uccincte, l’annonce de soutien aux trésoreries du vignoble dévoilée par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ce mardi 5 novembre à Fabrezan (Aude) était trop imprécise et pas assez consolidée pour pleinement satisfaire et rassurer la filière vin en crise. Ce vendredi 15 novembre, le ministère précise les choses après un point avec les établissements bancaires. « Deux types d’aide vont être mis en place sous forme de prêts, distribués par les banques qui souhaitent participer au dispositif » annonce un communiqué. Sorte de prêt garanti à court terme plafonné à 50 000 € par exploitation, la « première aide [doit] accompagner les agriculteurs qui traversent des difficultés conjoncturelles (aléas climatiques ou sanitaires) [sous] forme des prêts de moyen terme (2 à 3 ans) et, grâce à un effort partagé entre la banque prêteuse et l’Etat, le coût de ce prêt diminuera significativement pour les agriculteurs, pour atteindre des taux d’intérêt maximums de 1,75 % pour un prêt de 24 mois et 2,35 % pour un prêt de 36 mois. Une bonification supplémentaire sera octroyée aux jeunes installés depuis moins de 5 ans pour aboutir à des taux d’intérêt maximums de 1,5 % sur 24 mois et de 2,15 % sur 36 mois. » Ce premier outil n’est accessible qu’aux domaines « ayant perdu au moins 20 % de leur chiffre d’affaires en 2024, par rapport à leur moyenne historique de référence, et activé au moins 60 % du montant de leur épargne de précaution, pour ceux qui en détiennent une »
Prêt de consolidation plafonné à 200 000 € sur 12 ans, la deuxième aide sera accessible début 2025 et « permettra de soutenir les agriculteurs qui traversent des difficultés plus structurelles du fait, par exemple, de l’impact du changement climatique » indique le ministère, dévoilant que « cette garantie sera déployée par Bpifrance à travers un dispositif nouvellement créé dédié aux agriculteurs, dont le pourcentage de couverture sera de 70 % du montant du prêt et dont le coût sera remboursé par l’Etat ». Le dispositif ne sera accessible qu’aux exploitants « dont le taux d’endettement global est supérieur à 50 % ou dont le rapport EBE/chiffre d’affaires est inférieur à 25 % » souligne la rue de Varenne, précisant que « chaque banque s’engagera à faire un effort sur les conditions financières pour en minimiser le coût pour le bénéficiaire ».


Des précisions et renforcements bienvenus. Comme le passage de la durée du prêt de consolidation d’une annonce de 5-7 ans à désormais 12 ans. De quoi permettre « un délai suffisamment long pour faire baisser l’annuité bancaire » salue Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants qui portait la mesure de consolidation des prêts depuis les vendanges. Pointant que des prêts de trésorerie sur 2 à 3 ans ne sont pas les plus adaptés à la filière vin dont les encours bancaires sont déjà hauts, le vigneron de Fitou (Aude) proposait de « délayer les encours dans le temps pour avoir de l’oxygène. » Les principaux réseaux bancaires rapportant que la maturité de la dette atteint dans le vignoble une durée moyenne de 7 à 9 ans. « Cela n’avait pas de sens de restructurer en deçà de 10 ans » pointe Jean-Marie Fabre, qui relève également la prise en charge des garanties à 70 % et qui « salue l’écoute de la ministre qui n’a jamais fermé la porte des discussions pour avoir un outil efficace. Cela va permettre aux entreprise de faire face dans un pas de temps court aux difficultés de trésorerie. »
Dans son communiqué, la ministre souligne que « grâce à cet effort exceptionnel de l’Etat et des banques, les agriculteurs les plus en difficulté pourront surmonter des situations financières qui, sans cela, auraient pu se révéler dramatiques. Ils pourront ainsi lancer la campagne 2025 et, pour d’autres, consolider leur exploitation qui doit s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique. » Alors que la fin d’année s’annonce chaude avec les mobilisations agricoles qui reprennent (demandant notamment de nouveaux allégements de charges, la réforme d’Egalim…), Annie Genevard annonce continuer « sans relâche à défendre une agriculture française plus que jamais d’intérêt général ».