près les votes ce vendredi 23 juin de l’assemblée plénière du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) et de sa section Organisme de Défense et de Gestion (ODG), le rendement à passer en chaudière est fixé à 10,45 hectolitres d’alcool pur par hectare (hl AP/ha) pour le millésime 2023 (distillé jusqu’au 31 mars 2024). Soit une baisse de 10 % par rapport à l’objectif de production moyenne à l’hectare fixé l’an passé (à 11,61 hl AP), en ligne avec le calcul des besoins de volumes à commercialisé de 894 518 hl AP à partir de la récolte 2023 (-9 % par rapport à 984 331 hl AP il y a un an).
Calculé par le Business Plan du BNIC, cet objectif de rendement revu à la baisse répond à un repli net des ventes depuis l’automne 2022, à -16 % en volume sur la dernière année glissante (et jusqu’à -30 % sur le premier marché export, l’Amérique du Nord). Le choc est d’autant plus marqué que Cognac vient d’enchaîner trois années de record d’expéditions (l'AOC exportant à 98 %). « Les chiffres parlent d’eux-mêmes, il y a un retour à la normale pour équilibrer des achats passés et équilibrer le stock sur les marchés » analyse Anthony Brun, tout juste réélu à la présidence de l’Union Générale des Viticulteurs pour l’AOC Cognac (UGVC, voir encadré). Plutôt confiant sur le long terme, le bouilleur de cru à façon de Saint Bonnet sur Gironde (Charente Maritime) note que les 10,45 hl AP/ha sont à comparer, et relativiser, aux 11,49 hl AP/ha fixés comme cap au début de la mandature 2020-2023 du BNIC.
Si le rendement à passer en chaudière représente l’objectif de production moyen pour l’ensemble du vignoble d’AOC Cognac afin de répondre aux besoins calculés par le Business Plan, un rendement commercialisable sera annoncé à la rentrée pour prendre en compte le potentiel agronomique de l’année. Et sa dispersion selon les terroirs charentais. D’autant plus que le millésime 2023 enregistre actuellement une pression mildiou conséquente, avec des dégâts localisés de grêle…
Actuellement, « il est impossible de faire un état des lieux » évacue Anthony Brun, qui voit dans cette baisse des rendements 2023 l’occasion pour le vignoble de reconstituer ses stocks de réserve climatiques. Une stabilisation après une succession d’aléas climatiques (grêle et sécheresse en 2022, gel en 2020…). Anthony Brun en est persuadé, « il faut faire de chaque situation une opportunité ».
Avec cette perspective de hausse des réserves climatiques, il va faire bon être fournisseur de cuves en inox ces prochains mois à Cognac. Les pépiniéristes devraient par contre voir leur activité se tasser. Une révision à la baisse du contingent de nouvelles autorisations de plantation se confirme, avec une annonce attendue à la rentrée selon les données statistiques plus précises, récentes et complètes. La présidence du BNIC sera renouvelée en fin d’année, avec la prise de fonction d’un négociant, qui succédera selon les principes de l’alternance entre production et négoce à Christophe Veral, bouilleur de cru à domicile à Sainte Sévère (Charente). « Notre interprofession fonctionne très bien » pointe Anthony Brun, qui relève entre les familles « une vision partagée. Et ce n’est pas un mot sorti au hasard, il a du sens chez nous. Nous partageons une même vision économique des perspectives de croissance. Ce qui se traduit par des investissements du négoce et du vignoble (3 à 5 000 ha plantés par an, avec plantations nouvelles et renouvellement). »
Les 54 membres du conseil d’administration de l’UGVC ont réélu Anthony Brun à leur présidence cele 22 juin. Ayant entamé son premier mandat entre deux vagues de crise covid, le vigneron aura aussi fait face aux menaces des taxes Trump, finalement suspendues. Un sujet toujours suivi par le BNIC (plaidant pour une sortie définitive des vins et spiritueux de ce conflit aéronautique entre États-Unis et Europe). L’un des axes forts du nouveau mandat d’Anthony Brun concerne la réduction de l’empreinte environnementale de la filière, notamment en réduisant les traitements phytos chimiques (pour privilégier biostimulants et biocontrôles, pas forcément bio). Un objectif soutenu par le maintien de l’objectif de 100 % du vignoble en 2028 sous Certification Environnementale Cognac (CEC) et le lancement de l’association Imagine Cognac pour porter la R&D de Cognac (qui s’insérera dans le nouveau siège du BNIC).
Cette élection clôt le cycle de renouvellement des instances élues de l’UGVC, après la désignation de 243 délégués et 26 administrateurs en mars, puis de 28 administrateurs en avril. Au final, 17 nouveaux membres rentrent au conseil d’administration de l’UGVC.