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Trier la vendange 2023, "un travail titanesque" pour un gain qualitatif indéniable
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Témoignages
Trier la vendange 2023, "un travail titanesque" pour un gain qualitatif indéniable

Baies flétries, mildiousées ou encore pourries… Cette année, les vignerons ont dû trier minutieusement leur récolte. Une opération chronophage mais qui leur a procuré un gain qualitatif indéniable.
Par Pauline Orban Le 17 octobre 2023
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Trier la vendange 2023,
Trier les grains, ça prend vingt minutes par benne, mais c’est incontournable pour éviter les goûts de pruneau en fin de fermentation alcoolique », explique Emilie Roullé, du Chateau de Cruzeau dans le Bordelais - crédit photo : DR
«

 Des raisins séchés par le mildiou, des baies flétries, des morceaux de rafles, des débris de feuilles, des punaises et même des petits escargots. » Voilà ce qu’Émilie Roullé, la responsable vignoble du Château de Cruzeau, à Saint-Médard-d’Eyrans (33), a trouvé chaque jour dans le bac à déchets de son Tribaie. « Trier les grains, ça prend vingt minutes par benne, mais c’est incontournable pour éviter les goûts de pruneau en fin de fermentation alcoolique », argumente-t-elle. Et comme les grains gâtés étaient nombreux cette année, pas un des 42 ha de merlot et de cabernet-sauvignon du domaine n’a échappé au Tribaie.

Émilie Roullé nous explique le fonctionnement de l’appareil : « À la sortie du conquêt de réception, les grains sont repris par une sauterelle puis tombent dans le bac rempli d’eau sucrée du Tribaie. Le tri se fait par densimétrie. Au-dessus flottent les débris végétaux, les baies passerillées et celles touchées par le mildiou. Et au fond, tombent les baies intactes que l’on souhaite conserver. Un tri efficace à 98 %. »

"L'eau du bain changée deux fois par jour pour maintenir un tri optimal"

Émilie Roullé précise qu’elle a dû changer l’eau du bain deux fois par jour pour maintenir un tri optimal. « Avec les grains surmûris et éclatés, la densité de l’eau augmente très vite au cours de la journée. Dans ces conditions, on risque de ne plus écarter les baies flétries et échaudées. Des contrôles réguliers – visuels et gustatifs – du bac à déchets s’imposent tout au long de la journée. L’année dernière, le Tribaie servait surtout à séparer les baies en fonction de leur maturité en vue de les vinifier séparément. Cette année, il n’y avait que des déchets qu’on ne pouvait pas vinifier. On estime avoir perdu 3 % de la récolte avec le tri, mais, d’un point de vue qualitatif, le gain est indéniable. »

À Montagne, Mathieu Lalet, le maître de chai des Châteaux Grand Baril et Réal Caillou, se réjouit tout autant d’avoir pu trier. « Avec le réchauffement climatique et la liste des produits phytosanitaires qui s’amenuise, les millésimes sont de plus en plus propices au mildiou, constate-t-il. En 2018, des goûts de lierre et d’amertume étaient apparus aux deux tiers de la fermentation alcoolique. Ne pouvant prendre le risque que cela se reproduise, il fallait trouver une solution pour se débarrasser des grains de mildiou avant l’encuvage. »

Grâce aux aides de la région Nouvelle-Aquitaine, Mathieu Lalet a pu commander un Densibaie de Socma, ce qui lui a permis de trier ses 40 ha de merlot et de cabernet franc. « La machine tourne à 5 tonnes de l’heure et le tri est efficace à 90 %. En plus de trier les baies, le passage par le Densibaie permet de laver les grains et d’éliminer les résidus de produits phyto ainsi que la poussière accumulée en fin de saison due au manque de pluie », précise le maître de chai, qui se rappelle la quantité de terre et d’insectes déposée au fond de son Densibaie en fin de journée durant ces vendanges.

Un tri grain par grain pour éviter les mauvais goûts

Au domaine de la Chevalerie, à Restigné (Indre-et-Loire), Emmanuel Caslot, le propriétaire, utilise un trieur optique Pellenc depuis 2019. « Cette année, les cabernets francs étant très touchés par le mildiou, il fallait absolument trier les grains un à un, ce que fait un trieur optique, explique-t-il. On a même fait un double tri. La vendange est d’abord passée dans l’égrappoir Integral' Winery de Pellenc qui a éliminé une grande majorité des grains touchés par le mildiou. Puis le trieur optique a affiné le tri en enlevant les grains flétris et les baies roses ou vertes. » Un investissement de 150 000 € qu’Emmanuel Caslot ne regrette pas. « Grâce à ce tri, les vins n’ont aucun mauvais goût », affirme-t-il.

Toujours dans le Val de Loire, Rémi Cosson, vigneron certifié AB à Esvres-sur-Indre, a eu affaire à la pourriture acétique. Pour éliminer les raisins touchés par ce fléau, il a trié à la main tout son domaine de 4 ha de pinot noir. « Avec ma femme, nous sommes passés dans toutes les routes et avons coupé des bouts de grappes, voire des grappes entières qui étaient abîmées, avant le passage de la machine à vendanger. Cela nous a pris trois semaines à deux, entre mi-août et début septembre. Un travail titanesque, mais qui nous a semblé incontournable pour rentrer une vendange saine. Avec les chaleurs du mois d’août puis l’humidité, on a eu des attaques fulgurantes de drosophiles. Il a fallu éliminer plus de 20 % de la récolte. »

Malgré cela, Rémi Cosson a dû faire appel à un prestataire pour thermovinifier deux de ses cuves avant de lancer la fermentation alcoolique. « Les jus ont été chauffés à 60 °C pour être sûr que toute l’acidité volatile était brûlée avant la vinification », précise le vigneron.

En Provence, un autre domaine a l’habitude de trier mais, cette année, ce n’était pas pour des raisons sanitaires. « Nous avons trois trieurs optiques Delta Vistalys de Bucher Vaslin depuis dix ans, explique le directeur technique, qui souhaite rester anonyme. On vendange 500 ha en trois semaines. Avec les trois trieurs, on traite 25 à 30 tonnes/heure. Sans tri, on pourrait encuver 30 à 40 tonnes/heure. Mais on y gagne : sur la vendange rouge, on élimine les grains blancs, verts ou rosés pour éviter les goûts végétaux. Cette année, on a aussi cherché à éliminer les grains échaudés par la canicule du mois d’août. » 2023 a été partout un millésime de tri.

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