ntre l’inauguration du stand du ministère et un déjeuner avec les représentants agricoles, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a signé ce dimanche 23 février au salon de l’Agriculture la première convention de consolidation des prêts structurels avec les principaux établissements bancaires (Banque Populaire Caisse d’Épargne, Crédit Agricole et Crédit Mutuel CIC) et la Banque Publique d’Investissements (Bpifrance) au bénéfice d’un vigneron. À la tête du domaine des Homs (16 hectares de vignes bio en production à Rieux-Minervois), Jean-Marc de Crozals vient de signer un accord de principe avec sa banque, le Crédit Agricole : « c’était vital, j’étais au taux endettement maximum (30 %) » témoigne le vigneron : « même si on a beaucoup de prêts finissant dans les prochaines 5 années (comme les PGE), c’est un bol oxygène. La trésorerie est dans le rouge, on a beaucoup investi (dans la production et la commercialisation), les charges ont augmenté, j’ai du personnel, la conjoncture n’est pas favorable à l’export et sur le marché français. C’était un peu tendu avec les fournisseurs, avec la MSA, avec un peu tout le monde… Ça permettra de respirer un peu. »
Dans son discours d’inauguration du stand du ministère ce dimanche, Annie Genevard estime avoir rempli sa mission de soutien aux trésoreries avec la mise en place des deux dispositifs qu’elle a portés : « une offre de prêts conjoncturels bonifiés par l’Etat [est] disponible depuis décembre » (voir encadré) et « pour aider les producteurs dont les trésoreries ont été dégradées plus structurellement par des successions d’aléas climatiques, des prêts de consolidation garantis par l’Etat à hauteur de 70 % [sont] lancés tout de suite comme je m’y étais engagée ». Annoncé mi-novembre 2024, l’outil de garantie par l’État de prêt de consolidation des vignerons est plafonné à 200 000 € sur 12 ans pour les exploitants « dont le taux d’endettement global est supérieur à 50 % ou dont le rapport EBE/chiffre d’affaires est inférieur à 25 % ». Validé en février avec le Budget 2025, l’outil de « réaménagement des dettes et de renforcement des trésorerie » est désormais opérationnel jusqu’au 31 décembre 2025 « dans la limite de 518 millions d’euros » (pour « couvrir un encours maximal en principal de 740 millions d’euros »).


Si la mise en œuvre du dispositif de reconsolidation a pris du retard, il aboutit enfin et permet de ne pas perdre plus de temps salue Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Mobilisé sur le sujet, le vigneron de Fitou pointe que ces signatures constituent « l’étape ultime » pour déployer l’outil : « c’est un bon signal à toutes les entreprises viticoles pour leur donner la capacité d’améliorer leurs performances financières. Il y a urgence. Plus rien ne peut justifier que l’ensemble des réseaux bancaires ne traduisent pas rapidement et concrètement l’ensemble du dispositif. Il faut de la réactivité et une mise en œuvre ultra rapide, dans les jours qui arrivent. »
Avec ces aides bancaires à la reconsolidation, Jean-Marc de Crozals espère pouvoir « attendre sereinement » la diminution de son taux d’endettement. Et maintenir sa stratégie de développement pour lui permettre de continuer à planter des cépages blancs (1 ha/an) et à embouteiller (les fournisseurs demandant le règlement avant la livraison). « J’ai les marchés, mais je n’ai pas la trésorerie » résume le vigneron audois, notant l’« histoire sans fin de ne pas pouvoir payer l’électricité et les charges alors que j’ai les demandes. Amener un peu de trésorerie permettra de passer ce cap difficile. Je suis prêt à me battre, il faut que l’on m’en donne les moyens. Ce que j’ai signé aujourd’hui va me permettre d’attendre sereinement désendettement. »
Ce 14 février, le ministère de l’Agriculture annonçait le déploiement de l’aide au « premier volet des aides de trésorerie visant à répondre aux difficultés conjoncturelles des agriculteurs en 2024 ». Avec ses « prêts à taux bonifiés de moyen terme (2 à 3 ans) pour relancer la prochaine campagne des agriculteurs qui ont perdu au moins 20 % de leur chiffre d’affaires », cet outil disponible depuis décembre auprès de trois réseaux bancaires (Crédit Agricole, CM-CIC et BPCE) bénéficie désormais d’une plateforme pilotée par FranceAgriMer pour « obtenir la prise en charge financière, par l’Etat, d’une partie des intérêts sur les échéances du prêt ». Ce qui fait tomber « le coût de ces prêts [à] un taux d’intérêt maximum de 1,50 % pour les jeunes installés et de 1,75 % pour les autres ».
Concrètement, « le montant de ce prêt est plafonné à 50 000 € par exploitation. Pour les GAEC, ce montant maximum est multiplié par le nombre d’exploitations regroupées dans la limite de trois associés, soit un montant plafond de prêts de 150 000 » précise le ministère.