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in mars, l’interprofession des vins IGP pays d’Oc (InterOc) ne disposait toujours pas du chiffre ferme de déclaration de récolte pour le millésime 2024. Sa directrice Florence Barthès établit tout de même une fourchette, de niveau bas au regard de la faible récolte, entre 5,3 et 5,5 millions hl. Cette campagne a démarré avec des stocks élevés de vins rouges, « 11,9 mois en début de campagne, soit le double de la normale », précise donc Florence Barthès, « et nécessitait donc de la part de l’interprofession des certifications à revoir à la baisse pour ne pas déséquilibrer l’offre, via l’outil de pilotage BIC ». A contrario, les stocks de vins rosés (4,9 mois) et blancs (5 mois) apparaissent en phase en début de campagne avec un équilibre entre offre et demande.
En conséquence à cette faible récolte, les certifications tiennent le cap, en lien avec les contractualisations qui, début avril, affichaient même une progression sur les trois couleurs (+6,3% au total) par rapport à l’an passé. Bonne nouvelle également du côté des prix moyens sur ces trois couleurs, avec une tendance stable, en légère baisse par rapport à la campagne précédente. A titre d’exemple, les statistiques de contractualisation des trois cépages les plus contractualisés par couleur donnent des chardonnays à 110€/hl en moyenne (418 000hl), des cinsauts rosés à 83€/hl en moyenne (214000 hl), et du merlot rouge à 84€ (341000hl).
Le président des courtiers du Languedoc, Louis Servat, voit cette campagne actuelle des vins de pays d’Oc dans la même configuration que les dernières années, « avec des caves qui ont bien tourné et d’autres qui peuvent encore avoir 30 à 50% de leurs volumes à la vente », explique-t-il. « Les années se suivent, et se ressemblent ! Les meilleures qualités sont rapidement réservées en début de campagne, sans discussion, d’où la fermeté des prix des premiers mois, ce qui est une bonne chose. Mais attention à la fin de campagne car les qualités qui restent sont celles qui ont des profils qui plaisent moins », analyse le courtier.
Martial Bories, président de la coopérative des Vignerons de l’Occitane, à Servian, l’une des plus importantes de la région (environ 250 000 hl annuels) confirme la bonne tenue des contractualisations indiquées par InterOc, mais pose des nuances, en particulier sur le rythme des sorties, trop en retrait pour aborder sereinement la prochaine récolte. « Nous faisons partie des caves les mieux loties, mais les vins sortent trop lentement ! 18 000 hl par mois en moyenne chez nous contre 21 000hl habituellement. C’est plus dur dans d’autres caves », avertit-il.
InterOc indique ainsi des sorties de chais fin mars en recul de -4,3%, soit -224 824 hl par rapport à la campagne précédente. Sans surprise, c’est le rouge qui est le plus en baisse, dans la continuité des 2 dernières campagnes, avec -7,8% et 166 928 hl de baisse en 1 an. Le rosé baisse à fin février de 3,5% (-54 872 hl vs 2024) et le blanc reste stable avec -0,2% (-3 024 hl vs 2024). « A l’exception des blancs, les sorties de chai ont été très calmes en début de campagne, avant un coup de fouet entre janvier et mars, qui s’explique également par la situation nord-américaine et la constitution de stocks outre-Atlantique avant l’arrivée de surtaxes douanières », analyse Florence Barthès.
Les retiraisons du négoce et les ventes directes suivent la même tendance, à l’exception des vins blancs, seuls à garder une dynamique positive. On l’a vu, le prix des vracs est en légère baisse par rapport à la même période l’an dernier dans les statistiques de contractualisation InterOc. « Mais pour l’instant, la petite récolte et l’inquiétude de manque de volume n’a pas provoqué de variation sur les prix du marché vrac, mais attention à la deuxième phase de campagne, où les situations d’opportunisme peuvent s’accentuer », note Florence Barthès.
Louis Servat explique qu’il reste des merlots ou des cabernets sauvignons disponibles sur le marché des rouges « alors qu’il est devenu difficile de trouver de la syrah rouge pour laquelle il y a de la demande ». Le courtier souligne également les effets bénéfiques d’une distillation qui a permis d’assainir l’offre en qualité et en volumes disponibles. Cependant, le rythme trop faible des sorties tend à crisper certains opérateurs qui redoutent une nouvelle « grosse » récolte au regard du printemps pluvieux qui va aider les rendements.
Du côté des blancs, dont le marché est stable, Louis Servat souligne qu’il reste des sauvignons qui n’étaient pas assez typés pour correspondre aux attentes de début de campagne. Les coopératives continuent de produire des rosés qui permettent de ne pas surcharger l’offre rouge et « la hiérarchisation entre Terres du Midi rosés autour de 60-70€/hl pour les entrées de gamme et la MDD, et les cépages en oc rosé autour de 80-85€ permet de structurer l’offre rosée. Une deuxième vague de sortie peut s’opérer si le beau temps continu est de la partie », synthétise Louis Servat.
