in de cycle durable ou simple moment de recalibrage ? Du premier juin 2022 au 31 mai 2023, les ventes de cognacs s’élèvent à 188,1 millions de cols pour un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros, avec une chute de 15,6 % des volumes pour une valorisation de +4,3 % par rapport à la précédente année glissante. Annoncées ce 14 juin par le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), ces statistiques commerciales étaient attendues par toute la filière charentaise qui souhaite connaître l’ampleur du repli en volume. « Cette tendance n’est pas une surprise, compte tenu du caractère atypique de l’année 2022, qui après un premier semestre de forte croissance a vu les expéditions de Cognac marquer le pas à partir de l’automne » analyse le BNIC dans un communiqué, rappelant l’enchaînement d’années de records à pour l’appellation exportée à 98 %.
« L’épisode que nous vivons depuis l’automne 2022, nous nous y attendions. Après des hauts records, nous sommes entrés dans une nouvelle phase » indique Alexandre Gabriel, le vice-président du BNIC. « La cyclicité dans le monde du Cognac, nous la connaissons, et notre métier consiste justement à savoir gérer et anticiper ces cycles » abonde Christophe Veral, le président du BNIC, pour qui « l’année 2022 comme une année atypique », entre période post-covid (avec des confinements persistants en Asie) et déclenchement de la guerre en Ukraine (causant instabilités logistiques et économiques), « 2023 est une année de travail et d’ajustements pour la filière et doit nous permettre de confirmer notre dynamique de croissance de long terme. Nos objectifs en la matière sont confirmés » rassure Christophe Veral.
Le BNIC annonce ainsi une mobilisation collective « sur les marchés [qui] vise à permettre un retour de la croissance d’ici début 2024 ». Devant être temporaire, la période de turbulence commerciale actuelle laisse en suspens de possibles évolutions à la baisse des rendements viticoles pour le millésime 2023 et du contingent de nouvelles autorisations de plantation pour 2024. Ces deux décisions sont attendues après l’été, notamment pour avoir nouvelles données économiques permettant d’affiner le Business Plan que l’interprofession utilise pour piloter la filière. « La fixation du rendement sera annoncée vers fin août/début septembre (avant les vendanges). Les demandes d'Autorisation de Plantations Nouvelles seront déposées lors de la réunion du Conseil de bassin qui aura lieu à l'automne prochain » précise le BNIC à Vitisphere.
La surveillance sera accrue les marchés nord-américains (États-Unis, Canada et Mexique), cette première destination export (avec 45 % des volumes) subissant une chute de 30,1 % de ses volumes et de 14,7 % de la valeur. Une situation qui s’explique aux États-Unis par « la conjonction de difficultés logistiques, de l’inflation, du surstockage et des augmentations de prix décidés par certains distributeurs indépendants » avance le BNIC. En Asie, les volumes sont stables en volume (+0,7 %), mais explosent en valeur (+29,4 %), faisant attendre la reprise du marché chinois maintenant que les restrictions sanitaires sont passées. En Europe, « les signaux sont contrastés selon les pays avec un ralentissement de -5,6 % en volume et +2,4 % en valeur » indique l’interprofession, qui met en avant l’émergence de nouveaux marchés, comme l’Afrique du Sud (devenue la cinquième destination avec +42,7 % en volume et +43,1 % en valeur).