notre arrivée au Château Pape Clément ce 21 septembre, le personnel s’affaire autour de ses deux nouvelles lignes de tri et des caissettes de merlot qui sortent de la chambre froide.
« Jusqu’à présent, on louait nos lignes chez Banton Lauret, explique Jeanne Lacombe, directrice d’exploitation de ce grand cru classé de Graves, propriété de Bernard Magrez. Cette année, nous nous sommes équipés pour les vendanges. Tout le matériel vient de chez Socma, sauf le trieur optique Weco. À force de louer des lignes tous les ans, nous avons décidé d’en acquérir. »
Pour choisir ce trieur optique, Bernard Magrez s’est fondé sur l’expérience du Château Pape Clément. « Lors des trois derniers millésimes, nous avons utilisé le Delta Vistalys HD de Bucher Vaslin après l’avoir comparé avec le Selectiv’ Process Vision de Pellenc. L’an dernier, nous avons vu fonctionner le trieur Weco : il n’y avait pas photo ! », affirme Jeanne Lacombe. Convaincu, Bernard Magrez a acquis huit trieurs Weco chez MBO Vision pour ses domaines bordelais : deux pour le Château Pape Clément, deux pour le Château Le Sartre, et quatre pour le Château La Tour Carnet.
« Les réglages sont plus simples, plus ergonomiques et plus fins que sur les autres trieurs », précise Jeanne Lacombe, qui salue la qualité du tri aussi bien pour la vendange manuelle du Château Pape Clément que mécanique pour les propriétés des Graves. Et d’ajouter : « Le trieur, compact, s’adapte bien à nos lignes qui mesurent déjà près de 17 mètres. Il est facile à prendre en main : le 12 septembre, lors de la mise en route, nous avons vendangé quelques caisses de raisins de jeunes plants. Avec peu de réglages, nous avons très vite écarté les baies que nous ne voulions pas. »
Les deux lignes sont identiques : une personne retourne les caisses sur une première table de tri où six à huit ouvriers trient les grappes entières. Puis, les grappes passent dans un érafloir qui débouche sur la trémie vibrante Viniclean qui élimine les petits débris végétaux et répartit les baies de façon homogène pour arriver en monocouche sur le trieur Weco. Quatre caméras, étanches et indépendantes, les prennent alors en photo pendant leur chute à la sortie du trieur. En flashant les raisins lors de leur chute, et non sur le tapis, les caméras éliminent toute ombre néfaste, source d’imprécision.
Un logiciel analyse la taille et la couleur visible et infrarouge des baies pour écarter celles qui sont roses, vertes, grises, flétries ou trop petites. « Pour chacun de ces cinq critères, nous choisissons un nombre entre 5 et 100 pour définir l’exigence du tri, 5 étant le niveau le plus strict », explique la directrice d’exploitation.
Lors de notre visite, c'est Jean-Emmanuelly Trules, technicien, qui est affecté à ces réglages. « Je commence par une caisse test avec un tri drastique, détaille-t-il. Je regarde ensuite ce qui tombe dans la poubelle, puis dans le convoyeur, et je repasse les déchets s’ils contiennent des bonnes baies pour affiner le tri. Je procède ainsi pour les deux tables. Et je recommence l’opération pour chaque changement de parcelle et de cépage. »
Les baies indésirables sont éjectées par un jet d’air sous pression produit par une buse. « Il peut y avoir des dommages collatéraux, comme une baie qui en éjecte une autre, mais cela reste très rare », assure le technicien.
Plus intéressant encore pour Jean-Emmanuelly Trules : il a été formé pour déterminer et modifier les spectres qui définissent qu'une baie est rose, verte ou grise. « Le matin, je peux passer des baies pour lesquelles j’ai un doute devant la caméra et voir comment elles sont classées. Si je présente une baie que je trouve rose, je peux savoir si le trieur la classe également comme rose et modifier son réglage si nécessaire. On peut vraiment choisir ce qu’on veut jeter en présentant des baies indésirables à la caméra. »
Depuis le début des vendanges le 12 septembre, Jean-Emmanuelly Trules a pris ses habitudes et semble conquis par la facilité de la prise en main et de la réactivité de la machine. « Au début des vendanges, nous mettions les lignes de tri en route avec une demi-heure de décalage pour avoir le temps de bien ajuster les réglages du premier trieur avant de nous occuper du second. Maintenant, je ne mets pas plus de 5 minutes pour régler un trieur. Le fait que nos tables soient installées en “miroir” facilite aussi le travail », relate le technicien, qui peut intervenir sur les deux consoles et observer les deux bennes à déchets.
Et cette année plus que d’autres, le tri est important. Il suffit de regarder le seau à déchets pour le constater : on y trouve des petites baies, des débris de rafles, des baies vertes, roses foncées ou encore marron… Un vrai travail de précision. « De nombreuses baies ont été infectées par le mildiou, d’autres étaient flétries ou grillées en fonction de leur exposition tandis que dans certaines grappes compactes de merlot, des baies sont restées un peu roses au cœur », détaille Jeanne Lacombe. « Nous avons éliminé jusqu’à 6-7 % de la vendange issue des parcelles les plus abîmées », précise Jean-Emmanuelly Trules. Et seulement 1 % dans le meilleur des cas.
Autre bonne surprise : le temps de nettoyage dure environ vingt minutes. « C’est beaucoup plus rapide qu’avec les autres trieurs optiques. Les caméras sont bien protégées. Pour les nettoyer, il suffit de passer un chiffon sec. Le tapis, lui, doit seulement être rincé à l’eau puisqu’il est déjà nettoyé à chaque rotation par une raclette située en dessous. »
Quant au débit, il atteint jusqu’à 6 t/h, « un paramètre qui ne rentrait pas dans nos critères d’achat », précise Jeanne Lacombe. Un second modèle, avec un tapis deux fois plus grand et un débit allant jusqu’à 12 t/h, est également disponible. Pour s’équiper du 6 t/h, il faut se fendre d’un chèque de de 100 000 € HT au nom de MBO Vision, distributeur exclusif en France de Weco. Le prix de l’extrême précision.
« Nous sommes très satisfait de l’accompagnement. C’était notre grosse crainte », avoue Jeanne Lacombe, directrice d’exploitation du Château Pape Clément. « Le 24 août, on a eu une première formation pratique avec Mathieu Boudoux, gérant de MBO Vision, sur le trieur Weco du Château Latour-Martillac. Nous avons pris en main les grandes fonctionnalités de la machine : réglages, entretien, etc. Ensuite, Brian, le technicien de Weco venu spécialement des États-Unis, est venu nous former une fois sur les machines qui nous ont été livrées début septembre. Depuis, il est présent au moins une fois par jour pendant les vendanges. Il tourne sur tout le vignoble bordelais. Matthieu Boudoux est régulièrement présent pour nous accompagner. »