n 2025, le vignoble charentais affectera 87 914 hectares de vignes à la production d’AOC Cognac (-05 % en un an) et 3 584 h au débouché des Vins Sans Indication Géographique (VSIG, x2,5 en un an) chiffre le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Pour les VSIG, cela représente « près de 2 200 ha de plus qu’en 2024. Mais c’est 1 400 ha de moins qu’en 2023 (4 950 ha), et c’est aussi nettement moins que les années précédentes » souligne l’interprofession, précisant qu’« il n’est, à cette heure, pas possible de prévoir quel pourrait être le volume de VSIG produit par ces hectares affectés/réaffectés pour la récolte 2025 ». Alors que la récolte du millésime 2025 approche, « tout aujourd’hui semble néanmoins mener à penser que le niveau de la prochaine vendange sera en dessous de la moyenne à Cognac » précise le BNIC, rappelant que la production de VSIG « à partir de vignes aptes à produire du Cognac a été de 240 000 hl en 2023 et de 200 000 hl en 2024 ».
Entre difficultés commerciales et risque de submersion, c’était la question qui taraudait Cognac et les vignobles blancs de France : quelles surfaces viticoles seront affectées à la production d’eaux-de-vie charentaises et quelles parcelles basculeront en VSIG ? Reportée du 30 juin au 31 juillet, la date butoir des déclarations d’affectation du vignoble charentais pour le millésime 2025 aura permis aux opérateurs de digérer les relativement bonnes nouvelles de Chine (un prix minimum et non une taxe maximale pour antidumping, même si l’accès au duty-free n'est pas rétabli à date) et des États-Unis (pas de 30 ou 200 %, mais un passage de 10 à 15 % de droits de douane américains après des négociations excluant les vins et spiritueux européens du zéro pour zéro). Sans revenir à la normale, la situation commerciale se clarifie sur les deux premiers marchés du cognac et permet aux producteurs de se projeter, alors que les baisses d’achat des négociants ont causé stupeur et tremblements depuis ce printemps.
Mesures d’arrachage et de fin des vignes-éponges
Alors que de plus importantes surfaces dédiées aux VSIG pouvaient être attendues dans ce contexte, Cognac a déployé cette année le Volume Complémentaire Cognac Individuel (VCCI), permettant de compenser un arrachage temporaire de parcelles sans débouchés commerciaux par une augmentation de rendement AOC sur le reste du parcellaire (le rendement commercialisable étant réduit à 7,65 hl AP/ha en 2025). Actuellement, les chiffres d’arrachage temporaire ne sont pas communiqués, « mais cela représente à ce stade des surfaces significatives » indique le BNIC. Qui souligne une autre mesure réduisant le recours aux VSIG : « l’interdiction dès la récolte 2024 de produire du vin sur des vignes Cognac en deuxièmes feuilles ». Cette disposition « a déjà fait sentir tous ses effets en 2024, en entrainant une réduction drastique des surfaces Cognac susceptibles d’être réaffectées aux VSIG » relève l’interprofession, rapportant que « l’objectif principal de cette réforme était de canaliser les hectares et volumes susceptibles d’aller vers les VSIG en garantissant leur traçabilité et en évitant la pratique des "vignes-éponges". Ce changement d’approche a impliqué en contrepartie qu’il soit permis aux viticulteurs le désirant de réviser leur projet d’affectation en 2024 mais aussi en 2025, de façon tout à fait dérogatoire. »
Si la production de VSIG augmente dans le vignoble charentais depuis 2016, « il est reconnu que la filière Cognac est parvenue à fixer ses volumes et n’a pas perturbé par ses excédents les autres filières françaises » martèle le BNIC, rappelant « l’engagement pris par les professionnels cognaçais concomitamment à leur démarche d’extension du vignoble Cognac » (14 600 hectares de nouvelles plantations autorisées de 2016 à 2024). Rapportant l’« encouragement à la constitution par les viticulteurs de réserve climatique » (stock de 340 473 hl AP au 31 juillet 2025, -2 %) ou l’« envoi de volumes aux usages industriels » (comme le jus de raisin), le BNIC relève que « cette mobilisation a été particulièrement forte en 2023, année durant laquelle la filière Cognac a connu la plus importante récolte de son histoire ».


Alors que le millésime 2025 ne s’annonce pas pléthorique, il « constitue un nouveau challenge pour le Cognac » reconnait l’interprofession, qui relève amèrement « que le supplément d’affectation/réaffectation constaté par rapport à 2024 est la résultante du dossier antidumping chinois, qui a eu de lourds effets sur notre filière et qui a entrainé la remise en cause de contrats liant le négoce à la viticulture Cognac ». Des remises en cause injustifiées pour les viticulteurs, qui demandent un soutien européen pour financer un arrachage définitif. Sachant qu’« une nouvelle solution à cet excédent spécifique » chinois est à l’étude d’après le BNIC : « depuis plusieurs semaines, des discussions ont lieu sur ce sujet avec les autorités européennes et françaises, que les professionnels du Cognac souhaitent voir aboutir dès cette campagne ». Ceci « dans le but de préserver les autres régions ».