aisant le bilan des cinq ans de sa Certification Environnementale Cognac (CEC) qui représente actuellement 10 % des exploitants viticoles (pour 20 % des surfaces charentaises), la filière cognaçaise change de braquet pour atteindre les 100 % en 2028 : se séparer de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). La double certification CEC et HVE ne sera plus l’objectif explique Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC), qui pointe des freins inhérents à la HVE.
D’abord une démarche multisectorielle pouvant être complexe en polyculture (arboriculture, grandes cultures…). Ensuite la mauvaise expérience de la réforme 2022 de la HVE, avec des changements de critères sans concertation ni anticipation satisfaisant le vignoble : « aujourd’hui on se retrouve potentiellement avec une certification CEC qu’on a liée avec un élément dont on peut voir changer les critères du jour au lendemain sans capacité d’y répondre. Ce n’est pas sécurisant » pointe Anthony Brun. Qui ajoute un élément décisif : si le CEC s’appuyait à l’origine sur la HVE, c’était en anticipation d’une obligation réglementaire de certification environnementale pour tous les vins sous signe de qualité : un texte jamais transposé, devenu caduc. De quoi saper toute raison de favoriser exclusivement HVE par rapport à d’autres démarches de développement durable : bio, Vignerons Engagés, Terra Vitis…
En cours de finalisation, la finalisation de la version 2 de CEC « reprend et confirme les exigences précédentes, en allant plus loin sur certains points, comme la partie sur la fumure » avance Anthony Brun, pour qui « notre rôle c’est de profiter de l’évolution de CEC pour mettre en avant l’effort collectif et les investissements des viticulteurs. Le visuel du vignoble a complétement changé en 10 ans en matière d’enherbement. » Une fois le dispositif adopté, le comité permanent du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) enverra une proposition d’équivalence du nouveau cahier des charges CEC avec le deuxième niveau de la HVE, qui ne vaut pas certification comme le niveau 3, mais permet de témoigner d’une base d’engagements. L’objectif pour le BINC est une mise en place en 2024 de ce nouveau CEC.
Plaidant pour une évolution progressive des pratiques sans à-coups, l’UGVC salue la création prochaine d’une association dédiée à la Recherche et au Développement (R&D). Financée par une augmentation des Cotisations Volontaires Obligatoires (CVO), cette association encore sans nom s’intéressera aux variétés résistantes (mildiou et oïdium), aux itinéraires techniques innovants du vignoble (comme 100 % biocontrôle) et des distilleries (par exemple avec les alternatives au feu nu)… « Aujourd’hui, nous ne connaissons sans doute pas la moitié des solutions que nous utiliserons demain : il faut les chercher » conclut Anthony Brun.