es 800 millions de bouteilles de Pays d’Oc vendues chaque année ne veulent plus passer pour n’importe quel vin de cépage. « Qui dans le monde produit 1 million d’hectolitres de merlot ? Qui produit 800 000 hectolitres de chardonnay ? Il n’y a que nous, Pays d’Oc, et nous serions stupides de ne pas profiter de cette force de frappe pour en faire une marque d’origine forte », martèle Jacques Gravegeal ce 10 mars à Agde, lors de l’Assemblée générale du syndicat des producteurs de l’IGP Pays d’Oc qu'il préside. « Notre logo doit être bien visible sur chacun des 8 millions de cols que nous commercialisons et ne doit plus seulement incarner le label de certification IGP Pays d’Oc mais une vraie marque de confiance source de sécurisation des débouchés et de croissance des parts de machés. Notre club des marques doit devenir le club de la marque », abonde Jean-Marie Fabre, le président des vignerons indépendants de France.
Convaincus que l’IGP Pays d’Oc est capable grâce à ses volumes de répondre aux attentes variées des consommateurs allant du vin plaisir aux cuvées gastronomiques, les représentants syndicaux annoncent qu’un diagnostic des parcelles sera enclenché cette année pour sortir de la « moyennisation » et positionner chaque cuvée sur le bon segment de marché. « Combinée à une contractualisation pluriannuelle garantissant un revenu stable aux vignerons leur permettant d’investir pour gagner en compétitivité, cette stratégie rendra nos vins indispensables », enchaine Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture de l’Hérault et du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. « En Champagne, même les marques commerciales individuelles fortes comme LVMH ou Mercier s’appuient sur la marque collective de territoire. C’est ce qui fait la richesse du vignoble et c’est ce que nous devons viser », insiste Jacques Gravegeal. « La stratégie collective donne encore plus de puissance aux stratégies d’entreprise et nous souhaitons que bientôt, en France comme à l’international, plus aucun consommateur n’achète un vin de cépage Pays d’Oc sans le savoir », appuie Jean-Marie Fabre.
Pour réussir cette transition du label à la marque, le syndicat Pays d’Oc fait appel pour cinq ans aux services du cabinet de conseil des frères Patacq. « Nous allons peaufiner notre stratégie cette année en conduisant une centaine d’entretiens auprès de vignerons, de coopératives, de négociants, de distributeurs, et de consommateurs », décrit Grégoire Patacq, intervenant lors de l’Assemblée générale. Cette première phase doit déboucher sur un plan de communication assez solide pour construire une « identité forte et reconnue mondialement ». Les frères Patacq veulent aussi retravailler les niveaux de qualité définis en commissions de dégustation et créer un logiciel dans lesquels les vignerons verront de manière confidentielle comment leurs cuvées se positionnent dans l’offre globale Pays d’Oc. De quoi cibler les bons marchés ou évaluer les progrès à faire pour accéder à la catégorie qui rentabilisera au mieux leur exploitation. « L’époque je fais du vin, ils vont le boire est terminée et pour perdurer dans le temps nous devons continuer à innover comme nous le faisons depuis 37 ans », conclut Jacques Gravegeal. La nouvelle marque d’origine "Oc" devrait être officiellement lancée en 2027-2028.