anser les plaies. Une semaine après les violents orages de grêle qui ont parcouru le vignoble français, semant notamment la désolation à Bordeaux, à Bergerac, en Gascogne, en Val de Loire, en Beaujolais, en Roussillon et en Savoie, il n’y a pas encore de chiffrage précis des dégâts tombés comme un coup du sort. Tout juste peut-on avancer que les vignes laminées se compteront en milliers d’hectares. Réduisant à néant des récoltes et le moral vigneron, déjà bien amochés après les gelées 2022 et 2021, le souvenir cuisant des sécheresses pour les uns, les attaques de mildiou pour les autres… Précocement vendangées par une pluie de grêlons, les vignes déchiquetées cet éprouvant week-end de Pentecôte semblent à peine tenir debout. Sous le choc, leurs propriétaires se sont précipités pour traiter ce qui pouvait l’être et doivent maintenant définir une stratégie pour préparer l’avenir : tailler à nouveau, espérer la reprise végétative, protéger le feuillage… Et renforcer leur résilience : l’antonyme d’aléa(toire) étant assuré.
Dispenser de plaies. Avec la récurrence des catastrophes climatiques, on ne peut plus parler d’événements aléatoires ou d’accidents inattendus. Une perte de récolte semble un résultat couru d’avance avec le changement climatique, seule la nature de l’évènement climatique est incertaine. Mais il est acquis que les phénomènes météorologiques sont et seront plus chaotiques (dans leur rythme, leur étendue…). Le constat étant posé, les leviers de la prévention des dégâts doivent être actionnés. Pour les vignobles valorisés, la sécurisation préventive du potentiel de production passe par des investissements conséquents (dans les luttes antigel et antigrêle, filets compris, ainsi que dans l’irrigation). Pour les vignobles moins favorisés, le risque existe que la succession des désastres climatiques ne finisse par avoir raison de leur équilibre économique (pour les zones très gélives, non-irrigables, etc.).
Retrancher les plaies. Le préventif n’étant jamais efficace à 100 %, le curatif doit également être mobilisé. L’assurance récolte est justement en cours de refonte : encore un effort, conséquent, et la refonte de la moyenne olympique permettra de se doter d’un outil aussi puissamment incitatif qu’actif et collectif. Pour ajouter de la stabilité dans un monde si incertain, les réserves interprofessionnelles sont un levier à travailler (des projets existent en Pays d’Oc, Bordeaux et IGP Méditerranée…). Mais encore faudrait-il pouvoir mettre en réserve du vin... Dans les vignobles épargnés ce printemps, les sorties de grappes sont aussi prometteuses que précoces : si les vendanges sont encore loin et les risques nombreux, ils peuvent garder l’espérance de vigne.