La pression exceptionnelle du mildiou en 2021, surtout dans les vignobles septentrionaux a mis en difficulté certains produits et rappelé l’importance de resserrer les cadences quand le parasite est virulent. Pour 2022, il est donc important de veiller au choix des produits et de respecter les préconisations de la note technique maladies de la vigne pour gérer les résistances. En bio, l'enjeu est d'intervenir avant les pluies. Et, plutôt que mettre de grosses doses de cuivre, mieux vaut passer régulièrement avec parcimonie, s’accordent à dire les conseillers.
L’oïdium peut aussi se montrer sournois et provoquer des attaques tardives comme ce fut le cas l’an passé. Les conseillers préconisent donc d’être vigilant non seulement en début de protection, mais également pour le reste du programme. En bio, le soufre reste la base de la protection mais il est toutefois possible d’en réduire les doses.
Porté par la dynamique du label HVE (Haute Valeur Environnementale), le marché du biocontrôle ne cesse de croître. Et les firmes investissent massivement sur ce créneau. Toutefois certaines solutions sont plus efficaces que d’autres. Des nouveautés vont arriver prochainement sur le marché, notamment pour lutter contre les ravageurs. Pour lutter contre l’eudémis par confusion sexuelle, Sumi-Agro lance ainsi pour cette campagne Celada LB 400, un nouveau diffuseur de phéromones qui s’utilise à 200 unités /ha seulement. Plus innovant encore, Corteva attend l’homologation prochaine d’une nouvelle solution de confusion sexuelle contre l’eudémis pour laquelle il n’y a plus besoin de diffuseurs. La phéromone est contenue dans une matrice cireuse et s’applique directement sur le cep à l’aide d’un pistolet, à raison de 500 spots/ha.
En 2021, la flavescence dorée s’est encore étendue. En Provence Alpes Côte d’Azur, les prospections ont révélé la présence de 163 nouveaux foyers, notamment dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. En Occitanie, la maladie a aussi gagné du terrain, en particulier dans le Roussillon. En Bourgogne, des cas isolés ont été découverts dans quatre nouvelles communes de Côte d’Or alors que jusqu’à présent une seule était concernée dans le département. Mais la zone critique en Bourgogne reste le nord Mâconnais et le nord Beaujolais. En Champagne, les prospections ont conduit à la découverte de pieds flavescents dans onze communes dont cinq nouvelles. Il s’agit pour la plupart de cas isolés sauf sur une commune où il y a un foyer d’une cinquantaine de pieds contaminés. Dans le Val de Loire, trois ceps atteints ont été découverts.
Plus que jamais, la lutte contre cette maladie de quarantaine doit être constante et rigoureuse, tant au niveau des prospections que des traitements. En bio, l’efficacité du Pyrévert, le seul produit autorisé pour les traitements obligatoires peut être optimisée en traitant le soir sur des vignes bien relevées et épamprées et en soignant la pulvérisation .
Le nombre d’herbicides disponibles se réduit encore. Et l’usage du glyphosate est désormais limité. Dans ces conditions peut-on encore faire du 100 % sous le rang ? Oui, même si les conseillers pointent le risque d’une efficacité limitée. Avec la restriction du glyphosate à 450 g, cela limite son utilisation à un seul passage dans l’année sous le rang : soit en sortie d’hiver, soit en juillet pour détruire les vivaces. Les viticulteurs qui veulent faire du 100 % chimiques doivent donc compléter leur programme par des herbicides de prélevées et/ou d’autres postlevées. Et sans glyphosate ? Là encore c’est possible, mais, selon les conseillers, la solution la plus adaptée est dans ce cas de mixer désherbage chimique et mécanique. Reste que pour les experts, les viticulteurs doivent se préparer à se passer des désherbants…
Avant de traiter les vignerons devront informer leurs voisins. Pour cela ils peuvent utiliser des applications comme Agricivis en Sâone et Loire et BVE 33 sa déclinaison girondine. Celles-ci permettent de prévenir en temps réel les riverains des interventions dans les vignes. Leurs utilisateurs estiment qu’elles contribuent à apaiser les relations. La protection des riverains passe aussi par le respect des DSR (distance de sécurité riverain) en bordure des applications. Distance qui vont être plus importantes pour les produits suspectés d’être les plus dangereux. L’arrêté du 25 janvier 2022 relatif aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques précise ainsi qu’il y aura une « mise à jour des autorisations de mise sur le marché des produits comportant des substances classées suspectes d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR de catégorie 2), avec pour objectif que des distances de non-traitement soient fixées pour l’ensemble de celles-ci d’ici le 1er octobre 2022 »
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire le Hors-série Protection du Vignoble 2022 que La Vigne vient de faire paraître. Pour le commander c’est ici.