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L'arrachage temporaire des vignes est-il foutu ?
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Pas gagné, mais pas encore perdu...
L'arrachage temporaire des vignes est-il foutu ?

Alors que l’arrachage primé du vignoble n’est plus un gros mot à Bruxelles, l’outil de restructuration différée demandé par la filière française doit se réinventer pour arriver à ses fins. Le point avec le viticulteur languedocien Ludovic Roux, vice-président du groupe vin de la Copa-Cogeca et vice-président Europe des Vignerons Coopérateurs de France.
Par Alexandre Abellan Le 21 décembre 2024
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L'arrachage temporaire des vignes est-il foutu ?
« En tant que tel, l’arrachage temporaire ne peut pas se faire comme nous le souhaitions. Mais on a des outils qui permettront de s’en rapprocher » analyse Ludovic Roux. - crédit photo : Vignerons Coopérateurs d'Occitanie
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Maintenant que les conclusions sont rendues, quel est votre bilan du Groupe à Haut Niveau sur les politiques vitivinicoles européennes ?

Ludovic Roux : C’était déjà une très bonne chose que ça se fasse. Nous sommes très satisfaits que cela accouche d’une direction qui va dans le bon sens. De nombreux points intéressants sont à acter, pour l’instant on parle seulement d’une direction donnée, qu’il faut rapidement concrétiser. Il est important de conforter les moyens de gestion du marché avec le retour clair du mot arrachage et la possibilité d’aides d’État simplifiant le processus. Il faut des actes dans les prochains mois pour pouvoir mettre en œuvre l’arrachage définitif s’il y a des besoins. Je ne dis pas qu’il faut arracher de nouveau en France, mais qu’il faut en avoir la possibilité selon les cas. Le marché est aujourd’hui compliqué et selon les bassins viticoles les situations sont très différentes en termes de stock. Accéder à l’arrachage avec des fonds d’État est aussi important pour d’autres pays, comme l’Espagne et l’Italie.

Le fait d’écrire l’utilisation possible de fonds européens pour financer l’arrachage dans la future Politique Agricole Commune (PAC) est aussi important pour pouvoir déployer des sommes plus importantes et avoir une action au niveau européen (permettant de mieux maîtriser son usage territorial). Pouvoir mettre à 0 % les demandes d’autorisations nouvelles de plantation dans une zone où l’on arrache permet également de réintégrer de la gestion. Comme le prolongement à 5 ans des autorisations de replantation. Il y a eu un vent de libéralisme à Bruxelles, on a même dû sauver les autorisations de plantation, mais on revient à une vraie gestion. Il y a aussi de la flexibilisation budgétaire avec la possibilité de basculer une enveloppe inutilisée un année sur la suivante et des facilités de mise en œuvre de la gestion des risques climatiques et géopolitiques.

Même si ce n’est pas dit comme ça, il y a une ouverture sur la moyenne olympique, ce qui est central pour l’adaptation au changement climatique. Je note aussi l’évocation du renforcement des agriculteurs dans la chaîne de valeur. Il est dit et écrit qu’il faut renforcer les Organisations Professionnelles (OP) et les coopératives. Le fait d’acter que les caves coopératives puissent être considérées comme des PME est très important. On ne peut pas demander d’un côté de structurer les caves coopératives pour gagner en compétitivité et de l’autre supprimer l’accès à certaines aides comme nous serions de grosses entreprises… Une cave coopérative reste une association de petits exploitants. Nous demandons à avoir accès aux fonds, ni plus ni moins que les autres.

 

Ce renforcement des OP et ce classement en PME des coops fait tiquer les Vignerons Indépendants et le négoce…

Cela a toujours été un sujet compliqué avec le négoce. Pour les Vignerons Indépendants, il y a une crispation comme ils ne veulent pas que les OP donnent accès à des aides supplémentaires. Nous ne voulons pas d’aides supplémentaires, nous voulons que les OP renforcent la chaîne de valeur avec des outils flexibles et efficaces. Il faut un acte juridique fort pour que nos positions qui ne sont pas différentes soient garanties.

 

Concernant la demande d’arrachage temporaire que vous portez depuis des années, est-ce mort pour 2025 ?

Mort non, mais difficile oui. L’outil d’arrachage temporaire comme on le souhaite ne sera pas exactement possible. Mais il peut y avoir des orientations permettant d’aller vers cet outil. Avec le rallongement de la durée de vie des autorisations de replantation de 2 à 5 années entre le moment où l’on arrache et celui où l’on replante, on donne de la latitude (avec 8 années avant l’entrée en production). L’Allemagne demande dans ce cadre que la personne qui arrache s’engage à ne pas replanter avant 5 ans, et cultive la parcelle avec des semis où d’autres cultures puissent être rémunérées avec des aides publiques à définir. Ce n’est pas tout à fait l’arrachage temporaire que l’on souhaite (en ne touchant pas dès le départ l’argent lié à l’arrachage, mais en ayant des aides sur plusieurs années), mais il faut travailler le sujet. Cela paraît possible d’obtenir une solution. Nous commençons déjà à discuter avec l’administration pour trouver des solutions permettant d’arriver au résultat recherché : que les vignerons puissent souffler en arrachant temporairement une partie de leur propriété sans perdre de capital. Il serait possible de ne pas pénaliser ceux ne replantant pas ces parcelles.

