menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / 🇫🇷 Jour d’insatisfaite nationale pour la vigne 🇫🇷
🇫🇷 Jour d’insatisfaite nationale pour la vigne 🇫🇷
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Y a pas phyto
🇫🇷 Jour d’insatisfaite nationale pour la vigne 🇫🇷

Stupéfaite du 14 juillet pour la filière vin, qui attend un soutien de l’État face à la volonté de la Commission Européenne de réduire de moitié les phytos d’ici 2035, quoiqu’il en coûte dans le vignoble.
Par Alexandre Abellan Le 14 juillet 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
🇫🇷 Jour d’insatisfaite nationale pour la vigne 🇫🇷
Stupéfaite du 14 juillet pour la filière vin, qui attend un soutien de l’État face à la volonté de la Commission Européenne de réduire de moitié les phytos d’ici 2035, quoiqu’il en coûte dans le vignoble. - crédit photo : Adobe Stock (rh 2010)
C

’est une petite phrase qui cause une grosse colère. Dans la récente étude d'impact du règlement SUR, sur l’utilisation durable des pesticides et leur réduction de 50 % d’ici 2023, la Commission Européenne fait passer par pertes et profits la chute des rendements viticoles, en réagissant par la minimisation à une estimation de chute de 28 % des rendements du vignoble français comme si ça n’avait guère d’importance (les baisses seraient aussi de -20 % en Italie et -15 % en Espagne). « Les impacts les plus importants sur le rendement [concerneraient des] cultures qui ont une pertinence limitée pour la sécurité alimentaire et animale, telles que les raisins, le houblon et les tomates » indique l’étude. De quoi alarmer le vignoble, qui se sent bien seul face à des impératifs ne prenant pas en compte ses améliorations passées et ses besoins d’accompagnement futurs.

« On ne peut pas considérer qu’un secteur n’est pas stratégique parce qu’il ne produit pas d’alimentation. On ne peut pas rester sur une étude d’impact où il est acceptable de sacrifier un pan de l’économie agricole » s’emporte Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Rappelant que SUR ne concerne pas que la filière vin, le premier vice-président de la FNSEA plaide pour la concertation : « on est dans la transition, on a besoin de politiques d’accompagnement, d’investissement, d’innovation pour des alternatives… On travaille tous dans la même direction : soutenir la recherche et l’expérimentation, arrêter d’interdire des matières actives s’il n’y a pas d’alternative (comme on a pu le voir en cerise et betterave)… »

Phytos sur la sellette

Le message a été envoyé au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, alors qu’il prépare « une nouvelle stratégie nationale en construction sur les produits phytopharmaceutiques », soit une révision du programme Écophyto pour 2030, comme annoncé ce 11 juillet lors du Comité d'Orientation stratégique et de Suivi d’Écophyto 2+. Si le gouvernement annonce la volonté de « préserver les filières françaises d’une distorsion de concurrence européenne et internationale : articulation avec la négociation du règlement SUR et la mise en place de mesures miroirs », le vignoble alerte sur les impacts de retraits de phytos qui mettrait la filière en difficulté (comme Métiram de zinc ou Folpel contre le black-rot, mais aussi la réduction des insecticides contre la flavescence dorée, sans oublier les herbicides avec le glyphosate).

Tout le monde est touché

Ces débats tombent à point alors que le mildiou tape comme un sourd sur les feuilles/grappes des vignes et le système des vignerons (notamment à Bordeaux, mais plus généralement dans le Sud-Ouest et dans des pans du Languedoc et de la Provence). « C’est une catastrophe sur merlot, les cabernet et les cépages blancs sont touchés, c’est du jamais-vu, partout où il y a eu ce climat tropical, chaud et humide » rapporte Éric Chadourne, le président de l’Interprofession des Vins de Bergerac et de Duras (IVBD), qui souligne que personne n’a résisté : « que l’on soit un vigneron moins vigilant ou plus strict, que l’on soit en bio ou que l’on utilise des phytos CMR (Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques), que l’on ait un atomiseur à gouttes droites ou un face par face, que l’on ait un grand ou un petit vignoble… il n’y a pas de jaloux, tout le monde est touché. »

« Le mildiou est l’ennemi public numéro 1 de la vigne. L’important est d’avoir les armes, même si on les utilise moins » témoigne le président de la Fédération des Vins de Bergerac Duras (FVBD). Pour le viticulteur de Pécharmant, « il y a un vrai souci dans le projet SUR, dans les limitations des AMM (Autorisations de Mise sur le Marché)… Petit à petit, ça rogne et on arrive peut-être à une point où il n’est déjà plus possible de cultiver la vigne à certains endroits. »

On a besoin de rendement

« Il faut pouvoir traiter et protéger les raisins » résume Éric Pastorino, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Provence (CIVP), qui témoigne de la chance du Sud-Est d’avoir été épargné par la sécheresse et arrosé copieusement : « mais nous avons désormais une pression mildiou fantastique. Des gens perdent de la récolte comme les produits sont moins adaptés. On a besoin de rendements : il faut l’assumer. Il faut arrêter cette hypocrisie française et européenne : se réjouir des performances export et taper sur les phytos. » Pour le président de la Fédération Régionale de vins AOC du Sud-Est, la question globale est de savoir ce que les gouvernants veulent faire d’une filière d’excellence : « c’est un sujet de ruralité pour le territoire. Il faut aussi parler d’économie : ça fait partie des bons exportateurs. Nous avons besoin d’un message clair des pouvoirs publics. »

Un éclaircissement pour les enjeux sanitaires au vignoble, mais aussi dans les moments de consommation. « On ne peut pas avoir un jour le président qui soutient la consommation responsable sur le salon de l’Agriculture et la première ministre qui après propose un durcissement, alors que la filière est précurseur en prônant la modération avec Vin & Société » regrette Éric Pastorino, pour qui « il faut se poser les bonnes questions pour la filière, mais aussi à l’Etat. On ne peut pas être les meilleurs à l’export et attaquer la filière. »

 

 


 

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Serge Regley Le 14 juillet 2023 à 16:24:46
Ces technocrates de Bruxelles sont tout sauf des agronomes. Il faudrait se retourner contre l?Etat qui fait appliquer des visions calamiteuses -par la prise en charge financière des calamités qui en découlent pour mettre l?Etat devant ses responsabilités économiques à chaque fois que les dispositions « environnementales » sont à la base d?un désastre agronomique.
Signaler ce contenu comme inapproprié
EGL Le 14 juillet 2023 à 12:39:12
Bonjour, il faut bien garder à l'esprit qu'effectivement le vin n'est pas un "aliment" de base donc stratégique pour la "sécurité alimentaire", même si c'est un produit culturel essentiel et une production importante pour l'économie de la France, de l'Italie et de l'Espagne. D'autre part le dérèglement climatique va bien faire baisser les rendements à long terme, en particulier en raison des hétérogénéités de maturation au sein même des parcelles, voire des grappes. Enfin on voit bien que des rendements très élevés ne sont pas justifiés s'il y a crise de production...Souvenons nous de l'histoire du Languedoc après le phylloxéra... C'est donc un discours réaliste, même s'il n'est pas facile à lire. Bon courage à tout le monde en ces temps de remise en question du modèle. De nombreux secteurs économiques subissent la même problématique. C'est là où plus de solidarité économique serait nécessaire à tous les niveaux.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé