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Cognac veut pouvoir arracher, distiller et stocker face à la crise qui menace son vignoble et son négoce
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SOS (Save Our Spirits)
Cognac veut pouvoir arracher, distiller et stocker face à la crise qui menace son vignoble et son négoce

Quelle que soit l’issue diplomatique à venir (taxes de 38 % ou non), le mal de l’enquête chinoise antidumping est déjà fait pour le vignoble et les négociants charentais qui passent à la vitesse supérieure pour obtenir de Paris et Bruxelles une boîte à outils à la hauteur de leurs besoins et des menaces. Qu’il s’agisse des opérateurs du Cognac en difficulté et d’autres vignobles blancs inquiets d’une déferlante de volumes.
Par Alexandre Abellan Le 26 juin 2025
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Cognac veut pouvoir arracher, distiller et stocker face à la crise qui menace son vignoble et son négoce
Le conseil de bassin s'est tenu à Cognac ce 25 juin. - crédit photo : Préfecture de région Nouvelle-Aquitaine
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Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises !"

Diplomatiquement, un communiqué de presse du préfet de la région Nouvelle-Aquitaine et de la Fédération des interprofessions charentaises (AOP Cognac et Pineau des Charentes, IGP Charentais, autres moûts et vins de France) fait le bilan du conseil de bassin viticole Charentes-Cognac qui s’est réuni ce 25 juin pour « échanger sur les conséquences de la situation géopolitique actuelle sur le bassin ». Soit l’accès au premier marché en valeur des eaux-de-vie charentaises : la Chine, dépendant des conclusions de l’enquête antidumping attendues ce 5 juillet à Pékin, qui peuvent aboutir à des droits de douane de +38 % imposés en rétorsion au conflit entre la Chine et l’Europe sur les voitures électriques.

Sans attendre cette issue diplomatique, la dynamique est d’ores et déjà inquiétante alors que le « surstockage des maisons de négoce, qui s’il a permis d’amortir dans un premier temps les effets de la crise, voit son niveau aujourd’hui conduire à la remise en cause de contrats avec les viticulteurs et donc au basculement de la crise également sur l’amont de la filière » pointe le conseil de bassin, où ont été présentés « les axes de travail sur lesquels une poursuite de ses échanges avec les pouvoirs publics était nécessaire ». Soit un besoin d’outils d’arrachage définitif, de distillation des vins sans débouchés et d’aide au stockage privé. Sachant que l’accès au premier marché export en volume des cognacs, les États-Unis, est suspendu aux négociations entre Bruxelles et Washington (sinon +50 % de tarifs douaniers seront imposés dès le 9 juillet).

3 axes

Concrètement, le Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC) ouvre officiellement trois pistes de réflexion qui ne sont pas validées politiquement, mais qui sont à explorer réglementairement et financièrement face à la dégradation commerciale (-40 % des expéditions chinoises depuis octobre 2024 et le cautionnement temporaires des droits de douane). D’abord « un dispositif d’arrachage définitif et un dispositif de retrait des volumes excédentaires engendrés par les taxes chinoises », ensuite « la mobilisation des outils européens permettant de compenser les conséquences sociales de l’arbitrage de politiques commerciales qui affectent aujourd’hui la filière Cognac et l’ensemble de son bassin » et finalement « l’accompagnement au portage des stocks ». Des outils également évoqués dans d'autres bassins viticoles, notamment Bordeaux, où l'évolution réglementaire vitivinicole en discussion à Bruxelles (le paquet vin) pourrait être le moyen d'y accéder (du moins si des fonds suffisants sont mis en face).

Dommages avérés et sérieux

Indiquant ouvrir des réflexions, le BNIC explique à Vitisphere que les opérateurs charentais sont déjà « dans une phase de dommages avérés et sérieux qui contraignent à passer à un niveau de traitement supérieur des difficultés ». Les incitations à la mise en réserve climatique, la réduction des rendements, la recherche d’autres débouchés (jus de raisin, vin de base effervescent…) et le Volume Complémentaire Cognac Individuel (VCCI, un arrachage temporaire sans perte de rendement à l’échelle de l’exploitation) ne suffiront pas à assurer la résilience de la filière charentaise et limiter les risques de déstabilisation des autres bassins français producteurs de vins blancs (où l’on craint une submersion des marchés par des vins d’ugni blanc sans destination).

« Les discussions sont embryonnaires, rien n’est validé politiquement à date » prévient-on au BNIC, que ce soit en termes de schémas de fonctionnement ou de financement, mais aussi de chiffrage des besoins. Dans l’immédiat, l’interprofession du Cognac avance « par itération » et ouvre donc la réflexion avec les pouvoirs publics sur le besoin d’un arrachage définitif complémentaire au VCCI (ce dernier fonctionnant sans argent public) d’un retrait de volume de vins destinés au Cognac par distillation de crise (sur l’argument géopolitique d’un accès bouché à la Chine) et d’une aide au stockage privé (pour porter les volumes en attente, notamment chez les négociants).

Résolution diplomatique

Embarquée dans un conflit géopolitique qui ne la regarde pas, la filière charentaise attend de forts soutiens régionaux, nationaux et européens pour avancer rapidement sur cette boîte à outils sur-mesure. « Comme d’autres secteurs économiques, on était touché par la crise l’an dernier. Ce qui nous met à genou c’est le dossier chinois » plaide-t-on au BNIC. Où l’on appelle toujours à une résolution diplomatique du conflit (des contacts entre ministres français et chinois des affaires étrangères sont attendus début juillet et un sommet Europe-Chine est programmé ce 24 juillet). Le lien avec les voitures électriques étant criant, comme en témoigne l’absence de validation politique chinoise de l’accord technique sur un engagement de prix minimum pour les cognacs (et armagnacs), les avancées sur le dossier automobile étant mis dans la balance. Si la filière charentais espère avancer sur cet accord de prix minimum pour relancer le marché, ce ne serait pas une solution pérenne (le duty-free en étant exclus, ainsi que certains PME pour des raisons inconnues).

Les opérateurs charentais espèrent surtout la fin des vents contraires sur ses marchés à l’export. Les difficultés commerciales se traduisant en annonces sociales dans les négoces et en révision à la baisse des contrats, quand ils ne sont pas purement et simplement remis en cause. Dans son communiqué, « le préfet a ainsi rappelé que, si la solution diplomatique est indispensable, elle n’est pas suffisante et reste incertaine. Sans un panel de solutions diversifiées, la filière restera soumise aux aléas géopolitiques et à la volatilité des flux commerciaux. »

"Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises !"

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Tous les commentaires (8)
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MG Le 30 juin 2025 à 18:43:43
Une règle qui est toujours vérifiée : toute augmentation de l'aire d'appellation se fait toujours au détriment des producteurs et en faveur du négoce ; faut juste lui trouver un nom. Le reste, c'est de la littérature.
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Geoffrey BASTIDE Le 29 juin 2025 à 13:28:38
Il est facile d'accuser le contexte géopolitique et la pandémie. La consommation d'alcool en France décline depuis plus d'un siècle, rien de nouveau, mais tampis, on surplante... C'est un mal Français que de ne pas regarder la vérité en face, pour se réformer. Il faut arrêter de chercher ailleurs les origines de nos problèmes et s'interroger sur nos modèles de production. De manière générale, il n'y a peu ou pas de vision stratégique dans cette filière, les politiques bien trop occupés ailleurs, laissent s'agiter un aéropage de vignerons de façade, cumulards de fonction représentatives, et plus habitués à vivre des jetons de présence que du travail de leurs mains. Le résultat ? nous continuons de faire rouler devant nous des srocks qui plombent les prix et donc la compétitivité, alors on quémande, prime à la restructuration puis prime à l'arrachage puis prime à la distillation, et on en passe. Ce modèle est à bout de souffle, et il ne va pas durer longtemps. Le monde a changé, les états ne perfuseront plus ils sont trop endettés, la croissance heureuse est finie, il va falloir être ingénieux, courageux, et revenir à l'essentiel. L'offre adaptée à la demande.
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Patricia Gaborieau Le 27 juin 2025 à 16:58:01
Messieurs, si vos expertises et votre connaissance de la filière sont indiscutables, il convient de signaler que la crise que nous traversons aujourd'hui est totalement inédite tant par ses causes que par son ampleur. Elle est le résultat i) d'une pandémie que personne ne pouvait prévoir, ii) de conflits géopolitiques que nul n'avait anticipé, iii) d'une déconsommation qui affecte tous les segments de boissons alcoolisées. Rappelons que sur le dossier Chine, le cognac est la victime collatérale d'un conflit qui ne le concerne pas en raison de son caractère "emblématique de la culture française" et des prises de position intempestives de nos pouvoirs publiques qui nous ont ainsi mis une cible dans le dos. En 5 ans tous ces évènements se sont enchainés sans qui que ce soit ne puisse en mesurer l'ampleur. Et au delà de la Chine et des USA, le conflit Ukrainien nous a également conduit à perdre notre 4ème marché : la Russie L'engagement de la filière était de conforter ses marchés sans déstabiliser le segment VSIG et nous nous y sommes tenus et nous nous efforçons de maintenir cet engagement. La crise n'est pas une crise du Cognac c'est une crise économique et politique sur laquelle se fracassent nos ambitions. Aujourd'hui tout le secteur vins et spiritueux est confronté à cette crise sans précédent, je crois qu'il faut aujourd'hui trouver des pistes de sorties de crise et de résilience sans chercher à accabler qui que ce soit.
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Christophe Veral - Vice president Le 27 juin 2025 à 14:16:05
Rester humbles, cela s'impose à nous. Face aux choix difficiles du passé. Face à ceux plus difficiles encore qui nous attendent. Dans la crise qui nous frappe, nous assumons nos responsabilités vis-à-vis de notre région, et au-delà. Et notre action pour amortir le choc pour l'instant porte ses fruits. Cette crise, elle est mondiale et elle touche tout le monde. La valeur créée et partagée au cours des années passées dans notre filière et notre territoire aurait pu nous permettre de la traverser décemment, comme nos mécanismes de régulation. Notre spécificité, c'est malheureusement le coup de bambou chinois que nous prenons sur la tête, et qui nous met à genoux. Il aurait pu tomber ailleurs, parce qu'il est le fruit d'une décision diplomatique. Mais c'est Cognac qui le prend, et l'Armagnac. Et personne n'aimerait être à notre place. Un an et demi que nous nous battons, que nous rentrons la tête dans les épaule, avec des dommage maintenant bien réels et douloureux. Nous n'avons demandé l'aide de personne. Nous savons que nos collègues ont assez à gérer chez eux. Juste de l'humilité, pour traverser ensemble le moment difficile que nous vivons tous.
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Bancillon Gérard Le 26 juin 2025 à 22:26:25
Pour avoir fait partie du trio ( avec Thomas et Samuel Masse ) qui s'était opposé à l'octroi des 10 000 ha de droits à Cognac ( mais aussi Jacques Gravegeal qui n'avait pas droit de vote mais qui nous avait rappelé l'histoire et s'y était opposé par principe) je peux témoigner de certaines choses : le système de régulation nous avait été présenté, il était très bien fait mais comportait pour nous des lacunes importantes. D'une part le fait qu'il n'était basé que sur le volontariat, contrairement au système champenois où il y a une obligation légale de gestion, ensuite nous avions relevé que les exportations reposaient essentiellement sur les États-Unis ( où les rappeurs jouaient un rôle d'influenceurs ) et la Chine ,et avions rappelé qu'aucune entreprise industrielle ne joue son avenir sur deux clients. Il n'y a aucun triomphalisme dans mes propos, seulement une sensation de gâchis car aujourd'hui ce sont les plus jeunes qui sont les plus fragiles qui paient la facture de l'inconséquence des plus âgés. Comme pour la crise qui touche aujourd'hui la plupart des régions françaises, il nous faut en tant que responsables de la filière être toujours pragmatiques et garder notre bon sens paysan en tête. Dans ces cas là le producteur est toujours la variable d'ajustement ne l'oublions pas.
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Thomas Montagne Le 26 juin 2025 à 19:52:05
@Florent Morillon Si vous étiez présent, vous devez savoir que je n'ai fait AUCUNE prédiction. Ce que j'ai dit, et je m'appuyais aussi sur l'expérience de personnes telles que Jacques Gravegeal, c'est qu'il n'était pas raisonnable de croitre aussi vite. Nous savions tous, malgré vos dénégations, que vos savants (et intéressants) systèmes amortisseurs n'étaient pas dimensionnés pour une crise importante, et surtout pas simultanée aux US et en Chine. Et nous savions aussi ce qui risquait de se passer en cas de crise : désastre économique en Charente, suivi d'un déferlement de vins blancs bradés, déstructurant l'ensemble du marché européen. C'est pourquoi j'avais, dit de manière imagée mais parfaitement compréhensible par tous, "vous êtes à un tweet du drame". Ce n'était pas une prédiction, juste un fait étayé. Je dois rajouter que, représentant les vignerons indépendants, je savais aussi que les premières victimes, et celles pour qui le choc pourrait être fatal, se trouveraient naturellement parmi les petits. Loin de moi l'idée socialisante d'être bêtement anti-business, mais je dois avouer que j'étais, et suis toujours, bien plus préoccupé du sort des vignerons et viticulteurs, que de celui de LVMH & Cie. D'ailleurs la fédération des Vignerons Indépendants de Charente était elle aussi opposée à ces autorisations de plantation. Pour finir sur une note consensuelle, je vous rejoins sur la vertu d'humilité. Vous devriez vous y essayer ;-)
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Florent Morillon Le 26 juin 2025 à 13:29:05
Cher Thomas Montagne, Dans vos prédictions de 2018, je n'ai pas souvenir que vous ayez prévu la pandémie et les conséquences post Covid, la guerre en Ukraine, le conflit sur les véhicules électriques entre l'UE et la Chine, dont l'Armagnac et le Cognac subissent les conséquences. Je pense que dans le contexte actuel, où quasiment toutes les régions viticoles sont touchées par la crise - dont la plupart n'a pas planté - l'humilité me semble la bonne posture à tenir.
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Thomas Montagne Le 26 juin 2025 à 10:38:55
En 2018, j'avais dit aux Cognaçais qui réclamaient à grand cris dix mille hectares supplémentaires qu'ils étaient "à un tweet du drame" et que leur demande était déraisonnable. Je faisais référence à Trump, mais bien entendu le cas chinois s'y apparente. Dans un cas comme dans l'autre ces marchés sont soumis à des aléas géopolitiques forts et pèsent très lourd dans les expéditions de cognac Nous avions été deux ou trois seulement à voter contre l'agrandissement du vignoble, dont Gérard Bancillon président des IGP. Nous avions raison.
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