gricivis ? Un jeu d’enfant pour Céline Robergeot-Cienki, à la tête du domaine La Pascerette des Vignes, 6 ha, à Sologny, en Saône-et-Loire. En mars 2021, elle a adopté cette application qui vise à pacifier les relations avec les riverains. Sa propriété est entourée d’une dizaine de maisons, certaines se situant à seulement dix mètres de ses vignes. « Agricivis a été très facile à mettre en place. Sur les parcelles que j’ai géolocalisées, j’indique en temps réel le moment où j’y accède et le traitement que j’y fais. L’avantage de cette application est que tout ne repose pas que sur les viticulteurs. Nous informons les riverains de ce que nous faisons. Libre à eux de télécharger ou pas l’appli », explique-t-elle. La viticultrice y indique non seulement les traitements qu’elle réalise, mais aussi tous les autres travaux (pliage, tonte, palissage, travail du sol…), le tout assorti de photos qu’elle publie régulièrement. Bref, de la pédagogie pour maintenir un climat apaisé. Le hic ? « Je n’ai aucun retour. Je ne peux pas savoir qui a téléchargé l’application », lâche-t-elle.
En Gironde, à Saint-Sauveur, Michel Marengo du Château Hourtin-Ducasse, 18 ha, ne dit pas autre chose : « Je n’ai pas d’infos sur ceux qui se connectent. » Lui utilise, depuis mars 2021, BVE 33, la déclinaison girondine de l’application Agricivis. « J’ai rentré une quinzaine de parcelles. Pour les traitements, je sélectionne celle sur laquelle j’interviens en indiquant la date. » Une quarantaine de maisons sont proches de ses vignes. Mais « avec cette appli, on touche tout le monde, y compris ceux qui viennent se promener dans le Médoc, intéressés de savoir s’il y a des traitements en cours ou pas », souligne-t-il.
À Blanquefort, Virginie Mahieux, directrice d’exploitation du Château Dillon, 40 ha, en zone rurbaine, dans le giron du lycée agricole de Blanquefort, aimerait aussi connaître la progression des connexions. La propriété est entourée par une soixantaine de maisons. C’est en juin 2021, que le château a adopté BVE 33. Dès sa mise en route, Virginie Mahieux a averti par SMS les enseignants du lycée et les riverains. Pas de réactions de ces derniers. Mais de bonnes relations. Pédagogue, elle tient notamment une réunion annuelle pour présenter le calendrier des traitements et BVE 33. Convaincue de l’utilité de cette appli gratuite, qu’elle juge « facile à mettre en place et rassurante », Virginie Mahieux s’étonne du peu de communication autour. Alors, c’est décidé, elle va faire de la pub sur les réseaux sociaux pour expliquer que grâce à BVE 33, on peut maintenir un climat serein dans les vignes.
« En communiquant entre agriculteurs et riverains, on apaise les tensions », répète Guillaume Paire, l’animateur de Vitilab, le pôle numérique viticole de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, qui a codéveloppé avec la société SafyCity l’application Agricivis. Lancée début 2021, celle-ci est téléchargeable gratuitement sur smartphone et joue la simplicité : le viticulteur géolocalise ses parcelles et il clique dans une liste prédéfinie, l’intervention qu’il va réaliser (traitements, travaux du sol, apports nutritifs, travaux en vert, désherbage…). Le riverain qui a téléchargé l’appli reçoit une notification en temps réel. En Gironde, la chambre d’agriculture l’a adopté mais en a changé le nom : BVE 33. Dans le département, 1 055 personnes dont 311 professionnels l’ont téléchargée. Certaines communes viticoles comme Listrac prônent son utilisation par des affichages sur ses panneaux lumineux. En Saône-et-Loire, 700 personnes sont inscrites dont une centaine d’agriculteurs.