menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / Castel accusé de "prédation" et d’"exploitation" du vignoble bordelais
Castel accusé de "prédation" et d’"exploitation" du vignoble bordelais
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Guerre déclarée
Castel accusé de "prédation" et d’"exploitation" du vignoble bordelais

La guerre est désormais ouverte entre le collectif Viti 33 et le négoce Castel, l’arrêt des négociations aboutissant à un communiqué annonçant l’utilisation du tribunal comme "une tribune pour dénoncer l'abus de position dominante" du premier négociant français.
Par Alexandre Abellan Le 11 juin 2024
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Castel accusé de
« Les blocages qui ont eu lieu cet hiver chez des négociants, distributeurs, rond points, entrepôts logistiques étaient le cri d'alarme d'une profession qui meurt. Le changement actuel du paysage girondin par les arrachages et abandons de vignobles en sont les symptômes silencieux » décrit le Collectif des viticulteurs 33. - crédit photo : Castel (photo diffusée dans sa lettre ouverte)
F

aute d’accord de paix ce début juin, la plainte d’avril dernier du négociant Castel Frères exigeant 100 528 euros de réparation aux deux syndicats agricoles (FDSEA et JA) et au collectif Viti 33 ayant manifesté devant son siège de Blanquefort en février poursuit sa vie au tribunal judiciaire de Bordeaux et redevient médiatique avec la publication d’un communiqué de presse ce 10 juin. « Si la plainte n'est pas retirée, le procès aura lieu et nous en ferons une tribune pour dénoncer l'abus de position dominante, l'exploitation de tout un territoire et de ses acteurs principaux » annonce le collectif Viti 33. L’association explique sortir de son silence après avoir « laissé le temps à la diplomatie et à la raison de s'exprimer » lors de négociations suivies par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et aboutissant sur un ultime bras de fer avec Castel (400 millions de bouteilles vendues/an pour 720 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le monde).

« Nous étions prêts à signer un communiqué stipulant qu'il était dommageable à l'image de Bordeaux que les familles composant la filière se cherchent querelles. Mais la formule retenue sans appel fut : "toute atteinte à l'image des négociants entraîne par là même une dégradation de l'image de Bordeaux". Nous pensons que de manifester un désaccord doit rester un droit inaliénable. Nous pensons que le Négoce, Tout Castel qu'il est, ne doit pas être plus protégé que la production » détaille le collectif, expliquant ainsi l’impasse des négociations. Castel ne souhaitant pas communiquer, sa version de l’affaire n’est connue que par des échos de négociants évoquant des syndicats agricoles n’étant pas fiables, validant un texte pour le dédire après et proposer une nouvelle rédaction.

Nous sommes des terres bourgeoises où les paysans et ouvriers habituellement souffrent en silence

« Si l'entreprise Castel n'avait pas été aussi arrogante, elle en serait sortie grandie » tranche pour sa part le collectif Viti 33, estimant que son action en justice est infondée dans la forme : « ce blocage était à l'initiative de la FDSEA33 et des CDJA33. […] Nous, collectif, n'étions pas organisateurs, n'avons rien dégradé et appelé à aucune dégradation. Notre président en la personne de Didier Cousiney présent sur la voie publique s'est même vu assigné personnellement. » Dans la forme, certes « parfois, il y a eu des épandages malheureux de fumier, de plastiques ou de pneus comme dans tout mouvement de foules. Ces débordements sont aussi habituels qu'inutiles et nous les regrettons » indique le communiqué du collectif Viti 33, rappelant qu’« autant de mouvements en Gironde est extrêmement rare. Nous sommes des terres bourgeoises où les paysans et ouvriers habituellement souffrent en silence. »

Dans le fond, le collectif note que l’action de Blanquefort s’inscrivait dans les manifestations agricoles du début d’année qui « ne furent que l'expression désorganisée d'une confrontation nécessaire, mais jusque-là impossible ». Et qui aboutirent pour le vignoble bordelais à « une réunion dite "historique" le 8 avril dernier avec pour la première fois l'ensemble de la production, des négociants et même de la grande distribution sous la présidence du préfet de région, Étienne Guyot. Le but étant de travailler enfin ensemble et non plus en contre des uns et des autres. » Se référant aux principes de Responsabilité Sociétale des Entreprise (RSE) revendiquées par Castel*, le collectif estime que la « notion de respect [des fournisseurs] ne peut s'arranger de pratiques de prédation de cette multinationale à l'encontre de la petite viticulture en proposant des prix inférieurs de 50 % aux coûts de production ».

