renade dégoupillée ne demandant qu’à exploser et bouleverser des filières entières dans sa déflagration, la menace de taxes punitives du président américain Donald Trump sur les vins et spiritueux suscite interrogations et appréhensions. La meilleure défense restant l’attaque, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, plaide pour ne pas se laisser balloter par les évènements et anticiper le pire. « Il faut maintenir les liaisons diplomatiques, mais je suis convaincu que Donald Trump aime le rapport de force, le combat imposé à ses partenaires/concurrents. Il faut rentrer sur le terrain et combattre : il y a le Stade Toulousain en face de nous, mais si on n’y va pas, on ne jouera pas et on n’est sûrs que d’une chose, on ne pourra jamais gagner » lance ce supporter de l’Union Sportive Arlequins Perpignanais (USAP).
Alors que le gouvernement français annonce sa volonté de défendre ses secteurs stratégiques en cas de taxes américaines et que la Commission Européenne se dit prête à combattre pour son économie, Jean-Marie Fabre souhaite que les armes de dissuasion soient prêtes : « qui veut la paix, prépare la guerre ». Et le vigneron de Fitou (Aude) demande un soutien politique européen inédit sur la promotion des vins. En cas de nouvelles taxes Trump, Jean-Marie Fabre ne demande pas de fonds de compensation (comme cela fut demandé, en vain, en 2020), mais souhaite « un fonds de promotion complémentaire pour l’export ». Premier marché de consommation de vin au monde, les États-Unis restent en 2024 la première destination export en volume et valeur des vins français* : la fragilisation de ce débouché en cas de droits douaniers doit accélérer la diversification des destinations : « il faut être capable de préempter les marchés émergents : Asie du Sud-Est, Inde, Amérique du Sud, Afrique… Il faut avoir la capacité de conquérir. »
Ce que permettrait « un fonds de promotion pour tous les opérateurs, quelle que soit leur taille. Il est nécessaire d’alléger le coût de conquête de parts de marché » poursuit le président des Vignerons Indépendants, qui note qu’un fonds d’investissement promotionnel serait un coup double, permettant d’investir de nouvelles parts de marché qui s’additionneront à celles existantes, même quand il n’y aura plus de conflits commerciaux. Ce qui reste un objectif diplomatique, pouvant se nourrir d’accords de libre-échange. « De grâce, sortons les vins des paquets agricoles et des distorsions de concurrence. Sortons de cette posture qui va nous faire claquer les ischio-jambiers. Intégrons le vin aux secteurs de l’industrie, du luxe, de l’aéronautique… » plaide à nouveau Jean-Marie Fabre.
En somme, « il faut de la diplomatie et du combat : renoncer c’est avoir déjà perdu » conclut-il.
* : Les États-Unis ont importé 19,5 millions de caisses de vins français pour 2,3 milliards € en 2024 (+11 et +8 % par rapport à 2023) d’après la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS), dont le président, Gabriel Picard, défend sur Wine Paris la priorité à la diplomatie pour signer des accords de libre-échange et résoudre des conflit (plus qu’un recours à un fonds de compensation).