menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Oenologie / Les conseils des vignerons et des œnologues pour élaborer de bons vins sans alcool
Les conseils des vignerons et des œnologues pour élaborer de bons vins sans alcool
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Diversification
Les conseils des vignerons et des œnologues pour élaborer de bons vins sans alcool

Lancer une gamme de vins sans alcool ne s’improvise pas. Deux vignerons expliquent comment ils ont franchi le pas et les ajustements qu’ils ont dû faire. Des œnologues nous alertent quant à eux sur les précautions à prendre car ces produits sont bien plus fragiles que les vins.
Par Amélie Bimont Le 28 février 2024
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Les conseils des vignerons et des œnologues pour élaborer de bons vins sans alcool
Mathilde Ollivier et Stéphane Cottenceau, associés au domaine de la Grenaudière, dans le Muscadet se sont tournés vers Zenothèque pour élaborer leur vin désalcoolisé - crédit photo : Amélie Bimont
M

ême les vins d'AOC valorisées s’y mettent. Laurent David, vigneron et propriétaire du château Edmus (1,6 ha en Saint-Émilion Grand Cru), a commercialisé son premier vin désalcoolisé en janvier 2024. Pour sa cuvée Zéro Edmus, il a été accompagné par B et S Tech et Derenoncourt Consultants. Il a choisi de désalcooliser un assemblage de 2022 de merlot et cabernet franc élevé en barrique.

« Avec ses tanins plus fondus que ceux du cabernet franc, le merlot est un bon candidat à la désalcoolisation, explique-t-il. D’après moi, l’élevage en barrique apporte aussi un plus.» Côté technique, il opte pour l’osmose inverse avec passage du perméat dans une colonne de distillation, « une méthode douce proposée par Michaël Paetzold ».

Pas besoin de pousser les maturités

Pour sa prochaine cuvée, Laurent David réfléchira dès la vigne à l’objectif sans alcool. «On vendangera un peu plus tôt afin de limiter la teneur en alcool. Pas besoin d’aller chercher de la complexité en poussant les maturités. On a surtout besoin d’un vin fruité, avec des tanins souples.»

Dans le Muscadet, Mathilde Ollivier, associée au domaine de la Grenaudière, a déjà produit 5 000 cols de sa cuvée Phénomène, un melon de bourgogne désalcoolisé. «Tout le stock est écoulé alors on renouvelle l’opération», indique-t-elle, cette fois pour 15 000cols, dont la moitié partira à l’export. Comme avec le premier tirage, elle s’est tournée vers Zenothèque, maître d’Å“uvre du chantier. «On leur livre le vin, explique la vigneronne. Ils nous le retournent désalcoolisé, tiré bouché. On leur fait entièrement confiance. Finalement, la seule chose que l’on choisit, c’est le vin de base et la formulation du vin désalcoolisé.»

La distillation concentre l'acidité

Sur ces deux points, quelques changements sont à prévoir. Pour son second lot, elle a opté pour un vin expressif de 11,5 % vol., qui présente un bon potentiel aromatique. «Cette fois, on va le désacidifier avec l’objectif de 3 g/l environ d’acidité totale, car la distillation concentre l’acidité comme elle concentre l’amertume, détaille-t-elle. Et de préciser : La recette finale était à 15g/l de sucres pour le premier tirage. Là, on va peut-être ajouter 2 à 3 g/l. On va remonter le CO2 de 1 200 mg/l à 1 400mg/l et rester à 5 cl/hl de gomme arabique. Pas plus car cela alourdit le vin.»

Comme pour la première fois, Zenothèque confiera la désalcoolisation à une entreprise équipée d’une colonne à cônes rotatifs (ou SCC, pour spinning cone column). Le principe est le même qu’une distillation sous vide : une succession de cônes tourne dans une colonne chauffée et sous vide. Le vin s’étale sur les cônes, ce qui augmente la vitesse d’évaporation de l’alcool. Chez ce prestataire, la désalcoolisation a lieu en deux passages. Lors du premier, les arômes sont récupérés pour être réintégrés au vin final.

Des vins plus sensibles aux déviations

Reste à stabiliser le produit final, puis à le conditionner. La première de ces étapes est délicate, tant d’un point de vue microbiologique que physique. Nicolas Dutour, Å“nologue-conseil aux Laboratoires Dubernet, met en garde. «On ne conditionne plus un vin classique mais un vin désalcoolisé, qui est plus sensible aux pathogènes, particulièrement s’il contient du sucre.»

Trois techniques sont utilisées pour la stabilisation microbiologique : la flash-pasteurisation, le tunnel de pasteurisation et le dicarbonate de diméthyle (DMDC). Mathilde Ollivier a opté pour ce dernier.

Selon Nicolas Dutour, la «pasteurisation est la technique la plus sûre». On chauffe pendant quelques secondes à 70°C et on le refroidit. Un bémol tout de même : la température peut dégrader les arômes.

En revanche, l’Å“nologue se veut prudent vis-à-vis du DMDC. «Des refermentations en bouteille avec du DMDC, j’en ai vu un paquet !, affirme-t-il. Un trouble peut apparaître en quinze jours. Cette technique nécessite une certaine maîtrise. Il faut connaître la charge microbienne initiale afin de décider du type de filtration à adopter et afin de pouvoir la réduire suffisamment pour garantir la stabilité du vin avec un ajout de DMDC.»

Une excellente hygiène s'impose

Selon Vincent Renouf, directeur du laboratoire Excell, des précipitations calciques, protéiques ou de matière colorante peuvent également apparaître avec la désalcoolisation. «Nous avons adapté nos protocoles de stabilisation aux vins désalcoolisés de façon à analyser leur stabilité, indique Vincent Renouf. Aujourd’hui, pour établir un diagnostic complet des vins désalcoolisés, nous proposons un pack “stabilité” dans lequel sont regroupées les analyses de stabilité microbiologique, cristalline, protéique et de matière colorante.» Avant de rappeler qu’une excellente hygiène s’impose dès lors que l’on veut produire des boissons désalcoolisées.

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Rico del Prado Le 29 février 2024 à 15:29:58
Sans alcool ce n'est plus du vin... On enlève de l'alcool mais on rajoute du sucre (!), des arômes et différents produits stabilisants et antioxydants ( E300,E353, E220, E242..) De suite c'est moins glamour mais chuuut faut pas le dire...Amis vignerons respecter vos anciens et votre savoir faire, faites évoluer vos techniques et votre travail à la vigne et au chai mais par pitié ne vous lancez pas dans cette mascarade. le marché des sodas est déjà pris....
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Côte-d'Or - Stage GVB WINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Oenologie
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé