uite à l’épisode de gel d’avril 2021, le marché vrac des vins de Pays d’Oc avait connu un net rebond d’activité jusqu’à juillet 2021, en anticipation d’un manque de récolte à venir. « Il y a alors eu un mouvement général de certification et de contractualisation des volumes disponibles et éligibles en vins de pays d’Oc, visant à assurer des réserves volumiques pour pouvoir répondre aux demandes des marchés », note Laure Lacombe, responsable du service économique de l'interprofession des vins de Pays d'Oc (InterOc).
Ainsi, le marché vrac à la clôture de la campagne 2020-2021 (au 31 juillet 2021) s’est élevé à près de 6,2 millions d’hl, son record. C’est un volume supplémentaire de 800 000 hl par rapport à la campagne précédente et d’un million hl (Mhl) en comparaison des 5,2 Mhl du marché vrac habituel. Ce supplément s’est en outre équitablement réparti entre les trois couleurs : +200 000 hl en blanc, +300 000 hl en rouge comme en rosé.
Côté volumes disponibles, le gel a entraîné une baisse globale de 27 % pour les IGP Pays d’Oc, plus marquée sur les blancs (-31 %) que sur les rosés (-27 %) et rouges (-24 %). Sur cette base, mais aussi au regard de l’état des stocks au 1er août 2021, des sorties de chais et des besoins en stocks en fin de campagne, InterOc pilote son activité de suffisamment près pour assurer que « nous disposons des volumes pour alimenter les marchés quoi qu’il arrive. La seule incertitude repose sur l’état des stocks des vins blancs en fin de campagne actuelle : nous risquons de finir celle-ci avec seulement trois mois de stocks en blanc, alors que nous visons cinq mois. En rouge et en rosé, nous sommes bien dans les clous, avec des stocks qui seront respectivement à 6 mois et 4 mois », appuie Laure Lacombe. Elle spécifie tout de même que ces projections de fin de campagne s’effectuent toujours sous réserve de l’intensité des sorties de chai.
Cette anticipation de la fin de campagne précédente a, de fait, entraîné un ralentissement des rythmes des certifications en IGP Oc du millésime 2021. Au 25 février, 3,5 millions hl millésimés 2021 avaient été certifiés, soit une baisse de 19 % (-827 313 hl) par rapport à l’an dernier. « La réserve volumique constituée sur les 2020 a donné du temps aux caves, et les certifications n’ont réellement débuté qu’en novembre, puis se sont dynamisées depuis décembre », poursuit Laure Lacombe. 95 % de ces volumes certifiés font l’objet d’un contrat de vrac.


Malgré cette disponibilité des volumes annoncée par InterOc, le gel a provoqué une hausse des prix des vracs du millésime 2021. Modérée sur les rouges (+9 %) et rosés (+9 %), celle-ci est beaucoup plus marquée pour les blancs (+31 %), « où les chardonnay et sauvignon ont augmenté de 30 à 40 €/hl », approuve Louis Servat, président du syndicat des courtiers du Languedoc.
Les chiffres d’InterOc fixent ainsi la moyenne des échanges de chardonnay 2021 à 139 €/hl et 112 €/hl en sauvignon. Peu de lots de ces cépages restent disponibles sur le marché, « auprès de certains particuliers ayant pris leur temps ou de négoces vinificateurs qui peuvent en relâcher un peu », pointe le courtier.
Le marché des rosés est ferme sans problèmes de volume, « mais la consommation des beaux jours conditionnera un éventuel déséquilibre car beaucoup de raisins destinés au rouge ont servi cette année à produire du rosé », valide le président des courtiers du Languedoc. En rouge, le millésime 2021 est surtout caractérisé par les « disparités de qualité en raison du gel. Les très belles qualités sont rares et ont pu être payées cher pour se les assurer. Le reste est assez moyen », poursuit-il.
Si les retiraisons semblent aller bon train, Louis Servat voit en outre circuler « un volume étonnant de 2020 » qui reviennent sur le marché. « Ils avaient dû être contractualisés en anticipation sans finalement être honorés. Ce sont des volumes assez conséquents et le marché reste ferme », poursuit Louis Servat. Laure Lacombe confirme qu’entre le 1er août et le 31 décembre 2021, « 400000 hl de 2020 ont été certifiés ».
La responsable du service économique d’InterOc souligne enfin le faible recul des volumes de bio malgré le gel. « Les opérateurs nous indiquent globalement que l’arrivée des nouvelles surfaces converties tamponne la baisse de rendement pour maintenir un volume en valeur absolue assez proche des années précédentes », décrypte-t-elle.