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L’aide aux caves coopératives "traîne, comme si on jouait la montre. C’est terrible, plus on attend et plus les dégâts vont être importants."
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L’aide aux caves coopératives "traîne, comme si on jouait la montre. C’est terrible, plus on attend et plus les dégâts vont être importants."

La crise viticole frappe de plein fouet les caves coopératives, qui voient leurs stocks s’alourdir, leurs trésoreries s’alléger et leurs fragilités devenir des difficultés les mettant en péril. Demandant la mise en œuvre rapide du soutien de 10 millions € aux restructurations, Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, fait le point en amont du congrès national où sont attendues des annonces gouvernementales.
Par Alexandre Abellan Le 27 juin 2025
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L’aide aux caves coopératives
'Cette inertie me désole alors que l’on envoie des messages d’alertes depuis longtemps' témoigne Joël Boueilh. - crédit photo : DR
C

e jeudi 3 juillet, vous tenez à Paris votre congrès où vous attendez non seulement la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, mais surtout des annonces concrètes concernant les 10 millions d’euros prévus début 2025 pour l’aide à la restructuration des caves coopératives.

Joël Boueilh : C’est l’un des points clés sur lesquels je vais interpeller la ministre. Il y une situation générale problématique pour les caves coopératives qui ont besoin de se restructurer. Cela fait 18 mois que l’on interpelle les pouvoirs publics sur cette urgence. Nous avions eu un rendez-vous début mai avec la ministre, elle nous disait que l’audit du CGAAER (Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux) serait déclenché dès le lendemain. Mais rien n’a bougé : nous sommes toujours au même stade quand nous arrivons au congrès 2 mois plus tard. Je ne sais même pas qui sont les auditeurs désignés par le CGAAER. Pour l’instant, à ma connaissance, personne n’est sur le terrain pour auditer. Il n’y a eu aucune remontée de nulle part. Cette inertie me désole alors que l’on envoie des messages d’alertes depuis longtemps.

Ça traîne, comme si on jouait la montre. C’est terrible, plus on attend et plus les dégâts vont être importants. Avec des coûts, sociaux et environnementaux (pour des sites laissés à l’abandon), que l’on a du mal à évaluer. Au-delà de l’enveloppe négociée en début d’année, chaque fois que l’on prend du retard dans la mise en œuvre des mesures de restructuration et d’accompagnement, les coûts induits seront plus importants que prévus.

 

Quand vous dites que l’on joue la montre, est-ce par rapport à la volonté gouvernementale de trancher dans les budgets ? Les 20 millions d’euros de fonds d’urgence obtenus pour la viticulture fin 2024 (par le député Jean-René Cazeneuve qui s’est aussi mobilisé pour l’aide aux coopératives) ont ainsi disparu…

Ces 20 millions € semblent perdus corps et bien. Ce serait une très mauvaise nouvelle de perdre les 10 millions € pour les coopératives. Et le pire serait de ne plus avoir d’interlocuteur si le gouvernement était renversé. Nous vivons un drôle de temps, qui n’est pas comique.

 

Dans un contexte budgétaire serré, la ministre répète qu’elle a encore récemment aidé la filière*, avec des prêts de consolidation de la trésorerie9 millions € pour les jeunes viticulteurs1 million € pour l’arrachage des pépiniéristes

Beaucoup d’annonces ont été faites pour nous aider. Mais après l’annonce en grande pompe au SIA (salon de l’Agriculture), les prêts de restructuration ont en réalité une mise en œuvre quasi égale à 0 sur le terrain à cause des conditions d’accès inadaptées pour les trésoreries exsangues (frais de montage de dossier, avances à faire pour la caution même si une partie est prise en charge par la BPI…). En Gascogne, il n’y a presque aucun dossier monté pour restructurer les prêts viticoles sur 10 à 12 ans. En réalité, ce n’est quasiment pas opérationnel.

