Il faut globalement s’attendre à une amélioration de la qualité des raisins » se réjouit l’Institut Coopératif du Vin (ICV), dont les consultants rayonnent sur tout l’Arc Méditerranéen, à Bordeaux, et dans le Rhône.
Dans les parcelles saines, où aucune dégradation majeure n’est à craindre, les pluies tombées dans différents vignobles la semaine passée et ce weekend ont entraîné un gonflement des raisins, d’autant plus important que ces derniers sont portés par des vignes vigoureuses.
Les baies ayant souffert d’un stress hydrique ont dû reprendre leur jus perdu sous 2 à 4 jours. « Mais le millésime restera un millésime à petites baies » nuance l’ICV. Un constat partagé par Florence Hertaut, responsable de l'équipe viticulture à la Chambre d’agriculture du Rhône et du réseau maturation du Beaujolais. « Nous allons gagner quelques hectolitres mais il ne faut pas s’attendre à une grosse vendange. Jeudi dernier, nous notions sur le réseau maturité une très légère augmentation du poids des grappes. Au moins, la pluie a permis de mettre fin au flétrissement et fait du bien au feuillage ».
D’après l’ICV, les vignerons ayant enregistré moins de 10 mm ne profiteront pas de la dilution. Elle aura été plus marquée à partir 30 mm, et pourra permettre une reprise du chargement en sucres sur les vignes stressées. Elle pourra aussi relance la maturation phénolique, avec des baies pour l’heure riches en tanins mais à la couleur claire.


« Ces épisodes de pluie vont ralentir le chargement en sucres et permettre aux vignerons d’attendre les polyphénols. Pour l’instant, les pépins sont bien bruns, mais les niveaux en anthocyanes sont assez bas » reprend Florence Hertaut.
Dans le Sud, les consultants avaient déjà remarqué une décélération du chargement en sucres avant les orages (+0.6 en moyenne pour le degré potentiel par semaine, contre près de 2 jusqu'alors). « Mais attention, le chargement en sucres reste très dynamique sur les cépages rouges, signe d’une activité toujours intense dans les baies, qui sont en pleine maturation… et qui continuent à grossir. Le poids des baies reste toutefois très bas sur ces cépages, avec 50 grammes en moins pour 200 baies par rapport à la moyenne quinquennale ».
Du côté des blancs, le chardonnay ne se charge plus en sucres, mais continue à perdre du malique. C’est l’heure des vendanges, « la maturité pulpaire est majoritairement atteintes. Seules les parcelles tardives ou destinées à des élevages longs sont à attendre ».
L’ICV note par ailleurs une forte chute des acidités sur tous les cépages qui pourrait amener à vendanger précocement certaines parcelles de syrah ou de merlot destinées aux rosés. « Le malique continue à baisser et atteint des valeurs très faibles pour les degrés concernés. Cette baisse est attribuable en partie à de la dilution liée à la pluie. Le potassium se libère et neutralise le tartrique, amenant à des pH en hausse sensible ».
Dans le Beaujolais, l’acidité n’est pas forcément un critère limitant. « En ce moment nous perdons 0,17g d’acidité totale par jour, ce qui est plutôt classique. Par contre, à acidité égale, nous avons moins de malique et plus de tartrique que sur un millésime classique ».
Après un démarrage précipité, « les vendanges vont connaitre une pause bienvenue qui devrait permettre de se réorganiser pour attaquer le "cœur" des vendanges sous les meilleurs auspices » explique l’ICV.
D’après les premières dégustations réalisées par les négociants dans le Beaujolais, les premiers vins sont bien aromatiques, avec peu de notes végétales.