as de photo ni de déclarations pour Pierre Philippe à l’occasion de ce salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Présent sur le stand des Vignerons de Buzet (130 adhérents, 26 millions € de chiffre d’affaires), le directeur de la cave coopérative du Lot-et-Garonne n’indique qu’une chose : « je m’en vais le 30 avril ». Ayant signé un protocole de départ lui imposant la réserve, Pierre Philippe quittera la cave de Buzet-sur-Baïse après 19 ans de direction. De son silence, il semble que le commun accord sur son départ soit plus du fait de la présidence de la cave que du sien. Ce que confirme Sud-Ouest, évoquant un licenciement pour raisons économiques. Il semble que d’autres raisons aient été à l’œuvre, entre demande des adhérents de dégager une meilleure rémunération et critique de la stratégie suivie en pleine crise de déconsommation des vins rouges.
Pierre Philippe avait pris les rênes de la coopérative en mai 2005, alors qu’elle était en cessation de paiement et croulait sous les stocks (notamment du millésime 2000, qui n’avait pas pris la valeur escomptée, mais était partie en distillation de crise). Parmi ses réalisations, Pierre Philippe peut revendiquer l’acquisition du château de Buzet (avec le lancement d’une cuvée éponyme), le rachat de Rigal (à Advini, qui est devenu un partenaire pour la distribution à l’international, quand InVivo a un accord commercial pour la France) et l’accent mis sur le développement durable : agroécologie, agroforesterie… et parcelle expérimentale.
Plantée en 2019 sur 17 hectares anciennement utilisées pour l’épandage des effluents de la cave*, la parcelle "New Age" teste des cépages exotiques (résistants comme méditerranéens) et des modes de conduite atypiques sur les cépages classiques (comme la taille rase de précision ou la plantation de vignes sur parcelles couvertes d’herbe ou l’éco-pâturage par des moutons) au milieu de 1 500 arbres (plantés entre les ceps et/ou entre les rangs). Si les 28 modalités d’essai sont toujours en cours d’expérimentation, pour tendre vers le graal du zéro intrant viticole, la cave commercialise sa première cuvée issue de ces essais : "Eranova". Millésimées 2023, les 10 000 bouteilles de ce vin bio sans indication géographique réunissent des cépages du Sud-Ouest (malbec et merlot) comme du Sud (marselan, niellucio, syrah et tempranillo) et de l’INRA (artaban et vidoc). Un mélange inconoclaste pour une histoire à raconter sur une étiquette bavarde (photo ci-dessous).
Restant mutique, Pierre Philippe n’évoque qu’un seul projet d’avenir pour sa part : celui de parcourir le chemin de Compostelle.
La cuvée "Eranova" est destinée au circuit traditionnel, avec un prix de vente conseillé de 10,5 €.
* : Ces effluents sont orientés depuis 2017 vers un "jardin des filtres", une station d’épuration par biomimétisme.