enu d’Allemagne et distribué par l’ICV en France, « le Trubtube est un système innovant pour filtrer des petits volumes de bourbes de blancs ou de rosés, présente Renaud Denos, responsable du produit à l’ICV. Il s’agit de sacs en polymère de 250 litres, réutilisables et pesant moins de 1 kg, que l’on remplit de bourbes additionnées de perlite et que l’on presse pour en extraire des jus clairs ».
Sébastien Alban, associé du Château Juvenal, à Saint-Hippolyte-le-Graveyron, dans le Vaucluse, possède trois de ces poches depuis deux ans. Il vinifie 1 500 hl par an, dont 200 hl de vin blanc et 100 hl de rosé qui produisent 20 à 30 hl de bourbes. En 2024, il a pratiqué cinq pressurages dans son pressoir pneumatique de 24 hl pour récupérer des jus clairs dont deux avec trois Trubtube et trois autres avec deux de ces sacs.
« À chaque fois, il m’a fallu moins d’une heure entre la préparation des bourbes et le vidage des sacs une fois pressés. Il faut 3 minutes pour remplir un sac et une minute pour le fermer avec un Rilsan. Ensuite, le pressurage que je commande manuellement dure 15 à 20 minutes et le nettoyage des sacs, 5 minutes. J’ai récupéré 90 % de jus. C’est très rapide et facile. C’est peut-être lié au fait que j’ai des bourbes avec beaucoup de jus clair car j’arrête de soutirer les jus dès que j’aspire un peu de trouble », relate Sébastien Alban.
À la fin du pressurage, les sacs ne contiennent plus « qu’une poudre humide, constituée de perlite et de lies, qui part à la distillerie avec le marc, ajoute Sébastien Alban. Ensuite, les sacs se nettoient à l’eau en 5 minutes ».
Renaud Denos précise : « On ajoute 5 kg de perlite par hectolitre de bourbes et on homogénéise. Et si les bourbes sont très compactes, on peut ajouter en plus 2 kg/hl de cellulose. Puis on pompe le mélange dans les sacs posés dans le pressoir. Dès que le pressurage démarre, le jus s’écoule. On extrait tout en montant jusqu’à 1,2 bar de pression et sans avoir à faire tourner la cage. Le pressurage est terminé lorsqu’il n’y a plus de jus qui coule. Pour finir, on retourne les sacs pour les vider et on les nettoie au jet d’eau, après quoi ils sont prêts pour une autre filtration. »
Jean Pontaut, chef de culture et second de cave au Domaine Sainte Rose (34) et utilisateur de Trubtube, produit 2 200 hl par an. Juste avant les vendanges, il en a acheté cinq avec lesquels il a traité 80 hl de bourbes de blanc et de rosé : « Nous avons mélangé 200 litres de bourbes et 10 kg de perlite dans un bac avant de pomper le tout dans un Trubtube. Inutile de mettre davantage de perlite. Mais si on en met moins, le rendement en jus baisse. Puis nous avons pressé cinq sacs à la fois dans notre pressoir pneumatique de 80 hl. »
À la différence de Sébastien Alban, Jean Pontaut a lancé un programme de pressurage préenregistré d’une durée totale de 1 h 30, « avec un premier palier à 0,4 bar, suivi d’une montée de 0,2 bar toutes les 20 minutes jusqu’à 1,2 bar, pression que l’on a maintenue pendant 30 minutes », détaille-t-il. À l’issue de l’opération, il a récupéré 80 % d’un jus clair « à la qualité aromatique dense, supérieure à celle du jus de goutte ». Pour lui aussi le nettoyage est rapide, soit 15 minutes pour laver les cinq sacs. Quant au rétentat, il l’a épandu dans ses vignes.
Ravi de son investissement, Jean Pontaut souligne que le Trubtube lui permet de récupérer des jus de qualité pour un faible coût et de manière autonome : « Nous avons une variété de cépages avec des maturités étalées. De ce fait, nous sommes amenés à traiter plusieurs petits lots de bourbes durant les vendanges. Selon les années, cela représentait sept à huit filtrations sur diatomées, réparties sur cinq semaines, avec une moyenne de 10 hl par filtration. Avant, on les filtrait sur un filtre à terre. C’était compliqué. Avec le Trubtube, c’est bien plus simple. C’est la solution la plus efficace pour valoriser les bourbes dans les petites structures. Cette première année d’utilisation de ces poches ne sera pas la dernière. »
Sébastien Alban a lui aussi gagné en autonomie. Avant l’acquisition des Trubtube, il faisait appel à un prestataire de services qui venait avec un filtre à plaques. « La qualité des jus est identique, ajoute-t-il. Mais le Trubtube est bien plus avantageux financièrement. En 2022, pour filtrer 30 hl de bourbes, j’ai payé 771 €. C’est le prix de deux sacs que l’on peut réutiliser longtemps. Le seul inconvénient, c’est qu’il faut être deux pour les remplir : une personne dans le pressoir et l’autre à côté du bac pour commander la pompe. »
Ces sacs sont certes réutilisables, mais à condition de prendre quelques précautions. « Durant les vendanges, il faut conserver les sacs dans une solution de SO2 acidifiée pour pouvoir les employer dès qu’on en a besoin, insiste Renaud Denos. En fin de saison, il faut les laver avec de la soude et de l’acide citrique, puis les laisser sécher à l’air libre et les stocker dans un emballage hermétique jusqu’à l’année suivante. »
Trubtube est un sac de filtration dédié au traitement des petits volumes de bourbes de vin blanc et rosé. Durable et économique, il s’utilise dans tous les pressoirs pneumatiques. L’ICV qui le distribue en France indique qu’il y a déjà 200 exemplaires en circulation chez une quarantaine de clients. Un sac coûte 350 € HT, avec des tarifs dégressifs à partir de cinq unités.