oup de feu ce jeudi 25 janvier dans le vignoble de Béziers. À l’appel de caves coopératives de l’Hérault, une manifestation spontanée a eu lieu en bloquant ce matin vers 8 heures les sites des Grands Chais de France (GCF) à la Baume et Castel Frères à Capiscol pendant une demi-heure. Des palettes ont été brûlées et du lisier aurait été déversé, mais il n’y a pas eu de vin vidé précise Martial Bories, le président de la cave de l’Occitane, fil rouge des contestations autour de Béziers (après l’opération des caddies de Noël). S’étant arrêté aux centrales d’achat de Lidl et d’Intermarché avec un déversement de marcs de raisin et des feux de pneus, le convoi serait constitué de 150 tracteurs indique Martial Bories, qui se dirige ce matin vers l’autoroute pour réaliser un barrage filtrant. Dans un communiqué, la préfecture de l'Hérault évoque « une manifestation d'agriculteurs non déclarée [avec un] cortège mobile rassemblant environ 80 véhicules (tracteurs et remorques) ».
« On se passerait de venir faire les cons avec des tracteurs » ajoute le viticulteur, pour qui dans le Midi « c’est la région vin où l’on coule le plus. C’est une catastrophe : on a encore le vin de 2022 et le 2023 ne se vend pas, alors que l’on est à six mois des vendanges. » En ciblant des négociants, les manifestants s’opposent à de nouvelles demandes de diminution du cours des vins : « on ne s’en sort pas, on ne peut pas » s’étrangle Martial Bories, qui soutient les demande d’arrachage et d’accompagnement social. Ses revendications portent également sur l’allégement des taxations sur « le GNR (Gazole Non Routier) bien sûr, mais notre préoccupation c’est la surtransposition administrative ».N’ayant pas pu participer à une mobilisation où les syndicats agricoles ne sont pas les bienvenus, Didier Gadea, le président de la commission viticole et viticulteur à la cave coopérative voisine de Montagnac regrette que « la question du prix et des revenus ne soit abordée que par la base, mais que les médias ne parlent que du GNR, des tracasseries administratives et des normes. Ces problèmes existent, mais si l’on avait du revenu, on les paierait sans souci. On met la charrue des revendications avant les bœufs du prix. »
Pour le syndicat agricole majoritaire, « nous devons encore être trop riches et trop nombreux dans ce département pour être unis » grince dans un regret Jean-Pascal Pelagati de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de l’Hérault (FDSEA 34), qui appelle à une manifestation en masse demain, ce vendredi 26 janvier à Montpellier : « il est dommage que l’on ne joue pas l’unité alors que nous sommes de moins en moins nombreux et que l’on est en train de crever ».


S’emballant dans les campagnes, le sujet anime également la classe politique. « J’apporte tout mon soutien aux viticulteurs et agriculteurs de l’Hérault » réagit la députée de la circonscription Stéphanie Galzy (Rassemblement National), pour qui le sujet est politique, avec le gouvernement, mais aussi Bruxelles : « devant la tragédie que vivent ces nobles professions, je ne peux rester indifférente, surtout à l’heure où une Commission Européenne déconnectée des réalités avec l’appui des macronistes et de leur chef de file Pascal Canfin, signe de nouveaux traités internationaux avec des pays comme le Chili, la Nouvelle-Zélande, des pays qui ne possèdent pas les mêmes normes que nos agriculteurs. Nous devons mettre fin à cette concurrence déloyale. Lorsque l’on constate le nombre de suicides dans ces professions, on peut affirmer que les décisions de la Commission Européenne sont criminelles. »
Pour Henri Cabanel, sénateur RDSE de l'Hérault portant la voix du vignoble ce jeudi à 14 heures lors d'une audition à Bruxelles « pour réaffirmer les propositions qui sont intégrées dans mon rapport déposé en mars 2021 au Sénat. Dans ce rapport, la première des préconisations était de déclarer l’agriculture comme cause nationale. Ce n’était pas un symbole » indique le viticulteur, pointant que « le bien-être en agriculture ne se décrète pas » et que « les réponses budgétaires apportées à chaque crise climatique ou sanitaire ne suffisent plus à apaiser cette colère et ce mal-être. »
L'un des tracteurs manifestant ce 25 janvier dans l'Hérault.