u printemps 2019, les vignerons de Buzet se sont lancés le défi de rendre une vigne conduite en bio autofertile, en s’interdisant toute utilisation d’intrants chimiques.
« Nous avons choisi une parcelle expérimentale baptisée New Age de 17 ha, plantée 11,5 hectares de vigne, et de 5,5 ha de haies et d’arbres, et mis en place 30 modalités différentes, chacune de 50 ares et 1 200 pieds, afin de tester des techniques viticoles de rupture » rappelle Carine Magot, responsable du service vigne de la coopérative.
La parcelle n’a pas été épargnée par les aléas climatiques. « Nous avions eu des difficultés à monter les pieds bien impactés par la grêle en 2019 et depuis les -4,5°C de ce début avril certaines zones ne sont pas encore reparties. »
Ces incidents ont frustré les équipes, mais ne les ont pas découragées. La coopérative du Lot-et-Garonne vient de s’associer avec deux filiales du groupe InVivo (Agrosolutions et Fermes Leader) pour vérifier de manière scientifique l’intérêt de l’agroforesterie, de l’introduction de cépages résistants et des aménagements d’hydraulique douce, de la vigne à la cave.
Les partenaires ont positionné 10 lots de 5 capteurs dans la parcelle. « Chaque lot comprend des sondes capacitives pour mesurer en temps réel l’humidité et la température au niveau du sol et des feuilles, un dendromètre pour suivre le stress hydrique et la croissance du végétal et enfin, de capteurs NDVI fixes pour mesurer le taux de couverture végétale et la vigueur de la vigne » détaille Carine Magot.
Ils ont en plus réalisé un diagnostic initial de tous les services environnementaux que ce vignoble innovant peut rendre. « Nous avons mis au point des modèles mathématiques pour suivre la qualité de l’eau, des sols. Nous allons également quantifier notre impact carbone et observer les effets des modes de conduite sur le paysage et la biodiversité » reprend la responsable vigne, qui espère pouvoir tirer un premier bilan dans 5 ans.


A l’automne dernier, la coopérative avait aussi fait appel à l’expertise de l’entreprise Biome Makers pour caractériser la taxonomie, la diversité et la capacité fonctionnelle du microbiome des sols. « Nous venons de refaire des prélèvements et aurons les résultats dans quelques jours. Cela nous donnera un premier aperçu des effets sur les microorganismes de nos couverts végétaux, de l’espacement entre les arbres et la vigne, ou de l’application de biostimulants » conclut Carine Magot.