 

Quels sont vos regrets dans les conclusions du Groupe à Haut Niveau ?

On peut regretter qu’il n’y ait pas eu de position sur l’eau et les investissements nécessaires. On peut regretter une certaine ambiguïté sur la promotion, qui est liée dans le texte à la santé : ça nous inquiète, il faut faire attention. J’avais peur que l’on reste au milieu du gué, mais si on va au bout de ce qui est proposé par le Groupe à Haut Niveau, on avancera pour la filière. Tout n’est pas parfait et il y a des manques, mais c’est la bonne direction.

 

En France, avec le gouvernement démissionnaire, la situation reste bloquée pour soutenir une filière en crise qui demande 40 millions € de solde pour l’aide à l’arrachage définitif, le déploiement rapide des dispositifs de prêts à court-terme et de restructuration de l’endettement bancaire, un nouveau fonds d’urgence viticole, une aide à la restructuration des caves coopératives, le soutien face aux tensions géopolitiques (taxes chinoises sur le Cognac ou nouveaux droits de douanes promis par le président américain Donald Trump et tous les dispositifs fiscaux négociés (sur le GNR, l’emploi saisonnier, la transmission familiale des vignobles)…

Tous les sujets restent posés sur la table ! On considère que dès que le nouveau gouvernement sera nommé il ne faudra pas repartir de zéro sur tous les dossiers, mais les reprendre là où ils en étaient pour aller plus loin. Nous attendons les premiers discours du premiers ministre et de son ministre de l’Agriculture pour connaître leurs engagements.

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Tous les commentaires (4)
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VignerondeRions Le 25 décembre 2024 à 10:56:19
Un gros chantier est en route avec les OP, ça ne règlera pas tout mais cela devrait éviter les prix cassés des produits entrainant la casse sociale de la filière. Il est maintenant très urgent de définir avec les metteurs en marché, les types de produits, qualité, volume et fourchette de prix que nous devrons produire demain pour répondre aux attentes. Si nous continuons a produire des vins dont le consommateur ne veut pas, OP ou pas, nous en serons au même point. Nos cahiers des charges impliquent des couts de revient, il nous faut impérativement retrouver de la rentabilité, nous n'avons pas commencé ce travail or avec l'OP c'est les 2 faces d'une même pièce. Comme le souligne Renaud, un travail largement poussé par le collectif viti 33, dont personne ne voulait il y a 2 ans...
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Renaud Le 21 décembre 2024 à 09:26:27
?. L'OP est l'un des outils permettant de l'associer l'offre et de discuter légalement du prix sans tomber sous le coup de l'entente. Un second outil existe , le 210 bis du TFUE. Permettant de légalement s'entendre sur un prix pour des raisons agro environnementales. Les bio de Gironde n'ont pas voulu y aller l'an dernier. Mais C'est le cas de plusieurs AOC en France. En Gironde l'ODG de st emilion ayant imposé ce type de démarche pourrait activer la mesure. À vos stylo!
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Renaud Le 21 décembre 2024 à 09:21:14
Le sujet lancé par le collectif de la création d'une OP le 6 novembre 2023 est devenu un sujet Européen. Belle percée d'un petit groupe de vignerons girondins. Ça n'avance pas assez vite mais ce ne fût pas enterré.
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augustin Le 21 décembre 2024 à 07:48:21
Tout tient hélas dans les dernières lignes de cette interview : les attentes du monde viticole sont connues et reconnues .Il reste à savoir ce qui ressort effectivement des 3 pouvoirs de notre pays. L executif est démissionnaire et ne peut exécuter que les affaires courantes. Le législatif est coupé lui même en trois et la loi de programmation agricole risque d en faire les frais. Reste la magistrature mais en ce qui concerne la viticulture elle travaille essentiellement à appliquer actuellement le droit applicable aux procedures collectives... Notre métier dépend des politiques mais seulement pour partie et nous peinons à nous réinventer au sein même de nos professions et vis à vos de nos canaux de distribution. Entre producteurs la solidarite devrait redevenir une priorité entre flacons coûteux et petites bouteilles. Idem entre viticulteurs et le monde du courtage et du négoce. Egalim 4 pourrait faire l objet d un dialogue equilibre avec la gd ,sans intervention forcement des pouvoirs publics .Même chose avec les sommeliers et les cavistes .Reste l export et on reste surpris par la grande discrétion du commerce exterieur qui lui semble momentanément subjugue par son job de marchand d armes vec thales safran et dassault ...alors que l on voudrait l entendre promouvoir nos rouge blanc et rose . C est un élément du pouvoir public que l on voudrait étendre, au delà du tohu bohu intérieur agriculture et économie finances . What s going on ? et pourquoi l export de nos vins n est il pas une grande cause nationale 2025 ? Dans ce sens effectivement le nouveau gouvernement est attendu , mais l adage véritable reste bien : aides toi ... et le ciel t aidera ! Nous devons prendre notre avenir en mains sans trop attendre de la part des politiques qui sont a millle lieux pour la plupart de nos préoccupations quotidiennes et de notre niveau de stress à la fin de chaque mois désormais...
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