lors que la récolte s’annonçait très belle vers la mi-juillet, la météo capricieuse du mois d’août a changé la donne. L’impression générale des viticulteurs est que 2023 est une année où tout est hors norme : trop d’herbe au printemps, trop de poids dans les grappes, trop de pluie début août et trop de chaleur depuis début septembre. Excepté dans les chardonnays, la situation sanitaire des raisins se détériore. Plus ou moins vite selon les secteurs. En conséquence, le mot d’ordre de l’interprofession est : "Triez !"
« Nous ne sommes pas du tout dans la situation sanitaire de 2017, précise Sébastien Debuisson, responsable du pôle technique du Comité Champagne. C’est loin d’être la catastrophe. Nous avons la chance d’avoir un rendement agronomique très élevé, avec des grappes qui n’ont jamais été si grosses. Cela va nous permettre de trier. La pourriture grise, déjà ancienne, devrait être assez simple à identifier et à écarter. Le principal risque concerne la pourriture acide, liée aux grosses chaleurs que nous avons depuis dix jours ». L’interprofession recommande également de ne pas trop remplir les caisses pour éviter le tassement des grappes.
Avec ces températures élevées, la cueillette prend un peu plus de temps que prévu. Les équipes commencent souvent plus tôt et s’arrêtent vers 15 h.
Cette année devrait donc (une nouvelle fois) être une année à blanc. Dès le 7 septembre, les marcs atteignaient 10,1 ° à la coopérative du Mesnil sur Oger (Marne). « Nous n’avons pas de problème de qualité ou de rendement, commente en souriant Gilles Marguet, le directeur. Eventuellement des problèmes de main d’œuvre ou de caisses ! Les vins sont expressifs et la couleur des vins est bien marquée ».
Même satisfecit chez Sébastien Debuisson qui estime « qu’il y a beaucoup de fraîcheur dans les moûts, avec une acidité présente. Il n’y a pas d’arômes végétaux. Les moûts sont très bons. 2023 nous fait penser à l’année 2002, avec un phénomène de concentration de dernière minute. C’est de bon augure ! ».