n 2023, la France produirait 45 millions d’hectolitres de vin selon la deuxième note d’estimations publiée par les Services de la Statistique et de la Prospective (SSP). Après de premières prévisions à 44,5 millions hl en août, ce chiffrage au premier septembre confirme une production dans la moyenne, en baisse de 2 % par rapport au millésime 2022, mais en hausse de 1 % par rapport à la moyenne quinquennale (2018-2022). Mais sous la moyenne se trouvent de fortes dispersions liées aux aléas climatiques entre bassins viticoles, et même au sein des régions, pour ne pas dire des exploitations.
Si les abats d’eau alimentant une forte pression mildiou étaient assez généralisés dans le Sud-Ouest, les orages de grêle accompagnés de tornades étaient au contraire très localisés. « Les attaques de mildiou dans le bordelais et le Sud-Ouest et la sècheresse en Languedoc et Roussillon affectent le potentiel de récolte », tandis que « la situation dans les autres vignobles reste en revanche favorable à la production malgré la présence du botrytis (pourriture grise) en fin de campagne » résume le SSP.
Cette dispersion des rendements se retrouve dans les zones viticoles. À Bordeaux « les pertes [dues au mildiou et à la grêle] sont hétérogènes d’une parcelle à l’autre » indique ainsi le SSP, prévoyant une baisse de 9 % de la production girondine par rapport à 2022 (et -17 % par rapport à 2018-2022). Aussi marqué par le mildiou (mais aussi oïdium, botrytis et grêle), le reste du Sud-Ouest enregistrerait une baisse de 6 % de ses volumes par rapport à la déjà petite récolte 2022 (-18 % par rapport à la moyenne quinquennale).
Marqué par la sécheresse sur le Roussillon et le littoral Aude/Hérault, le rendement dans le Midi sera en repli de 8 % par rapport à 2022 (-2 % par rapport à 2018-2022). « Seule la production dans le Gard est préservée, ce département ayant reçu des précipitations en début d’été » précise l’administration. En Vallée du Rhône et en Provence, les belles sorties ne fructifieront pas totalement : « le mildiou, la grêle, puis la canicule estivale ont amoindri le potentiel initial » indique le rapport, avec une baisse de 2 % prévue de la production annuelle (+2 % vis-à-vis de la moyenne).
Dans les autres bassins viticoles, la récolte 2023 s’annonce globalement généreuse. Pour la Bourgogne et le Beaujolais, « le potentiel est toujours prometteur, avec des grappes en nombre, malgré la présence par endroit de botrytis » analyse le SSP, prévoyant une hausse de 11 % de la production annuelle (+21 % par rapport à 2018-2022). En vallée de Loire, les hausses de rendement attendues sont aussi importantes : « après deux années de faible récolte, la production devrait dépasser celle de l’an dernier (+19 %) et de la moyenne quinquennale (+16 %) » rapporte le service du ministère de l’Agriculture. Conséquente, la production charentaise 2023 serait comparable à 2022 (-1 %), mais les rendements de Cognac seront quoiqu’il en soit réduits, permettant de créer de la réserve climatique. En Alsace, la maîtrise de la pression oïdium permet d’envisager une hausse de 5 % de la récolte annuelle (-3 % par rapport moyenne). Malgré un poids record des grappes en Champagne la « situation se dégrade avec l’installation du botrytis qui touche jusqu’à 11 % des surfaces » indique le SSP qui prévoit une baisse de 2 % de la récolte 2023 par rapport à la généreuse production 2023 (+24 % par rapport à 2018-2022).
Comme le rappelle le SSP, « par nature, ces prévisions ne peuvent prendre en compte les événements susceptibles de survenir après cette date et d’influer sur la récolte ».