élèbre pour ses ventes aux enchères chaque mois de novembre, le domaine des Hospices de Beaune fait partie des mètres-étalons de la Bourgogne, avec ses 60 hectares répartis entre Côte de Beaune et Côte de Nuits et, de manière plus anecdotique, dans le Mâconnais et le Chablisien. Ainsi sa campagne de vendanges, achevée ce mardi 19 septembre, donne un bon aperçu du millésime 2023 dans la région.
« On a vécu une année en yo-yo, entre extrêmes climatiques et moments normaux », résume Ludivine Griveau, régisseur depuis 2015. La saison a commencé avec de bonnes nouvelles. « Nous avons échappé au gel, puis assisté à une impressionnante sortie de grappes, en nombre comme en taille». Très vite, l’objectif a été de réduire la charge. « On a ébourgeonné sévèrement, supprimé des branches à l’accolage, et même vendangé en vert sur 20 % des surfaces en rouge. Le domaine ne l’avait pas fait depuis 15 ans ! ».
Un beau potentiel, mais un mûrissement long et hétérogène. « La pluviométrie n’a été qu’orageuse, donc localisée, et la vigne s’est complètement décalée d’une parcelle à l’autre, parfois dans la même parcelle ». Encore plus avec les pinots noirs, dont « la fleur a été assez hétérogène». Résultat : « on a eu d’importantes difficultés à déterminer les dates de vendange. Et on trouve maintenant des profils de moûts très différents d’une parcelle à l’autre. On a l’impression d’avoir plusieurs millésimes en un ! »


Aux Hospices, le tri fait aussi partie des particularités de l’année, sur pinot noir en particulier. « La floraison hétérogène a laissé quelques baies rosées, les orages ont fait entrer un peu de botrytis, tandis que les pics que chaleur de septembre ont pu amener des flétrissures par endroits. L’ensemble a représenté énormément de tri, à la vendange puis sur table. » Conséquence : « Les rendements, qui s’annonçaient records, seront légèrement en dessous de 2022 ». Soit « autour des 45-47 hl en chardonnay, 43-45 hl en pinot ».
« Mais une fois trié, c’est du caviar », tient à préciser Ludivine Griveau. Et de détailler : « Si les degrés potentiels sont très disparates d’une cuve à l’autre, ils restent très intéressants, en moyenne autour des 13 % naturels. Nous n’aurons pas besoin de chaptaliser en blanc, et en rouge pratiquement pas. » Une bonne richesse en sucre associée à « des maturités phénoliques et aromatiques abouties». Ce qui promet des équilibres intéressants, d’autant que « les chaleurs de septembre ont peu dégradé les acidités », et que « les teneurs en azote sont suffisantes», laissant entrevoir « des cinétiques de fermentation facilement maîtrisables ». De bon augure à deux mois de la prochaine vente, prévue le dimanche 19 novembre 2023.