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"Comment faire pour que la vigne dure jusqu’en 2072 ?"
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Julie Reux
"Comment faire pour que la vigne dure jusqu’en 2072 ?"

Le futur de la filière vin vous inquiète ? Il y aussi de quoi avoir foi dans l'avenir face aux multiples piste d'adaptation qui s'ouvrent à ceux pouvant sortir de leurs zones de confort. Mais attachez vos ceintures et rentrez bien vos bras de vignes, ça secoue avec Julie Reux !
Par Alexandre Abellan Le 12 novembre 2024
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Dans le cadre de l’appellation, « on a l’impression que tout changement semble vécu comme un combat. C’est laborieux, compliqué. L’inertie est assez forte » pointe Julie Reux ce 8 novembre à Bordeaux. - crédit photo : Alexandre Abellan
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a revue Vinofutur ? « Si vous ne la lisez pas, vous passez à côté de votre avenir » pose le professeur Ronan Raffray, directeur du master en droit de la vigne et du vin de l'Université de Bordeaux, ce vendredi 8 novembre à la Cité du Vin lors du colloque sur "les voies multiples de l'appellation d'origine durable". Venant de publier son quatrième opus (7 € le numéro, disponible en ligne, en salons et en cavistes), la journaliste Julie Reux se projette sur les futurs du vin en 2072 et « tout ce qui chamboule le cadre actuel du vin » résume-t-elle en soulevant pour l’occasion trois « voyants rouges » menaçant l’avenir des appellations. Si elle espère ne pas jouer les Cassandre, Julie Reux est la « Nostradamus de la filière » pour Ronan Raffray.

Premier de ces « trucs pas cool » pour l’avenir, l’inévitable changement climatique annonce la contributrice de Vitisphere. Prévenant qu’à l’avenir « il y aura toujours du vin, mais pas toujours avec les appellations telles qu’on les connait aujourd’hui », alors que le chercheur Jean-Marc Touzard (INRAe) indique qu’« au-delà de 2 ou 3°C de réchauffement climatique il n’y a plus de vin de terroir ». Sachant que le gouvernement table actuellement sur +4°C en France pour 2100 (et +2,7°C en 2050), « le changement climatique va forcément changer les choses » répète Julie Reux, qui suit les apparents paradoxes de la filière vin. Entre réticences traditionnalistes pour changer les cépages AOC (notamment pour les appellations monocépages) et « verrous qui sautent » comme pour l’irrigation « autrefois considérée comme no-no pour les AOC » mais qui « est en train de sauter, dans des territoires que l’on n’aurait pas cru ». De quoi démontrer la pression qui pèse actuellement sur le vignoble : « beaucoup de choses interdites au nom de la protection du terroir sont aujourd’hui à appliquer pour protéger le terroir » résume Julie Reux.

Perte d’influence du vin

Déstructurant depuis des décennies la filière vin, la déconsommation n’est pas un mot qu’apprécie la journaliste, qui préfère l’idée de « perte d’influence du vin » pour son deuxième défi aux AOC. Citant l’INSEE (seulement « 11 % des Français consomment régulièrement du vin et la moitié sont des hommes de plus de 55 ans »), Julie Reux l’affirme : « la proportion [de Français] qui aime et défend le vin est de plus en plus réduite ». D’où la nécessité pour la filière vin d’actionner des leviers d’adaptation particulièrement disruptifs.  Comme la clivante désalcoolisation pour proposer du vin peu ou sans alcool. De quoi tester la capacité, et la volonté, des AOC à l’expérimentation en dehors des sentiers balisés.

Autre défi, celui environnemental : la décarbonation de toute la filière et la sortie des pesticides du vignoble. Depuis l’annonce en 2016 de Bernard Farges, alors président de l’interprofession des vins de Bordeaux, « le sujet de la sortie des pesticides est un peu oublié aujourd’hui » constate Julie Reux, prévenant que le dossier « peut rejaillir [rapidement dès qu’il y aura de nouveaux] procès, scandales, résultats scientifiques... » Pour « sortir » et non « réduire » les phytos, la journaliste évoque notamment la piste de la sortie de vignes de cuve du l’hégémonie de Vitis vinifera avec les cépages hybrides, résistants… Mais aussi les Nouvelles Techniques Génomiques (NGT), en débat réglementaire au niveau européen, qui permettraient d’éditer l’ADN de cépages classiques pour les rendre résistants au mildiou/oïdium sans modifier les autres caractères. Au-delà des débats sur les OGM pour une culture non-essentielle à la vie humaine, Julie Reux pointe que l’esprit conservateur des vins AOC serait particulièrement chahuté par de telles perspectives.

Bouteille à usage unique

Si l’Appellation d’Origine Durable est le dada du professeur Ronan Raffray, Julie Reux se passionne pour le poids écologique des bouteilles de vin en verre. Citant l’étude de l’ADEME qui en fait un levier de décarbonation majeur, la journaliste pointe qu’au niveau packaging, « la filière viticole est à la traîne par rapport à d’autres. La solution d’allégement des bouteille ne résout pas le problème, mais le repousse. On pourrait parler de maladaptation si ça continue comme ça. » Et Julie Reux de rappeler que rester dans sa zone de confort est risquée quand le reste du monde bouge : « si les consommateurs s’habituent à la bouteille réemployée pour tous les produit sauf le vin, il y aura un décalage qui peut mettre la filière en porte-à-faux. Les vignerons vont devoir choisir entre défendre leurs traditions, et appellations, ou suivre le courant de l’adaptation, et de la durabilité. » Parole de Cassandre, ou de Nostradamus ?

 

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Dominique Le 13 novembre 2024 à 11:02:56
Sidéré, je lis ce que des présumés scientifiques de haut vol écrivent : « au-delà de 2 ou 3°C de réchauffement climatique il n'y a plus de vin de terroir ». C'est vraiment pathétique. Nous en sommes déjà à 1,5 degrés au dessus de l'ère pré-industrielle et nous voyons déjà la puissance incontrôlable des phénomènes issus du changement climatique. Ont-ils entendu ce que répètent les sinistrés de Valence ou du sud de la France : « on n'a jamais vu ça de mémoire d'homme ! ». A deux degrés de plus, la possibilité de faire des vins de terroir ne sera plus la préoccupation de personne. La question qui sera d'actualité sera « où échapper à une chaleur suffocante » ou bien « où pourrons nous vivre en sécurité à l'abri de pluies de 400 mm en deux heures ? ». La Méditerranée, mer fermée, est en surchauffe. Les épisodes dits « cévénols » deviennent déjà valenciens et andalous. On a déjà oublié ce qui s'est passé en septembre 2023 à Derna en Lybie : les mêmes dégâts, les mêmes images de désolation. Reconstruire avec la certitude que des phénomènes semblables pourront se reproduire au même endroit ? Certains lieux sont ils en train de devenir inhabitables ? Beaucoup de questions existentielles sont posées, plus sérieuses que de savoir si les vins de terroir seront encore possibles. L'ancien PDG d'AXA disait, il y a presque 10 ans, « à +4 degrés, plus rien n'est assurable ». Mais on a toujours un gouvernement qui travaille sur cette hypothèse, alors qu'à ce niveau la société se sera déjà délitée. Arrêtons donc de nous imaginer que le changement sera simplement que Bordeaux aura le climat de Séville ou de Rabat. En restant « positif », on pourrait dire le climat d'Ibiza ?
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