ouvenirs, souvenirs… Ce mercredi 4 décembre, juste avant le vote de la motion de censure du gouvernement de Michel Barnier, un fonds d’urgence viticole de 20 millions d’euros était voté à l’Assemblée Nationale, ciblant notamment les pertes de récolte liées au mildiou dans le vignoble après le rude millésime 2024. Ayant amorcé le fonds d’urgence sur le millésime 2023 (monté à 80 millions €), le député Jean-René Cazeneuve (Gers, Ensemble Pour la République) n’a pas oublié ces 20 millions € et y pensait encore ce 14 mai lors de l’audition de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en Commission des finances. Récemment publié, le compte-rendu de cette audition dévoile l’interrogation impatiente de l’élu gascon : « lors de la loi de fin de gestion, la représentation nationale a voté un fonds de 20 millions d’euros, tant la crise est profonde pour les viticulteurs. Il s’agit d’un des rares amendements passés en Commission Mixte Paritaire (CMP) à l’unanimité des sénateurs et des députés. Ces 20 millions d’euros ont été reportés en 2025, selon un engagement de la ministre du budget. Or je ne vois toujours pas de décret prévu sur l’utilisation de ce montant en 2025. Avez-vous des précisions à apporter à ce sujet ? »
Sur ces 20 millions € portés disparus, Annie Genevard répond que « ce montant a été adopté en fin de gestion 2024 et nous avons sollicité son report sur 2025, mais cette demande n’a malheureusement pas abouti. Ces fonds ne figurent donc pas dans le budget 2025. La censure du gouvernement a considérablement perturbé l’exécution budgétaire, ce qui s’est ajouté aux restrictions budgétaires que nous avons dû appliquer. » La filière vin peut donc faire une croix sur ces aides. Mais la ministre précise que l’exécutif poursuit « des efforts en faveur de la viticulture. En 2024, nous avons alloué, et quasiment entièrement déboursé, 120 millions d’euros, dont 110 millions pour l’arrachage viticole afin de diminuer la production. Nous avons également accordé des prêts structurels pour soutenir la trésorerie des exploitations et octroyé 10 millions d’euros spécifiquement aux jeunes agriculteurs, avec un accent particulier sur les jeunes viticulteurs. » Ou plutôt 9 millions € pour les jeunes viticulteurs, le solde d'1 million € des fonds "arrachage Ukraine" étant fléché pour l’aide à l’arrachage des pépiniéristes.
« S’ajoutent à cela les 10 millions destinés aux caves coopératives, conformément à l’amendement que vous avez fait adopter » indique la ministre, qui a « confié au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) une mission sur la restructuration des caves coopératives. » Un travail qui ajoute du délai et de l’impatience alors que les caves coopératives ne cachent plus leurs difficultés. Consciente des défis de la filière vin, Annie Genevard en connait par cœur la liste des problèmes : « premièrement, le changement climatique engendre des phénomènes météorologiques extrêmes tels que la grêle, la sécheresse, et, actuellement, un excès d’eau favorisant la prolifération du mildiou à un niveau très important. Deuxièmement, nous observons une évolution des habitudes de consommation, notamment une diminution de la consommation de vin, en particulier de vin rouge. Parallèlement, nous faisons face à une production qui ne correspond pas aux capacités d’absorption du marché. Enfin, les tensions géopolitiques nous privent de certains marchés. » Le constat est clair pour la ministre : « cette conjonction de facteurs crée une situation extrêmement préoccupante qui combine des problèmes structurels et conjoncturels. Parmi les difficultés structurelles, nous constatons une fragilité du système coopératif, qui a longtemps soutenu la viticulture française. » Les caves coopératives espèrent la venue de la ministre lors de leur congrès national, ce 3 juillet à Paris, tandis que les représentants de la filière vin sollicitent une rencontre avec la ministre dans les prochaines semaines.