ression sur feuilles à Bordeaux. D’abord pression mildiou sur les vignes girondines, où tout le monde est sur le pont face à un climat demandant des cadences resserrées de traitement. Mais aussi réflexions sur la feuille de route de l’appellation régionale Bordeaux, à la croisée des chemins. Ce mardi 12 juin, le conseil d’administration de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) a planché sur les décisions à soumettre à l’assemblée générale se réuissant le vendredi 7 juillet prochain à Planète Bordeaux (Beychac-et-Caillau). Parmi ces propositions, la possibilité d’une augmentation des cotisations syndicales perçues au moment de la revendication en AOC (à différencier des Cotisations Volontaires Obligatoires, demandées lors de la commercialisation par l’interprofession, dont une part revient également à l’ODG).
Inchangées depuis 2002 pour les rouges et 2012 pour les blancs, les cotisations syndicales de l’AOC Bordeaux attendent depuis deux décennies des jours meilleurs pour être augmentées. Une relance qui se fait attendre, alors que les volumes revendiqués en AOC régionale ne cessent de baisser avec la succession d’aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse, mildiou…) et l’abandon de parcelles faute de repreneurs (au moins 2 000 hectares de friches). Une dynamique de décroissance des volumes qui devrait se poursuivre, entre la perspective d’arrachage sanitaire face au marasme commercial (9 500 ha) et le virage de la diversification pris par le vignoble girondin (de l’IGP Pays de l’Atlantique aux vins de France, en passant par les nouvelles AOC Entre-deux-Mers rouge et Médoc blanc... en attendant un Sauternes sec ?).


La baisse des cotisations inspire un besoin de petite augmentation résume Stéphane Gabard, le président de l’ODG, faisant état d’un ODG dont le modèle économique est taillé pour 60 000 ha à 50 hl/ha, alors qu’il s’approche de 50 000 ha à 43-44 hl/ha. « Depuis 2017, nous avons un déficit chronique quasiment chaque année » pallié par « l’utilisation des réserves » pointe le président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, qui souligne qu’« une structure n’a pas vocation à faire du déficit chaque année. Il faut équilibrer les comptes. » Ce qui pourrait passer par une cotisation syndicale calculée à l’hectare et plus à l’hectolitre, avec une revalorisation simultanée pour soutenir les actions et missions de l’ODG.
Si le conseil d’administration a voté en faveur d’une augmentation de la cotisation syndicale indexée à l’hectare, seule l’assemblée générale est souveraine rappelle Stéphane Gabard, qui proposera différentes options, du maintien en l’état (imposant des réductions de missions, comme la promotion ou le contrôle interne) à l’indexation à l’hectare (permettant de ne plus être dépendant des récoltes) avec des niveaux différents de revalorisation (selon la stratégie de maintien ou de développement des missions, alors que les aides de l’interprofession pour la promotion vont se réduire pour absorber les baisses de commercialisation et l’emprunt de l’arrachage).
Si ces augmentations de cotisation de l'ordre de 30 à 50 % se compteraient en centaines euros par exploitation, certains vignerons s’inquiètent d'une nouvelle charge en cette période d'inflation : « malheureusement beaucoup ont déjà du mal à payer leurs factures, ça sera pire avec cette augmentation. Quand on a un tonneau à 600 € et qu’on peine à la vendre, comment arriver à en vivre ? » glisse un vracqueur de l’Entre deux Mers. Pointant qu’il n’y a pas plus d’impayés, mais plus de facilités de paiement pour les cotisations syndicales, Stéphane Gabard relève que la cotisation syndicale de l’AOC Bordeaux serait « la moins chère de toutes les AOC girondines de très loin (4 à 5 fois moins chère qu’à Blaye ou Médoc) et quasiment moitié prix d’autres AOC régionales de France (comme les Côtes du Rhône) ».
En attendant que l’AG se prononce sur l’évolution de ces cotisations, et donc de l’action de son ODG, le projet de réhabilitation en centre œnotouristique de Planète Bordeaux est déjà suspendu sine die. Estimé à 4 millions d’euros avant la folle inflation des coûts de construction et la revalorisation des prêts bancaires, ce programme ambitieux n’est tout simplement plus d’actualité : la prudence amenant à le reporter indique Stéphane Gabard. Se chiffrant en dizaines de milliers d’euros, le coût des études préliminaires ne pourra pas être amorti sur 25 ans, mais passe en charge directe cette année, pesant sur les finances de l’ODG.
D’autres travaux restent cependant en cours, avec les réflexions sur la segmentation et les profils produits lancées par Stéphane Gabard. Encadré par le cabinet AOC Conseil, un groupe de travail réfléchit à des évolutions du cahier des charges pour les proposer à l’assemblée générale de février 2024. Sont la table des discussions la création de pét’nat’, l’évolution de la sucrosité, le profil des vins rouges légers, l’encadrement des vins désalcoolisés… « Le champ des possibles est vaste. Nous voulons être à la hauteur de nos ambitions » conclut le président de l’ODG.