ans être une complète surprise, l’annonce ce jeudi 26 février par le président américain Donald Trump de surtaxes de 25 % ciblant prochainement les produits européens inquiète la filière française des vins et spiritueux en confirmant ses craintes (et les stockages de précaution depuis la fin 2024). Ayant demandé à être sortis du jeu des sanctions transatlantiques, les cognacs, champagnes et autres crus de Bordeaux et de Bourgogne savent être dans le collimateur de l’administration Trump, ayant déjà subi des taxes punitives dans le cadre du conflit Airbus/Boeing (déjà de 25 % ciblant les vins et spiritueux français d’octobre 2019 à mars 2021, suspendue pour 5 ans jusqu’en juin 2026).
« Nous ne souhaitons pas réagir à ce stade, nous souhaitons attendre l’annonce officielle, et la portée exacte de ces potentielles taxes » glisse à chaud un représentant de la filière. Pour l’instant aussi menaçante que vague, cette annonce de futures sanctions est un coup de semonce diplomatique dans la lignée de la politique protectionniste du nouveau mandat de Donald Trump. Des annonces plus précises avaient été portées à l’encontre de la Colombie, du Canada et du Mexique ces dernières semaines, pour être suspendues dès que des négociations entre états avaient pu se nouer. En charge du commerce extérieur, la Commission européenne n’a pas caché être prête à répliquer par des droits de douanes si les États-Unis imposaient les produits européens. Pour les exportateurs de vins et spiritueux, la clé est de désamorcer tout conflit avant qu’il ne se déclenche, s’envenime et s’installe en plombant les performances de leurs produits. Mais aussi de gagner en indépendance commerciale en allant à la conquête de nouveaux marchés pour être moins dépendants du marché américain, première destination mondiale de consommation de vin.


L'opposition aux taxes sur les vins et spiritueux est partagée par les opérateurs américains. « Le vin est un produit de célébration qui ne doit pas être utilisé dans les conflits commerciaux » pose récemment Linda Reiff, la présidente des Napa Valley Vintners (NVV) s'étant ainsi rendue à Washington pour demander la levée des taxes douanières de Donald Trump à l’encontre des vins français lors du conflit transatlantique sur l’aéronautique. « Nous voulons tous être sur un pied d’égalité et ne pas être considérés comme des pions sur un échiquier » défend Linda Reiff, pour qui des tarifs douaniers punitifs ne sont « pas une bonne chose. Nous ne voulons pas de taxes ni de barrières douanières ou commerciales contre quelques vins que ce soit. » Un argumentaire toujours d'actualité entre Bruxelles et Washington.