eux vignobles, deux ambiances. Ce lundi 5 juin, le ministre Marc Fesneau passera la matinée en Gironde pour « signer la convention tripartite qui doit permettre aux vignerons d’engager la stratégie de dé-densification de leur vignoble » avant d’aller l’après-midi en Charente « pour poser la première pierre du Bureau national Interprofessionnel du Cognac » (BNIC) annonce le ministère de l’Agriculture ce vendredi 2 juin. Soit l’aperçu de deux filières voisines ayant des dynamiques opposées, entre la déprime bordelaise sur les vins rouges et la croissance charentaise qui pousse à planter chaque année des milliers d’hectares de vignes.
Concernant l’arrachage de 9 500 hectares de vignes avec une aide de 6 000 €/ha, le ministère de l’Agriculture parle moins de crise économique que de risque sanitaire pour Bordeaux. Indiquant que « le ministre se déplacera en Gironde afin de signer la convention tripartite qui doit permettre aux vignerons d’engager la stratégie de dé-densification de leur vignoble pour enrayer la progression de la flavescence dorée », ajoutant que « la maladie de la flavescence dorée risque de venir casser la dynamique positive du bassin ». Prévue le lundi 22 mai, l’ouverture de la plateforme de préenregistrement pour l’arrachage sanitaire devrait suivre. Une imminence qui n'empêche pas les critiques de se poursuivre à l'égard de ce plan (voir encadré). Mettant pour sa part en avant une action « au rendez-vous de la transition agroécologique », la rue de Varenne annonce la concrétisation des annonces du salon de l’Agriculture, avec un financement de 30 millions € des pouvoirs publics et de 19 millions € du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB)
Soit un investissement similaire à ce que le BNIC met dans son nouveau siège : 18,4 millions €. Vigilant aux difficultés bordelaises, le vignoble de Cognac laisse la porte ouverte à un transfert de vignes arrachées à Bordeaux si l’État est en mesure de garantir qu’il n’y aura pas de contournement et qu’il n’y a pas de risque juridique d’attaque. Parmi les déclarations et annonces de lundi prochain, les autres vignobles attendent un calendrier de lancement de la distillation de crise, désormais dans sa phase finale de négociations avec la Commission Européenne.
Porte-parole du syndicat minoritaire Confédération Paysanne à Bordeaux, Dominique Techer estime dans un communiqué de presse que "non seulement la surface globale à arracher n’est pas suffisante, mais, de plus, les modalités totalement absurdes ont tout pour décourager les candidatures. Les deux tiers des crédits sont destinés à de la "renaturation" : soit un boisement sur 30 ans, soit une jachère sur 20 ans non pâturable, sans récolte de foin possible ! Autant dire que ce sont des ronciers à sangliers qui seront subventionnés ! Et que toutes ces terres ne seront pas accessibles pour de futures installations ! C’est ça le plan d’avenir pour que Bordeaux rebondisse ?"
Et d'ajouter que "le problème de l’ensemble des friches n’est pas traité, soit toute surface qui n’a pas déclaré une récolte en 2022. Va-t-on vers des procédures administratives contre des retraités déjà ruinés et en voie de perdre leurs retraites ?" Pour conclure qu'"à l’heure où la contrainte alimentaire devient majeure, où chaque territoire se pose la question d’optimiser sa résilience alimentaire, n’est-il pas totalement absurde de geler quelques milliers d’hectares de terres agricoles ?"