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e 21 août, l’expert en agrométéorologie Serge Zaka a confirmé que la canicule tardive en cours devenait la plus intense depuis le début des relevés français, devant 2012. De nombreuses stations enregistrent 40 à 42°C voire 43°C ce mardi et mercredi, ce qui est exceptionnel pour une fin de cycle viticole.
« Nous avions déjà noté une grosse accélération des maturations la semaine dernière. La canicule n’arrange pas les choses. Les degrés potentiels prennent deux points par semaine et plusieurs caves doivent réorganiser leur planning de vendanges pour réussir à faire du rosé par exemple » témoigne quant à lui Jacques Rousseau, le directeur du service viticole du groupe ICV.
Les maturités se resserrent et compliquent encore l’organisation des chantiers. « Sur le réseau de parcelles que nous suivons dans le Gard, nous n’avons en moyenne plus qu’un degré d’écart entre tous les cépages et tous les secteurs, qu'ils soient précoces ou tardifs ». Vers Saint-Chinian, les dernières analyses donnaient 13% pour tous les raisins. Cela complique la logistique, « sachant que les caves n’ont pas des capacités de réception extensibles ».
Dans la Vallée-du-Rhône, en Provence, dans le Gard et dans l’est de l’Hérault, les baies affichent de belles acidités et renferment beaucoup de malique. « Ce n’est pas le cas dans les vignobles touchés par la sécheresse, l’ouest de l’Hérault, l’est de l’Aude et surtout les Pyrénées Orientales » continue Jacques Rousseau.
A Bize-Minervois, à 20 kms au nord de Narbonne, le verre d’une des fenêtres de la maison du vigneron Mathieu Cathala s’est fissuré sous l’effet des 42°C ce 22 août en début d’après-midi (au moment où Météo-France plaçait 19 département en vigilance rouge pour canicule).
La cave coopérative d’Argeliers à laquelle il apporte une grosse partie de ses raisins est en train de rentrer le chardonnay. « En attendant, mes parcelles qui ne sont pas irriguées sont en grande souffrance. Je n’ai jamais vu mon viognier dans cet état. Je pense que j'ai perdu entre 30 et 50% de la récolte. La vigne est jaune comme une fin de septembre, j’ai l’impression que les feuilles vont tomber, les grappes sont cramées, et les grains sont bruns au lieu d’être verts ».
Mathieu Cathala n’est pas rassuré quand il va voir ses rouges. « Les grappes de cabernet franc et de caladoc ressemblent à des squelettes. Je ne supporte plus lire les commentaires des climatosceptiques sur les réseaux sociaux ». Heureusement, les grenaches qu'il vinifie dans sa cave particulière s'en sortent mieux et gardent une belle acidité.
Jacques Rousseau confirme voir de l’échaudage et des feuilles jaunir depuis une dizaine de jours. « Tout allait bien jusqu’à début août même dans les secteurs où il n’avait pas beaucoup plu. Aujourd’hui on voit clairement la différence entre les vignes irriguées et non irriguées. Nous sommes loin de 2019 mais ce coup de chaud tardif aura certainement des conséquences sur le rendement en jus ».
Les modèles prévoient une baisse des températures à partir de ce jeudi. Elle pourrait être suivie par de violents épisodes orageux.
Du viognier et du caladoc chez Mathieu Cathala.
