n grande distribution, la chute des ventes de vins tranquilles se poursuit : avec 8,2 millions d’hectolitres de vins tranquilles vendus sur l’année glissante s’achevant le 21 avril 2024, les commercialisations sont en repli de 4,5 % en volume et de 0,5 % en valeur d’après les panels Nielsen IQ. Pesant pour 45 % du chiffre d’affaires, les vins rouges continuent de dégringoler (-6,2 % volume et -2,8 % valeur), la tendance n’étant pas beaucoup moins négative pour les vins rosés qui représentent 29 % des ventes (-4,2 % volume mais +0,4 % valeur) et les vins blancs qui comptent pour 25 % de l’activité (-2 % volume mais +3 % valeur). Analyste consultant pour Nielsen, Yannis Chemlal explique la résistance relative du chiffre d’affaires par l’inflation et une légère montée en gamme depuis le début 2024.
Représentant 63 % des pertes de commercialisation, « les AOP souffrent le plus à -5,7 % en volume, lorsque les IGP et les vins sans qualité résistent mieux » (-4 % pour les IGP, -3 % pour les VSIG et -1 % pour les vins de la communauté européenne) analyse Nielsen, ajoutant que par origine, « toutes les régions sont logées à la même enseigne sur l’année fin avril 2024, les VSIG, Provence & Rhône résistent un peu mieux ». Dans le vignoble d’appellation, on enregistre comme baisses des ventes : -12 % en Savoie, -11 % en Beaujolais et Languedoc-Roussillon, -7 % en Alsace, -6 % à Bordeaux, -5 % en Bourgogne, -4 % en Corse, Sud-Ouest et val de Loire, -3 % en Provence et vallée du Rhône…
Dans ce marasme, une niche attirant toutes les attentions et intentions de diversification tire son épingle du jeu : « les vins sans alcool font 0,3 % des ventes de vins tranquilles en GMS et sont en croissance cette année de + 10 % pour 2,8 millions de litres et un prix de 4,75€/L » résume Nielsen, qui souligne que « les vins sans alcool améliorent leur performance rayon en hypermarchés et supermarchés avec un meilleur soutien promotionnel ». En hyper, les 4,5 références proposées en moyenne bénéficient d’un poids promotionnel de 15 % (+7 points), en super, les 2,3 références affichent 9,5 % de promo (+3 points). S’ils attirent de plus en plus l’attention, les vins partiellement ou totalement désalcoolisés restent dans une niche (moindre que celle des spiritueux sans alcool : 0,6 % des ventes du rayon spi).
Ce qui n’empêche pas cette niche d’avoir du potentiel de développement en cette situation de crise et de recherche d’autres débouchés. « Le vin désalcoolisé n'est pas la solution miracle. C'est juste une pièce du puzzle, certes (encore) petite mais indispensable » martèle sur LinkedIn Frédéric Chouquet-Stringer, le fondateur de l’agence de conseil et de commercialisation sans alcool Zenotheque, qui plaide pour une union de la filière poussant ces innovations sans alcool : « si le monde du vin ne s’occupe pas de produire des boissons sans alcool pour les adultes, d’autres le feront à sa place ».