Retard ou absence d’aoûtement, desséchement des grappes, feuilles enroulées ou craquantes, avec une couleur qui vire au rouge ou violet pour les cépages rouges et au jaunâtre pour les cépages blancs. C’est en septembre que les signes de la maladie sont les plus faciles à reconnaître. « Certains cépages expriment plus la maladie que d’autres, précise Ana Chavarri Padilla, conseillère viticole à la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône. Et un seul rameau sur le cep peut être touché. » Les symptômes de la flavescence dorée sont identiques à ceux du bois noir, une autre jaunisse. Seule une analyse en laboratoire permet de distinguer les deux.
À l’accumulation de phytoplasmes dans les conduits de sève. Ils sont transmis par une cicadelle, Scaphoïdeus titanus, qui les transporte après s’être nourrie sur un cep contaminé.
Tout pied contaminé doit être arraché, de même que les parcelles contenant 20 % ou plus de ceps atteints. « Il est également essentiel de bien épamprer car les premières larves se nichent dans les pampres », indique Ana Chavarri Padilla. La technicienne recommande aussi d’opter uniquement pour des plants traités à l’eau chaude lors des plantations. Une précaution qui est d’ailleurs devenue obligatoire dans les zones exemptes de flavescence depuis la parution, le 2 mai 2021, du nouvel arrêté relatif à la lutte contre la maladie, sauf « si les pépinières dont sont issus les plants sont situées en zone exempte et que les porte-greffes et les greffons qui les composent sont issus de vignes-mères situées en zone exempte, ou ont été traités à l’eau chaude ».
Affirmatif, déclare Ana Chavarri Padilla : « Les écimeuses et les machines à vendanger peuvent transporter des cicadelles. Nous l’avons prouvé pour l’écimeuse. Il y a un risque fort que la vendangeuse en diffuse aussi. Nous recommandons de commencer à travailler avec ces engins dans les parcelles saines ou ne présentant pas de suspicions de ceps atteints, pour ensuite aller vers les parcelles où la maladie est présente. Lors du passage d’une parcelle à l’autre, nous conseillons d’enlever les débris végétaux sur les engins.». À la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, Marc Guisset, conseiller viticole et chargé d’expérimentations, estime pour sa part que c’est davantage le vent qui va disperser les cicadelles sur de longues distances.
Oui, ainsi que les repousses de porte-greffes, souligne Sophie Bentéjac, directrice du Groupement de défense contre les organismes nuisibles (GDON) des Bordeaux. « Les vignes abandonnées et les repousses de porte-greffes peuvent héberger la cicadelle vectrice et le phytoplasme. Au stade adulte, ces cicadelles peuvent migrer vers des vignes cultivées situées à proximité. Ces friches représentent donc un risque important de recontamination des vignobles. »
Elles sont détaillées par des arrêtés préfectoraux dans chaque département concerné. Ceux-ci imposent à tout exploitant de vignes ou de vignes-mères de prospecter ou de faire prospecter son vignoble par ou sous le contrôle d’un OVS (organisme à vocation sanitaire), des Fredon le plus souvent. Ces contrôles doivent être réalisées après la véraison et jusqu’à la chute des feuilles. En cas de symptôme, déclarez-le à la Fredon ou à la Draaf/Sral. Les pieds contaminés doivent être arrachés. De même pourles parcelles présentant 20 % ou plus de ceps atteints en cumul sur trois campagnes consécutives. Veillez à bien extirper les racines.
La lutte obligatoire comprend aussi des traitements insecticides contre la cicadelle vectrice. Les arrêtés préfectoraux en définissent le nombre (entre un et trois selon les secteurs), et les dates auxquelles ils doivent être réalisés. « Nous conseillons aux vignerons de faire des comptages de larves et de cicadelles dans leurs vignes pour positionner au mieux le traitement durant la période indiquée par la Draaf », explique Ana Chavarri Padilla.
Les seuls produits disponibles sur le marché sont le Pyrévert en bio et des pyréthrinoïdes en conventionnel. Pour 2022, la liste s’est encore réduite avec les retraits de Clameur, Mageos et Ducat. Ana Chavarri Padilla recommande d’opter pour un produit « dont le classement toxicologique et écotoxicologique est plus favorable pour l’utilisateur et l’environnement ». Attention, les produits à base d’indoxacarbe ou d’huile essentielle d’orange douce, bien qu’ayant une homologation « cicadelles », ne sont pas assez efficaces contre celle de la flavescence. Ils ne doivent pas être utilisés pour les traitements obligatoires. À noter : les traitements obligatoires peuvent être exemptés de Zone de Non Traitement (ZNT) riverains et aquatique si l’arrêté préfectoral le précise.
Oui. Si les prospections ne révèlent pas de nouveaux ceps atteints, le Sral-Draaf (service régional de l'alimentation de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) peut réduire le nombre de traitements obligatoires l’année suivante. Des aménagements sont aussi possibles en cours d’année. « Le troisième traitement obligatoire peut être supprimé par la Draaf si l’efficacité des deux premiers passages est prouvée par des comptages dans certains cas », ajoute Ana Chavarri Padilla.
« En allant dans ses parcelles quelques jours après pour faire des comptages de larves et de cicadelles en retournant les feuilles, par temps calme. Si des cicadelles sont encore présentes dans les vignes, on les découvre rapidement », explique Marc Guisset.