out en reconnaissant que la réutilisation des bouteilles « est encore en phase de développement » et que « le modèle économique est fragile du fait de l’absence d’automatisation et d’industrialisation », les auteurs de l’audit insistent sur les gains colossaux que peut générer la réutilisation : 96% d’économies d’énergie, 95% d’économies de CO2 par rapport aux bouteilles à usage unique, 60% d’économies d’eau et 99% d’économies de matières premières minérales, sachant que le sable est la ressource la plus utilisée dans le monde après l’eau et qu’une « crise du sable » n’est pas à exclure.
Pléthore de modèles, mais des points communs aussi
Un audit complet a été réalisé sur 1 017 bouteilles. Ses conclusions sont plutôt édifiantes : sur ce nombre il y avait 947 modèles de bouteilles différents, et 84% d’entre elles pesaient plus de 420g, alors que bon nombre de gros acheteurs dans le monde, comme les monopoles, imposent un poids égal ou inférieur à ce niveau. Malgré la multitude de modèles, certains leitmotivs se sont montrés plutôt positifs : des modèles classiques comme les bouteilles bourguignonnes, bordelaises, champenoises et la flûte sont très répandus dans toutes les régions du monde, reflétant une cohérence de styles. De plus, la couleur du verre était plutôt uniforme et les étiquettes n’ont pas représenté de véritable frein à la réutilisation.
Une charte internationale encourageant la réutilisation
Le rapport, qui a débouché sur la Reuse Ready Charter (ou Charte d’Aptitude à la Réutilisation), souligne par ailleurs d’autres aspects positifs sous-jacents : « Sur le plan technique, des centaines de types de bouteilles sont utilisées mais aux yeux des consommateurs et des détaillants, ils se ressemblent tous ». Il n’empêche que « si leurs différences sont subtiles, elles sont suffisamment importantes pour semer la pagaille dans la chaîne logistique » ; il existe par exemple, 120 moules pour fabriquer une bouteille bordelaise classique. Pour améliorer l’aptitude des bouteilles de vin à la réutilisation, le rapport évoque plusieurs pistes, à commencer par une entente sur le poids des bouteilles : il s’agit de définir le poids minimum de flacon qui peut être réutilisé sans risque, et sans compromettre sa polyvalence internationale. Actuellement, la filière est divisée entre ceux qui prônent l’utilisation unique de bouteilles légères, et ceux qui favorisent plutôt des bouteilles lourdes, standardisées et réutilisables. « Nous voulons surmonter ces divisions et découvrir ce qu’il faut pour rassembler l’ensemble des acteurs autour du concept de la réutilisation. Nous pensons que pour encourager l’adoption massive, la bouteille doit être à la fois légère et réutilisable ».
Des mythes à dissiper, et alliances à trouver
Il faut aussi mettre fin à une mésentente sur le concept, estime le rapport : « Il semble y avoir une idée fausse selon laquelle la réutilisation correspond à un système en « boucle fermée », ce qui n’est pas nécessairement le cas. Il faut faire la distinction entre « réutilisée » - ce qui sous-entend que les bouteilles retournent à leur source (boucle fermée) – et réutilisable, ce qui signifie simplement que les bouteilles peuvent être utilisées de nouveau, mais pas nécessairement renvoyées à la source (boucle ouverte) ». Outre l’adhésion de l’ensemble des acteurs de la filière, l’industrie verrière doit évidemment être partie prenante de cette mutation. Et le rapport d’évoquer un précédent important, celui des bouchons en liège. « Lorsqu’elle a été confrontée au problème de la faible qualité des bouchons, la filière du liège était initialement dans le déni. Ce problème n’a été résolu que lorsque les fabricants de bouchons se sont réunis et ont écouté leurs clients ».
Accélérer le processus
Constatant un plus grand ralliement de la filière autour de la réutilisation des bouteilles au cours des douze derniers mois, y compris parmi les verriers dont O-I et Verallia, le rapport pointe de nombreuses initiatives déjà en place dans différentes régions du monde qui démontrent la faisabilité du dispositif à grande échelle. Des salons comme Wine Paris et la LWF sont également de la partie, et certains détaillants sont en train de « tracer leur chemin vers la réutilisation ». Les parties prenantes du rapport souhaitent accélérer le processus : une campagne « Reuse Ready » sera soutenue en France en partenariat avec l’association à but non lucratif « La Bande Verte » et une lettre ouverte, signée par plusieurs entreprises françaises comme Maison Chapoutier et Vins Richard, a été envoyée aux verriers à l’occasion de la LWF. Elle affirme notamment que « la bouteille réutilisable est le remède miracle qui permettra à la bouteille en verre de conserver son statut de contenant privilégié pour les années à venir ».