 

Les signaux d’alerte se multiplient dans la coopération : une cave dissoute dans le Gardle redressement de la coopérative de Saint-Estèphe,des tensions à la présidence et à la direction de groupes coopératifs…

La pression monte. On commence à voir des abandons d’activité en Occitanie, d’autres sont dans des situations de plus en plus précaires. Ça ne concerne pas que le Sud, il y a des remous de dirigeants (présidents ou directeurs) qui prennent la tangente ou sont poussés à la sortie. Il y a réelle tension dans la manière d’aborder ces problèmes dans les entreprises, pas seulement celles qui ne vont pas bien. La gestion du moment est extrêmement compliquée : les ventes s’amenuisent, les situations se retournent… On a l’impression que l’on n’a jamais vécu de pires moments par le passé.

 

En Occitanie on alerte sur le fait que les caves ne sont plus en capacité d’être des amortisseurs sociauxavec des diminutions d’acompte pour les adhérents et des réductions de l'emploi salarié.

C’est terrible à dire : nous ne sommes pas arrivés au bout du problème. Et toutes les régions de France toussent. Plus on attendra pour prendre des mesures fortes, pire ce sera. L’étude du CGAAER peut avoir la vertu de donner une vision générale de la viticulture et inciter à prendre des mesures chocs. Pour l’instant rien ne se passe, il n’y que des gens qui courbent un peu plus le dos chaque jour.

 

Vos messages à la ministre Annie Genevard seront donc fermes.

On doit avancer rapidement sur les sujets des caves coopératives, mais aussi du reste de la filière viticole. Nous interpellerons la ministre pour avoir un rendez-vous courant juillet avec toute la filière viticole afin de savoir si la viticulture est laissée de côté malgré la crise dans laquelle on se bat, on se débat et dont on n’arrive pas à s’extraire en réalité. La perspective d’une récolte 2025 qui s’annonce normale est inquiétante dans un contexte général difficile. C’est perturbant et inquiétant, pas seulement pour les Français, les Italiens et Espagnols ont les mêmes soucis (voir encadré). Il y a un besoin évident de prendre des mesures supplémentaires pour recalibrer notre potentiel de production. Tout l’enjeu est de savoir comment on le finance sur les budgets nationaux et les réserves de crise européenne.

Nous demanderons aussi où en sont les accords de durabilité pour construire un prix rémunérateur : l’article 210 bis pour les prix d’orientation des vins bio et HVE, dont on attend l’officialisation en juillet. C’est un sujet européens du paquet vin pour amener de la plus-value au vignoble sans fonds publics. Il y aura aussi une note plus positive en parlant avec la ministre de l’avenir, de l’adaptation des moyens de production, du plan de filière, de la remise en question étroitement liée aux capacités d’investir dans de nouveaux outils… Ce qui est lié à la capacité de mutualiser les investissements et de proposer des vins plus en phase avec les nouveaux consommateurs.

 

* : « Depuis mon arrivée à la tête du ministère de l’agriculture, je n’ai pas ménagé mes efforts en faveur de la filière viticole » déclare Annie Genevard ce 25 juin à l’Assemblée Nationale. La ministre rappelant qu’au gouvernement « nous avons d’abord appliqué le plan d’arrachage définitif, pour un coût de 110 millions d’euros. Nous avons lancé des prêts structurels et conjoncturels pour soutenir des trésoreries très affaiblies. Nous avons accordé une aide de 9 millions aux jeunes viticulteurs, et une autre de 1 million à la filière des pépinières viticoles. Nous avons aussi débloqué des fonds pour la prise en charge exceptionnelle des cotisations à la Mutualité sociale agricole, en particulier pour les viticulteurs. »

"Appel urgent"

Réunies ces 10 et 11 juin à Montepulciano (Toscane), les organisations viticoles du groupe de contact entre l’Espagne, la France et l’Italie s’inquiétent des risques géopolitiques pesant sur leurs commercialisations. Dans un communiqué, leurs représentants « ont lancé un appel urgent et unanime aux institutions européennes et à leurs gouvernements respectifs afin qu'ils s'engagent avec détermination à soutenir le dialogue multilatéral avec les autorités américaines et à parvenir dans les plus brefs délais à un accord "zéro pour zéro" garantissant enfin la stabilité aux entreprises. »

 

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