L’objectif est atteint : traiter par les plantes la totalité de nos effluents viticoles » se félicite Yoan Lecuona, le responsable qualité des Vignerons de Buzet. N’étant plus satisfaite de son système d’épuration par épandage, la cave coopérative du Lot-et-Garonne vient de mettre en fonction une station d’épuration reposant sur le biomimétisme : « le jardin des filtres ».
Se présentant comme « le plus grand écosystème d’épuration d’Europe », ce système innovant se veut le plus naturel possible. Avec 9 000 plantes issues de 30 espèces locales, ce jardin d’épuration devra traiter en moyenne les 15 millions de litres d’eaux usées rejetés chaque année par la cave pour produire 10 millions L de vins*. Fruit d’une intégration aussi visuelle qu’environnementale, cette station se pose en « zone humide ». Mimant une mare jusqu’à l’odeur, l’outil d’épuration n’utilise pas d’intrants chimiques et privilégie la biodiversité (avec des enrochements pour attirer batraciens, insectes, reptiles…).


Avant d’être rendus au milieu naturel (soit la rivière voisine de la Baïse), les effluents sont traités en quatre étapes. Contenant des résidus de matière organique (jus de raisin, levures, vin…), ces eaux de nettoyage et de rinçage sont aérés et brassés afin d’éviter toute fermentation et réduire les nuisances olfactives. Des canalisations amènent ensuite les eaux usées à des casiers de roche volcanique où sont plantées des plantes selon leurs capacités épuratoires (iris jaune pour l’assimilation des effluents ou nénuphars jaunes pour éviter les algues vertes).
Ces bacs sont d’abord positionnés en filtres verticaux (permettant la séparation de la matière organique en suspension) puis en filtres horizontaux (assurant la dégradation et la transformation des impuretés). Au final, l’eau est réoxygénée avant d’être rendue à la rivière (pour l’instant le circuit est encore fermé, le temps d’analyses).
Ces filtres innovants ont été mis en place par l’entreprise BlueSET, « plus habituée à travailler chez les particuliers et dont c’est le premier jardin de ce type à échelle industrielle » précise Yoan Lecuona. Au final, ce jardin aura coûté un million d’euros, soit deux fois moins qu’une station d’épuration classique pour ces volumes.
En fonction depuis moins d’un mois, l’outil sera officiellement inauguré ce premier septembre, à l’occasion du ban des vendanges des Vignerons de Buzet. Qui placent malicieusement leur fête des vendanges sous le signe de l’eau et du vin. Le parcours présentant ce dispositif au public sera ouvert dans la foulée.
* : En moyenne, 1 litre de vin nécessite 1,8 litre d’eau pour être produit précise Yoan Lecuona.
Le chantier a commencé en octobre 2016, il s’est achevé en juin dernier. En tout, 5 000 m2 ont été aménagés, dont 500 m2 de bassin.