enant d’échanger avec la ministre de l’Agriculture, Anne Genevard, et ses services, rue de Varenne, le président des Vignerons Indépendants de France, Jean-Marie Fabre conserve un espoir : que toutes les paroles de soutien se transforment vite en actes concrets, « sonnants et trébuchants ». Si les prêts de trésorerie à court-terme sont désormais mobilisables en agences bancaires, « il y a besoin d’aller plus loin. Le vrai sujet pour la filière vin est celui de la consolidation bancaire » pointe Jean-Marie Fabre, qui rapporte que le prêt de consolidation plafonné à 200 000 € sur 12 ans avec la garantie prise en charge à 70 % par la Banque Publique d’Investissement (Bpifrance) est « cranté » pour la ministre, qui ne peut encore déployer le dispositif faute de budget dédié.
À la suite de la censure du gouvernement de décembre et l’absence de budget pour 2025*, le déploiement du prêt de consolidation n’a pu se faire comme prévu mi-janvier. Pour Jean-Marie Fabre il existe une solution : débloquer la situation d’ici la fin du mois, il faudrait que la Bpi donne directement un gage de 70 % le temps que le Budget soit voté et qu’un ligne de financement soit allouée. Espérant que cette solution temporaire puisse être appliquée sans plus attendre, le président des Vignerons Indépendants appelle les viticulteurs à aller voir leurs banques pour prévoir dès maintenant comment mobiliser les outils de soutien pour être prêt à les solliciter quand ils seront validés et efficients. En somme, « vignerons, allez travailler vos dossiers pour préparer le dispositif bancaire qui vous conviendra quand il sera opérationnel. On est dans le contre-la-montre pour sauver les trésoreries ! » martèle Jean-Marie Fabre, qui rappelle que « ce qui compte pour ranimer une personne victime d’un arrêt cardiaque, c’est le temps pour protéger les organes. Il faut un électrochoc ! »
Les 40 millions €
Autre dossier prioritaire, le fameux reliquat des 40 millions € de l’arrachage définitif : la différence entre les 110 millions € utilisés pour l’arrachage définitif et les 150 millions € promis le 31 janvier 2024 par l’ancien ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. A moins que l’on ne parle de 10 millions € de solde, le cabinet de Marc Fesneau ayant notifié une enveloppe de 120 millions à la Commission Européenne… En la matière, Annie Genevard a indiqué à Jean-Marie Fabre qu’elle sanctuarise les 10 millions € et s’engage à aller cherche un maximum des 30 millions € restants. « Ce fonds d’urgence doit être rapidement fléché et mobilisé pour les nouveaux installés et les jeunes agriculteurs qui souffrent le plus dans ce contexte de crise économique et d’aléas climatiques. Il faut aller vite dans les bassins où les excès et manques d’eau fragilisent les nouveaux vignerons » plaide Jean-Marie Fabre.
Autre point porté par le président des Vignerons Indépendants de France : le périmètre du crédit d’impôt de 2 500 € à la certification gouvernementale Haute Valeur Environnementale (HVE). « Nous sommes surpris qu’un engagement pris en juillet par le ministère de l’Agriculture soit actuellement remis en cause par Bercy. Nous demandons que soit tenu le principe que ce crédit d’impôt concerne les nouveaux certifiés et ceux certifiés au niveau trois passant au nouveau référentiel de niveau 4. Un nouveau référentiel est une nouvelle certification » plaide Jean-Marie Fabre.
Ces trois demandes doivent trouver une réponse d’ici le salon Wine Paris (10-13 février) espère Jean-Marie Fabre, qui note que pour l’ouverture du Salon de l’Agriculture (le 22 février), le gouvernement devra débloquer d’autres sujets budgétaires : exonérations sur l’emploi saisonnier (TODE), défiscalisation sur la transmission des vignobles…
* : Ce mercredi 15 janvier à l’Assemblée Nationale, Annie Genevard lançait aux députés qu’« en fin d’année dernière, j’ai également annoncé un important dispositif d’aide à la trésorerie destiné aux agriculteurs dont les exploitations souffrent de difficultés tant structurelles que conjoncturelles – liées notamment aux épisodes climatiques – afin qu’ils bénéficient de prêts préférentiels, bonifiés ou garantis par l’État. Je concentre désormais toute mon énergie à la mise en œuvre concrète de l’ensemble de ces mesures jusque dans les cours de ferme. La censure a en effet eu pour conséquence d’en décaler le calendrier. »