résentant l’évolution des exportations mondiales de vin de 1924 à 2023, ce 11 février sur le salon Wine Paris, le docteur John Barker, directeur général de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), souligne que ces courbes racontent l’histoire de l’internationalisation du commerce du vin, qui n’a cessé de se développer depuis l’après-guerre. Une courbe de la mondialisation qui ne dessine que la partie émergée de l’iceberg, comme le démontre Giorgio Delgrosso, le responsable des statistiques de l’OIV, qui présente les premiers éléments d’une étude sur les flux de réexportation : ces vins importés dans un pays où ils sont transformés (conditionnés, assemblés…) ou non (ne sont pas inclus ceux en transit sans entrée sur le pays) avant d’être expédiés vers une autre destination (les vins en simple transbordement n’étant pas considérés comme réexportés).
Faisant état de données peu exploitées, Giorgio Delgrosso a chiffré les réexportations de vin sur 2018-2023 à une estimation moyenne de 14 millions d’hectolitres pour 4,6 milliards d’euros par an. Soit 13 % des volumes et valeurs échangés sur la période, pour un prix moyen de 3,3 €/l (+2 % par rapport à la moyenne). Cartographiant les principaux hubs de réexportation avec ces données et l’appui du consultant espagnol Rafael del Rey, le statisticien de l’OIV distingue. Plusieurs typologies de pays réexportateurs.
Tour du monde du réexport
D’abord les commerçants européens du vin, comme le traditionnel Royaume-Uni (5 % de réexportation) qui exporte à la fois de faibles volumes de vins à forte valeur ajoutée (les grands crus vers Hong Kong) et d’importants volumes à petits prix (par exemple vers Taïwan). On trouve également dans cette catégorie le Danemark (18 % de réexportation, qui sert de carrefour vers l’Allemagne et ses pays voisins avec une majorité d’expédition en bag-in-box), la Belgique (29 % de réexportation, approvisionnant notamment la Grande-Bretagne depuis le Brexit) et les Pays-Bas (21 % de réexportation, qui prennent de plus en plus de poids vers le Royaume-Uni, la Norvège, la Belgique…). Sans oublier le cas particulier de l’Allemagne, pays producteur ayant une forte activité de réexport (16 %). Une double casquette que possède aussi l’Australie, réexportant des vins de Nouvelle-Zélande.
Viennent ensuite dans cette géographie de la réexportation les fournisseurs du marché russe avec les intermédiaires clés que sont la Lettonie et la Lituanie (respectivement 87 et 68 % de réexport). Puis les hubs asiatiques avec Hong-Kong (27 % de réexport, qui est une porte d’entrée vers la Chine continentale avec Macao) et Singapour (spécialisé dans le réexport de champagnes, notamment vers le Japon), mais aussi la Thaïlande (approvisionnant Birmanie et Cambodge). Et finalement les redistributeurs réexportant vers un seul pays : comme le Canada approvisionnant les États-Unis (avec une réexportation canadienne de 37 %, essentiellement en vin en vrac) ou l’Angola avec la République Démocratique du Congo (RDC).
Déjà complexe, le commerce international des vins gagne une nouvelle dimension avec cette cartographie des réseaux de réexportation, dont les carrefours sont des points critiques pour Giorgio Delgrosso, qui note que pour « éviter de mauvaises interprétations des dynamiques de marché », il est désormais nécessaire d’affiner les recherches sur ces statistiques.