i les Chinois n’ont que peu réagi à cette annonce pour le moment – les fêtes du Nouvel An prennent fin ce 4 février – les Canadiens et les Mexicains ont déjà riposté suite à l’imposition de droits de douane à hauteur de 25% (contre 10% sur les produits chinois, déjà impactés par des droits de douane existants). Estimant que cette taxation met à mal « des relations commerciales historiques » entre le Canada et les Etats-Unis, sans parler de la violation de l’Accord de libre-échange entre les deux pays, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a répondu du tac au tac en annonçant l’instauration de 25% de droits de douane sur les produits américains importés. Et de citer, « la bière, le vin et le bourbon américains » parmi les marchandises d’une valeur globale de 155 milliards CAD (soit 103 milliards €). Ces produits devaient se voir imposer ces taxes dès aujourd’hui pour une valeur de 30 milliards CAD, puis dans 21 jours pour le restant, pour que « les entreprises canadiennes aient le temps de trouver des alternatives ». L’élu sortant canadien a encouragé les consommateurs à « jouer un rôle » en privilégiant des produits « Made in Canada » et en évitant de passer leurs vacances aux Etats-Unis.
Retrait des alcools américains en Ontario
Dès l’annonce des droits de douane sur les produits canadiens, le gouvernement ontarien a ordonné le retrait de tous les produits américains des linéaires des magasins du monopole provincial la LCBO. « À compter du 4 février 2025, les spiritueux, les vins, les bières, les prêts-à-boire et les produits non alcoolisés fabriqués aux États-Unis ne seront plus offerts dans les succursales, les canaux de commerce électronique et les comptoirs express de la LCBO. Les clients de la vente en gros, y compris les épiceries et les dépanneurs, les bars, les restaurants et les autres détaillants, ne pourront plus passer de commandes de produits américains », précise un communiqué du monopole en date du 2 février. La LCBO référençait plus de 3 600 produits issus de 35 Etats américains pour des ventes annuelles totalisant jusqu’à 965 millions CAD (soit 642 M€).
Les ALE jetés aux oubliettes ?
Si les différents Premiers ministres dans les provinces canadiennes se montrent unis derrière Justin Trudeau, la Présidente mexicaine Claudia Sheinbaum lui emboîte également le pas en annonçant son intention de mettre en place son « Plan B ». Aucun chiffre n’a été avancé pour l’heure mais le Mexique pourrait à son tour appliquer des droits de douane du même ordre que ceux des Etats-Unis sur les produits mexicains, ainsi que des mesures non-tarifaires. Dans les deux cas, les chefs d’Etat dénoncent le non-respect des accords de libre-échange mais comme le souligne le cabinet d’avocats internationaux White & Case, « les partenaires d’accords de libre-échange ne seront pas exempts de ces actions » qui iront au-delà des simples conflits commerciaux pour concerner « toute politique étrangère ».
La filière californienne inquiète
De son côté, la filière vitivinicole américaine s’émeut des droits de douane appliqués aux importations canadiennes, et de la riposte canadienne. « Le Canada est le marché export le plus important pour les vins américains avec des ventes au stade du détail qui dépassent 1,1 milliards $ chaque année », a rappelé Robert P. Koch, PDG du Wine Institute en Californie. « L’ensemble des boissons alcoolisées font actuellement face à des défis sans précédent sur les marchés et ces droits de douane et retraits de produits des linéaires interviennent à un moment où leur impact sera particulièrement difficile à absorber », a martelé le représentant américain, exhortant les autorités à retirer le vin de la liste des produits visés par des rétorsions commerciales.
Dans cette situation hautement évolutive, une entente provisoire a pu être trouvée à la dernière heure pour suspendre momentanément l’application des droits de douane du côté des Etats-Unis et du Canada, un délai de 30 jours étant évoqué. Faut-il voir dans la réponse canadienne un exemple à suivre…?