Faire entendre notre voix et notre colère !

Dans sa lettre ouverte, Castel déclarait pour sa part avoir « décidé de maintenir notre choix de pratiques tarifaires qui valorisent les vins de Bordeaux, envers les viticulteurs, même si, nous le reconnaissons, cela reste lié à un contexte marché très difficile. Un choix qui, aujourd’hui, n’a pas été remis en question par nos partenaires. » Le premier négociant français annonçait « également le choix de nous retirer provisoirement de toutes les institutions de la filière des vins de Bordeaux, afin de faire entendre notre voix et notre colère ! Au-delà des viticulteurs, chaque membre de la filière, et tout particulièrement nos institutions, porte également une part de responsabilité dans l’image des Vins de Bordeaux et doit participer activement à la réhabilitation de l’image du Négoce. »

Mais « Castel n'a pas besoin de nous pour dégrader son image avec les multiples affaires déjà énoncées dans la presse » rétorque le Collectif Viti 33, en référence à l’enquête pour complicité de crimes contre l’humanité en Centrafique et aux anciennes procédures avec le fisc suisse.

 

* : Dans le rapport RSE 2023 du négoce, Philippe et Alain Castel, PDG et directeur général de Castel Frère, déclarent que « sur le plan économique, environnemental, social et sociétal, ensemble, avec nos équipes et nos partenaires, nous nous efforçons chaque jour de piloter et ajuster un développement qui soit à la fois pérenne, durable et profitable à tous. Avec pragmatisme, détermination et efficacité. »

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
augustin Le 12 juin 2024 à 22:42:59
Sommes heureux sur le terrain de lire les aveux de la confederation paysanne qui enfin sort de son silence depuis le 8 avril. Cette réunion tant attendue n à effectivement pas été suivie d effet ...et c etait prévisible puisque les sujets qui fâchent avaient soigneusement été retirés de l ordre du jour par les caciques du civb. Jamais ,jamais l intersyndicale n aurait du accepter que cette réunion se fasse ainsi récupérer par le civb . Jamais le préfet n aurait du être laissé tranquille et surtout il manquait autour de la table une catégorie de responsables qui auraient pu témoigner : les banquiers assureurs avocats, notaires ,experts comptables ,commissaires au compte, huissiers ,commissaires priseurs administrateurs judiciaires , les mandataires et liquidateurs juges commissaires ... Le tsunami arrive et on a continue a discuter du prix de l heure en Pédalo de demain ... on croit rêver.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Confédération Paysanne de Gironde Le 11 juin 2024 à 11:43:07
Nous constatons que le Collectif viti33 rejoint ce que nous avons exprimé dès la réunion du 8 avril et de la réunion de la "filière" qui a suivi à la Maison des Bordeaux : logique de "prédation" et abus de position dominante. A ce moment là, ces termes semblaient excessifs pour certains. Cette réunion "historique" du 8 avril a donc fait "pschitt ! " et il faut en tirer les conséquences. Le 8 avril, les présents ont donné mandat au CIVB pour trouver un mode de régulation légal des prix. La CP33 a joué le jeu pour ne pas être accusée de gâcher la fête. Castel s'en est chargé depuis. Depuis, il ne s'est strictement rien passé sinon la poursuite du désastre économique. Comme pour l'arrachage, confier les clés du camion au CIVB, c'est la garantie de l'échec. Après avoir refusé l'arrachage, le CIVB est allé négocier avec le ministre sur un chiffrage de 10 000 ha totalement déconnecté du réel. Faut-il encore laisser une institution hors sol parler au nom des producteurs ? Encore un effort camarades ! Une vie est possible sans le CIVB qui ne sert plus qu'à ponctionner des vignerons déjà en cessation de paiement ou à la veille de l'être. La peur du vide ne doit pas nous faire peur. De toute façon, avec les arrachages primés et non primés qui ont eu lieu, beaucoup d'appellations vont se retrouver avec une chute des surfaces et des volumes revendiqués. Les ODG se retrouveront eux aussi en cessation de paiement objective. Le système va s'arrêter et il est urgent de mobiliser les producteurs en dehors des institutions pour tout repenser.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDI COBALT Informatique
Ain / Allier / Ardèche ... - CDI PWP
Marne - CDD champagne Pierre Paillard
Hérault - CDI CASTEL FRERES
Alpes-de-Haute-Provence / Hautes-Alpes / Alpes-Maritimes ... - CDI BELLE VÉRAISON
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé