nspirant pour les uns (avec sa vision sur le développement durable, de la vigne au chai) ou clivant pour les autres (avec son départ mouvementé de la cave coopérative des Vignerons de Buzet), Pierre Philippe laisse rarement indifférent parmi les gens du vin. Il rejoint actuellement Cordier by InVivo, la filiale vin du premier groupe coopératif français, avec la mission de « recréer une activité de négoce de vins » précise-t-on chez InVivo. Encore en lancement, ce nouvel outil s’inscrit dans la nouvelle stratégie vitivinicole d’InVivo, avec d’une part l’outil de sourcing Sudvin, achetant du vin en vrac notamment aux 10 unions de coopératives adhérentes* et de l’autre l’activité commerciale de Cordier.
Depuis le départ de Philippe Leveau en août 2024 (il était directeur général délégué depuis 2020), la direction de Cordier est assurée en intérim par Thierry Blandinières, le directeur général d’InVivo, qui ne cache pas vouloir remettre de l’ordre dans ses affaires après une décennie de projets et de développements aux résultats pour le moins mitigés. S’étant impliqué depuis 2015 dans la filière vin, le groupe coopératif affiche ses ambitions pour la marque Mythique (comme gamme emblématique en Pays d’Oc et AOC Languedoc) a réalisé une importante refonte de Café de Paris (désormais en vin de France, bouteille réemployable, zéro degré, crémant de Bordeaux…)… Mais fait face à une crise de la consommation et des trésoreries qui n’épargne aucun opérateur. La question des prix cassés ayant une signification particulière alors que le négociant Excell (filiale de Cordier) a fait appel de sa condamnation pour des vins du Médoc achetés à des prix abusivement bas (jugement de Rémy Lacombe du tribunal de commerce de Bordeaux rendu le 22 février 2024).
Les sujets et défis ne manqueront donc pas pour Pierre Philippe, œnologue de Bordeaux ayant suivi le master d’économie du vin de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin) et le master d’administration des entreprises de l’IAE d’Aix-Marseille. Ayant notamment travaillé pour Ropiteau Frères en Bourgogne (Meursault) et la Compagnie Rhodanienne (groupe Taillan), il reste indissociable des Vignerons de Buzet (Lot-et-Garonne). Remercié début 2024, Pierre Philippe avait pris les rênes de la coopérative l’été 2005, alors qu’elle était en cessation de paiement et croulait sous les stocks (notamment du millésime 2000, qui n’avait pas pris la valeur escomptée, mais était partie en distillation de crise). Parmi ses réalisations en dehors de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), Pierre Philippe peut revendiquer l’acquisition du château de Buzet en 2018 (avec le lancement d’une cuvée éponyme), le rachat de Rigal en 2021 (à Advini, qui est devenu un partenaire pour la distribution à l’international, quand InVivo avait un accord commercial pour la France)... En 2021, Buzet s’associait déjà avec deux filiales du groupe InVivo (Agrosolutions et Fermes Leader) pour mesurer les effets de l’agroforesterie, de l’introduction de cépages résistants et des aménagements d’hydraulique douce, de la vigne à la cave. De quoi inspirer, ou cliver ?
* : Agamy dans le Beaujolais, la cave de Labastide dans le Sud-Ouest, Ocealia à Cognac, Rocca Maura en Côtes-du-Rhône, Saint Maurice dans les Cévennes, Les Terroirs du Vertige dans le Languedoc, Univitis à Bordeaux, Val d’Orbieu en Languedoc, Vendéole en Languedoc et Vivadour dan le Sud-Ouest.