnet est ouvert, la parcelle est à droite de l’entrée » lance Alix Combes. « Le projet a vocation à être diffusé » confirme Julien Lecourt, le responsable R&D du groupe Bernard Magrez, qui inscrit le projet de collection dans la durée. A la fois pour planter de nouveaux cépages et sélectionner les plus intéressants.

Cépages résistants

La palette des cépages candidats ne cesse de croître avec le développement de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium, tentant, par exemple, de s'approcher du cabernet sauvignon et du merlot. En témoignent les échantillons de vins volos et khorus proposés à la maison des vins de Pauillac par la pépiniériste Alexandra Lusson (VCR). Dans leurs objectifs, il s’agit de « variétés autochtones améliorées » grâce à des hybridations de cépages résistants et locaux pour « sortir des variétés résistantes qui ressemblent aux cépages connus » explique Alexandra Lusson.

L’INAO limitant le nombre de VIFA à 10 cépages par couleur dans une AOC, l’ODG Médoc peut encore inscrire 6 nouveaux cépages à l’avenir. Sont également évoqués les variétés portugaises tinta cão et touriga franca, qui devaient être proposées fin 2020, « mais elles ne sont pas inscrites au catalogue national » indique Hélène Larrieu, qui souligne que cela pourrait changer prochainement (des essais ayant lieu au sein du programme Vitadapt). De quoi répondre aux interrogations du terrain face aux effets d’un changement climatique visible à l’œil nu. « En vingt ans, on a vu l’évolution du cabernet sauvignon, plus mur et avec moins de pourriture grise » conclut Sébastien Couthures

 

L’idée de tester des cépages plus adaptés au changement climatique aurait germé dans l’esprit du propriétaire du château Latour Carnet, Bernard Magrez, quand plusieurs cuves de son cru classé de Saint-Emilion, le château Fombrauge, affichaient des teneurs en alcool de 16°.alc rapporte Alix Combes (à gauche).

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Tous les commentaires (1)
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VignerondeRions Le 05 février 2021 à 15:11:47
C'est un bon début, mais nous devons aller bien plus vite et bien plus loin. C'est une nécessité vitale pour les AOC. Nous devons pouvoir tester ce que bon nous semble dans la limite de 5 ou 10% de la surface ou du volume, que ce soit des modes de culture, de conduite, de vinif, de cépage, etc. C'est certain, on prendra des gamelles, mais il n'y a que de cette manière qu'on va avancer, en débridant l'innovation. Je sais que la position de l'institution est de dire "essayez en vin de France" mais ce n'est pas tenable, simplement parce que si l'AOC est vraiment le haut de gamme du vin, elle doit être le moteur du changement pas la dernière roue de la filière en matière d'innovation et de recherche.
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