uvrant ses portes ce lundi 10 février, le salon Wine Paris voit ses allées remplies de visiteurs et de délégations ministérielles : trois ministres ont fait le déplacement, chacun reconnaissant le poids économique, le supplément culturel et l’impact sur les territoires de la filière vitivinicole. Qu’il s’agisse de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard déclarant que « le vin est bien plus qu’une industrie, c’est une culture », de la ministre déléguée chargée du Tourisme de la France, Nathalie Delattre soulignant que « les vignerons ont compris depuis longtemps que le tourisme était un levier de résilience et de croissance », ou du ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin,
Chaque membre de l’exécutif affirme également connaître les risques pesant sur les marchés américains (la diplomatie par les menaces de taxes du président Donald Trump) et chinois (les enquêtes antidumpings et mesures de rétorsion, comme la guerre commerciale sur les voitures électriques emportant les cognacs et armagnacs). Si « la France est le premier exportateur en valeur de vin et spiritueux (contributeurs majeur dans la balance du commerce extérieur avec 15 milliards d’euros d’excédents en 2023) », Rodolphe Lameyse, le directeur général de l’organisateur de Wine Paris, Vinexposium, pointe qu’« aujourd’hui ce leadership est challengé par de nouvelles dynamiques mondiales : l’émergences de nouveaux marchés, de nouvelles réglementations, des tensions commerciales et barrières tarifaires qui, malheureusement, montrent le bout de leur nez aux quatre coins du monde ». Faisant de Wine Paris un point de résistance à ces tendances isolationnistes et de rendez-vous multilatéral pour solidifier les relations commerciales, le directeur du salon lance à la filière, et aux ministres, que « nous avons une responsabilité collective, celle de défendre le commerce des vins et spiritueux. ».


Pointant que « deux marchés concentrent aujourd’hui nos attentions pour les vins et spiritueux, la Chine et les États-Unis », Laurent Saint-Martin affirme que « le gouvernement est aux côtés de l’ensemble des filières françaises pour les soutenir financièrement, pour mettre à disposition des outils exceptionnels*. Que les choses soient très claires. Nous ne vous laisserons pas tomber. » Précisant son propos, le ministre délégué au commerce extérieur ajoute que « nous ne vous laisserons pas tomber, ça veut dire que nous maintiendrons le même niveau exigence sur les mesures que nous considérons injustifiées et inacceptables » concernant les mesures de rétorsion chinoises visant les cognacs et armagnacs depuis octobre 2024 (des cautionnements bancaires à l’importation).
Sur le marché chinois des brandies, « nous sommes pleinement conscients des enjeux, des menaces et des dangers pour les prochains mois. S’il y a des nouvelles et motifs d’espoir, je pense au calendrier repoussé par les autorités chinoises qui permet de faire un travail de discussion de haut niveau, soyez bien convaincus que nous suivons ce dossier au quotidien » martèle Laurent Saint-Martin, ajoutant être « dans la préparation que nous sommes en train de de faire d’un déplacement ministériel que j’espère incarné le plus haut possible en Chine pour avoir ce niveau de discussion et surtout pouvoir résoudre ces différents ». Si le président de la République, Emmanuel Macron, a encore répété récemment que le premier ministre, François Bayrou, irait rencontrer son homologue en Chine pour lever les tensions, il semble que le quai d’Orsay préfère rester prudent sur les personnes qui seront finalement du voyage. Dont les enjeux politiques sont clairs, même si la Commission Européenne conserve les prérogatives de diplomatie commerciale, et que la France ne veut pas « renier notre position sur les véhicules électriques chinois, qui est une position qui n’a rien à voir et que la filière des brandies ne doit pas subir » précise Laurent Saint-Martin.


Si les États-Unis n’ont pas annoncé de taxes sur les vins et spiritueux français, « il faut être vigilant face à l’attitude et aux propositions du président américain depuis son investiture. Vigilance parce que nous devons comprendre la volonté réelle des États-Unis entre les annonces et la mise en place de tarifs concrets » indique le ministre délégué, pour qui « jamais nous ne devrons nous retirer d’un dialogue positif avec un partenaire commercial de premier rang. Nous devons continuer à construire agenda un commercial qui croit. Ne pas subir et être attentif. »
Une stratégie plus facile à dire qu’à faire. Mais Laurent Saint-Martin invite les exportateurs français à « diversifier les marchés de demain » pour « ne pas être dépendant des deux grands marchés » en ciblant « des marchés certes plus petits marchés américains et chinois, mais qui sont des marchés de croissance ». Le ministre rappelant qu’en matière de prospection export, une équipe de France existe : les Chambres du Commerce et de l’Industrie (CCI), Business France, la Banque Publique d’Investissement (BPI), les Douanes, l’Institut National de la Protection Industrielle (INPI), les régions et les conseillers au commerce extérieur. Le but étant de « rester offensif et positif par rapport au commerce international » conclut le ministre. Un cap partager par tous. Il n’y a plus qu’à…
* : Comme l’évolution du rendement de l’AOC Cognac tout juste acté, avec une possibilité d’augmentation du rendement proportionnelle à la réduction du potentiel de production (par arrachage ou non replantation). « S’agissant Cognac très malmené par les Chinois, la filière peut témoigner que j’ai tout fait dans le champ de mon ministère pour adapter très vite le cahier des charges afin d’amortir les conséquences des rétorsions chinoises » pointe Annie Genevard.