ice-président de l’interprofession des vins de Pays d’Oc IGP, mais toujours président du syndicat de l’organisme de défense et de gestion (ODG) de ces mêmes Pays d’Oc, Jacques Gravegeal a fait le déplacement sur le salon Prowein pour défendre la mise en œuvre de la réserve de résilience votée début mai en assemblée générale d’ODG.
« La 1ère fois que nous avons évoqué cette idée, c’était en 2013 en s’inspirant de la réserve qualitative en Champagne, mais l’épisode de gel a opéré à une bascule dans les consciences en faveur de cet outil d’ajustement de l’offre en vins de Pays d’Oc », avance Jacques Gravegeal. La mise en application de cette réserve dès cette campagne 2022 est à présent suspendue à une validation de la part des pouvoirs publics. Le président du syndicat des pays d’Oc table « sur une issue positive dès le mois de juillet. Tous les outils statistiques sont opérationnels au sein des pays d’Oc pour communiquer à chaque déclarant de production le volume de son besoin individuel de commercialisation (BIC) afin de fixer précisément le volume qu’il pourra mettre en réserve par couleur ».
Alors qu’il avait ravivé ce projet pendant l’été 2021 à l’occasion de l’assemblée générale de la fédération nationale des vins IGP, Jacques Gravegeal a « trouvé la lumière » dans la règle des 85-15. « Grâce à cette possibilité de conserver la mention d’un cépage en ajoutant jusqu’à 15 % d’un vin de pays d’Oc générique, d’un autre cépage ou d’un autre millésime, le problème a été résolu de lui-même grâce à un stockage par couleur, alors qu’un stockage de volumes cépage par cépage était rédhibitoire», reprend le vice-président de l’interprofession des vins de Pays d’Oc.
Seuls des vins déjà agréés et certifiés Pays d’Oc (donc passés par l’étape dégustation systématique des lots) pourront être mis en réserve. « Grâce au principe de réserve glissante d’un millésime sur l’autre, ces vins pourront être remis sur le marché dès le mois de septembre suivant, c’est une garantie supplémentaire pour le producteur qui pourrait s’imaginer que c’est un volume perdu », défend Jacques Gravegeal.


Avec ce système, les producteurs n’auront plus qu’à stocker un volume de vins de Pays d’Oc par couleur, cette réserve glissante ne pouvant constituer plus que 15 % du volume de la moyenne quinquennale des sorties de chai du déclarant. Mais Jacques Gravegeal ne s’estime pourtant encore qu’au milieu du gué. « Cet outil n’aura de valeur dans la régulation des marchés que si tout le monde fait de la réserve. Il confortera alors d’autant plus les gros metteurs en marché de la disponibilité des volumes d’une année à l’autre, ouvrant enfin la voie à une contractualisation pluri-annuelle sur des volumes importants. Nous leur demanderons un engagement garantissant cette contractualisation lors de notre AG d’interprofession de juillet 2022 car ils auront eux la garantie que la fournisseur va les fournir », poursuit le président du syndicat.
Il a fait de cette mesure « le combat d’une vie », qui permettrait de faire basculer définitivement la production des 6 millions hl de vins de Pays d’Oc dans un marché parfaitement régulé, « sans inquiétude d’évolution importante des cours au gré des aléas climatiques ». Si tout déclarant de production, « sous forme coopérative, Earl, Gaec, Sarl, entreprise individuelle », aura un BIC, c’est peut-être maintenant la partie la plus importante du travail qui attend jacques Gravegeal.
« Nous devons convaincre nos producteurs de stocker cette réserve, c’est essentiel », martèle-t-il. Une fois le dispositif définitivement validé par les pouvoirs publics, lui et d’autres responsables iront à la rencontre de l’ensemble de la production pour les sensibiliser à la nécessité de leur adhésion au dispositif.