ans les zones délimitées, les viticulteurs bio n’ont pas le choix pour les traitements obligatoires. Ils doivent utiliser le Pyrévert. Mais ce produit est moins efficace qu’un insecticide conventionnel homologué contre S. titanus et sa persistance d’action est faible. Autre limite : il n’agit que sur les larves. Pour cette raison, « il est essentiel de respecter les dates d’interventions imposées par la Sral-Draaf : elles sont fixées en fonction du développement des cicadelles. Dans certains secteurs très touchés, même si seulement deux traitements sont obligatoires, nous préconisons d’en faire trois pour cibler un maximum de larves », indique Agnès Boisson, conseillère viticole à BioBourgogne.
Pour optimiser l’efficacité du Pyrévert, il faut traiter le soir, recommande Nicolas Constant, ingénieur-conseil à Sudvinbio : « Nous l’avons constaté dans nos essais en 2021, ce produit est plus efficace le soir que le matin. L’humidité est plus faible à ce moment de la journée. » Pour sa part, Agnès Boisson ne fait pas cette préconisation. « Beaucoup de vignerons associent le Pyrévert à du cuivre et du soufre, et les fenêtres de traitement sont parfois très courtes », justifie-t-elle. Le fait de l’utiliser en mélange nuit-il à son efficacité ? Non répond la conseillère, « l’efficacité du Pyrévert n’est pas impactée avec du cuivre et du soufre, nos essais l’ont prouvé ». Un avis partagé par Sudvinbio, qui met toutefois en garde contre les risques de phytotoxicité du produit avec le soufre mouillable.
Pas question, en revanche, de transiger sur la qualité de pulvérisation et les travaux en vert, souligne Agnès Boisson. « Ils assurent une part importante de l’efficacité du traitement. Le Pyrévert agit par contact sur les cicadelles qui en début de cycle, se nichent dans les pampres. Il faut donc épamprer avant le traitement pour que les larves remontent dans le feuillage. Il faut aussi bien relever les vignes, et appliquer le produit avec un pulvé doté de descentes dans le rang ou idéalement avec un face par face. Cela donne de meilleurs résultats qu’avec une voûte pneumatique. » Nicolas Constant, de Sudvinbio, confirme : « le pulvé doit être bien réglé et traiter en face par face, afin de déposer un maximum de produit sous les feuilles, là où se trouvent les cicadelles ».
Pour vérifier l’efficacité du traitement, Agnès Boisson et Nicolas Constant préconisent des comptages de cicadelles dans les vignes avant et après l’application. Hors le Pyrévert, pas d’alternative. « L’huile essentielle d’orange douce n’a montré aucune efficacité contre S. titanus, note Nicolas Constant. Et d’insister « ce ne sont pas seulement les traitements qui permettront de mettre fin à la maladie, les prospections et les arrachages de pieds contaminés sont aussi indispensables ».